vendredi, mars 30, 2007

Un leurre complexe

Le concept de l'égalité des chances, qui fait l'unanimité au sein de la classe politique raisonnée, à tel point qu'on peut parler d'idéologie pour le caractériser, a connu son heure de gloire pendant le deuxième mandat de Jacques Chirac, un projet de loi et un ministère étant consacrés à sa promotion. Or, on doit bien reconnaître qu'il est jusqu'à présent l'un des thèmes absents du débat d'idées que doit susciter un rendez-vous politique comme celui de l'élection présidentielle. On l'évoque sans jamais le nommer, au travers de la carte scolaire ou de l'ordre juste. Nicolas Sarkozy se mouille un peu plus en brandissant la discrimination positive comme panacée, ceci ayant au moins le mérite de nous sortir du débat sur l'école pour ajouter une reflexion sur le monde du travail. Mais on pourrait très bien penser aussi qu'on garantit mieux cette idée d'égalité grâce "tout simplement" à la non-discrimination en matière d'éducation et d'emploi. De plus, quand le candidat ajoute à cela sa suppression des droits de succession, on se demande bien dans quel sens il va: égalité des chances ou conservatisme social et transmission clanique des rentes?

En quoi consiste alors cette obscure égalité des chances? Elle réside dans un principe de justice intuitif, qui cherche à limiter au maximum, pour un individu, l'influence sur sa destinée des facteurs sociaux donnés à sa naissance. Ainsi, avec elle, une situation initiale socialement défavorisée n'est plus un handicap, et donc le succès ou l'échec au long de la vie reposent uniquement sur l'idée de mérite, ce qui paraît alors eminemment juste. En effet, seuls les choix personnels expliquent alors la réussite, et non plus les circonstances sociales. C'est donc fort séduisant, puisque l'avenir dépend de nous.
Il existe malgré tout une faille essentielle dans ce raisonnement qui fonde par exemple la conception de l'intervention de l'Etat aux U.S.A. Si on élimine les inégalités sociales arbitraires, on oublie en revanche en chemin les inégalités naturelles, tout aussi scandaleusement injustifiées. L'aptitude naturelle à convaincre, persuader, en usant de la langue comme d'une arme lors d'un entretien d'embauche n'est pas donnée à tout le monde. Elle est même largement héritée du milieu social duquel on provient: ainsi les enfants de professeurs sont-ils plus nombreux par exemple dans les grandes écoles que les enfants d'ouvriers, et il existe une corrélation entre le nombre de mots qu'on maîtrise et la probabilité qu'on a de se retrouver en prison. L'égalité des chances ne corrige donc pas l'inégalité non méritée des aptitudes naturelles, puisque celles-ci sont la plupart du temps acquises, et donc en lien direct avec le bain social qui nous entoure, et non innées. Au fond, ces aptitudes ne sont pas si "naturelles" que ça.

Croire que les individus sont déterminés par les décisions qu'il prennent pour mener leurs vies relève donc de l'acte de foi aveugle, puisque les circonstances contingentes de l'existence interviennent inexorablement à un moment. Et ça, peut-être que les candidats l'ont compris, ce qui expliquerait leur méfiance à l'égard d'un concept pavé de bonnes intentions.

jeudi, mars 29, 2007

L'usurpation

Avec cette appellation d'origine incontrôlée « candidat des maires », Schivardi jouait sur l'affectif qui lie le citoyen à son élu de terrain. La manœuvre a été dénoncée tôt par l'Association des maires de France et au lieu d'arrêter sa fraude, le candidat, pris la main dans le sac, l'a jouée « ravi », fanfanronnant que « ha ha ! C'[était] la meilleur publicité qu'on pouvait [lui] faire ».

Provocateur, il a maintenu sa position. L'AMF a lancée l'action en justice promise. Rien n'y a fait. Résultat, aujourd'hui, c'est la commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle (CNCCEP) qui vient mettre le holà. L'organe juridique a refusé sa profession de foi de candidat et l'affiche qui va avec. Il peut donc remballer son slogan, sa morgue et ses petits effets d'arrière-garde.

On trouve donc pour l'élection au plus haut poste des individus qui encore se fichent de tout. Ils font comme ça leur plaît point. C'est quand mêmee lui qui parle de nationalisation d'un trait de stylo ! Et hop ! Les services publics sont nationalisés. Et hop les banques ! Et tout ça, sans sortir un rond... On se retrouve avec les Bolchéviques de la grande époque. Fraude, manipulation, tentative de privation d'un état de droit inviolable et sacré, ... On est encore tombé sur un sacré numéro.

L'intolérance du milieu

On peut être né à Clichy-sous-Bois, avoir entre dix-huit et trente-cinq ans, et ne pas être de gauche.Mieux, on peut avoir un ancrage politique plutôt à droite.Mieux encore (sans toutefois voir dans ce comparatif de supériorité un quelconque jugement de valeur mais simplement l'indicateur d'une gradation), on peut même aller jusqu'à soutenir Nicolas Sarkozy, ce qui nécessite néanmoins de ne pas hésiter à se défaire d'un carcan de préjugés basiques et simplistes (on se demande d'ailleurs si ce ne sont pas là deux pléonasmes) dont la pensée unique propre à un milieu social lambda est coutumière.Ce cheminement intellectuel tortueux, qui cherche à faire sortir l'individu de ses sentiers politiques battus, paraît assez sain:peu importe au fond le côté atteint après avoir sauté la barrière, ou même le non-choix qui résulte de l'examen des deux pôles antagonistes, l'important réside dans l'enjambement lui-même, preuve indéniable d'un courage intellectuel bien affirmé,et même parfois physique.
Ces pensées simples m'ont été inspirées par le biais d'une personnalité au positionnement maintenant bien connu de tous:Doc Gynéco.Même s'il s'agit peut-être là d'un écervelé aux neurones rongés par l'alcool et la drogue pour certains, cet homme nous rappelle que l'expression "rappeur de droite" n'est pas à enterrer ad vitam aeternam sous la catégorie de l'oxymore.Certes, le bulletin qu'il glissera dans l'urne nous importe assez peu.Mais la vague d'intolérance qui a suivi son annonce de soutien à Nicolas Sarkozy, émanant notamment de ses anciens amis artistes du rap français, et qui a pris la forme d'un dénigrement total doublé d'un lynchage public envers sa personne, est une réaction proprement scandaleuse qui doit être soulignée.En effet, pour Joey Starr, Stomy Bugsy ou encore Jamel Debbouze, le Doc aurait trahi ses amis et ses engagements, et renié son passé au Minister A.M.E.R, puisqu'au lieu de "sacrifier des poulets" sur l'autel du refus de l'idée d'ordre, il s'est rangé derrière le symbole d'un Etat policier.Cette décision, trop sage pour être celle d'un artiste qui se doit de "revendiquer", de "représenter" comme ils le disent souvent, a donc été vivement critiquée et insultée par ceux qui ont jugé que Doc Gynéco était atteint avec l'âge par la bedaine et la frilosité.Mais qui, de celui qui reproduit le cliché banlieusard sans réfléchir au peu d'espace d'expression de soi qu'il donne à voir à une jeunesse qui l'admire, ou de celui qui cherche manifestement, par coup de pub mal calculé ou par authenticité de choix, à s'affranchir du moule grâce auquel il a pendant longtemps pu créer pour dépasser les clivages donnés par son milieu, qui de ces deux se montre le plus inventif et laisse le plus de place à l'espérance?
Certainement pas celui qui croit revendiquer un message mais qui s'enferme dans la contestation pure dès lors que quelque chose sort de son horizon de pensée.Alors pour ceux là disons le tout haut et sans crainte (même si le Doc a du recourir à un service de sécurité renforcé et qu'il ne dort plus vraiment sur ses deux oreilles depuis lors):il existe aussi des rappeurs "de droite", tout comme il existe une gauche caviar ou conservatrice et une droite réformiste ou "sociale".Ainsi, souvent, les clivages définis a priori meurent.Seul le prêt à penser politique a la vie dure.

mercredi, mars 28, 2007

La contestation de l'ordre

Des événements récents semble apparaître ce qui serait la nouvelle anarchie. Il y a quelques jours, c'était une directrice d'école qui s'opposait à l'arrestation - fortement inopportune - d'un sans-papier. De concert avec elle, des parents faisaient obstacle de leur corps. Mardi, c'est à la gare du Nord que s'est déchaînée une foule de profiteurs de cette pagaille générée par un simple contrôle qui a mal tourné.

Bannière commune : l'opposition à l'action de la police. En leur âme et conscience ils ont décidé que ça n'était pas juste. Alors de ce fait ils s'opposent, y compris physiquement avec les dérapages bien évidemment programmés. Autant l'anarchie repose sur la contestation pure d'une autorité, autant la nouvelle anarchie renaît avec les principes de notre société actuelle de consommation et de zapping, appliqués donc ici à l'autorité. On choisit les droits, les principes applicables en fonction des désirs - dur quand même de parler de conviction - et on agit, sans avoir l'autorisation de la société constituée à laquelle on appartient.

Appliquée à la présidentielle ça donne quoi ? Un candidat libertarien Bové qui se complaît à aller en taule, en bon martyr ou masochiste, parce qu'il théorise le devoir de désobéissance. Ça donne aussi Royal et ses jurys populaires, l'institutionnalisation de la contestation du pouvoir élu. C'est la légalisation de la vague suspicion avec en prime une mise au pilori. Et ça n'est pas tout puisque Royal a aussi inventé « l'ordre juste ». L'ordre juste, c'est tout simplement « mon ordre à moi que je considère comme le bon selon mes désirs personnels ». C'est donc la contestation de l'ordre établi et la négation de la possibilité pratique qu'il y en ait un.

Nous vivons en démocratie. Il semble aujourd'hui que la raison et l'expérience ont maintes fois prouvé la nécessité d'un ordre et son respect, par le biais de l'autorité qui l'applique.

mardi, mars 27, 2007

J-40

40, un chiffre symbolique. 40 ça a toujours été le chiffre d'un temps suffisamment long pour qu'un changement important s'opère. Il reste donc 40 jours de campagne. 40 puis nous connaîtrons la personne qui sera investie et raccompagnera Jacques à sa C6, personne qui restera sur le perron, maître des lieux pour 5 ans normalement.

Sarkozy candidat de la droite tient la corde pour le premier tour. Réaliser le changement du statut de candidat de la droite à celui de Président de la France sera plus dur pour lui que pour les autres. C'est pour ça que stratégiquement, le discours a évolué depuis déjà longtemps.
Royal pèche sur la teneur de son programme, ses errements et sa compétence. Elle n'a d'autre solution que de se fixer nettement. Établir un plan clair, sortir du flou. Pour la compétence en revanche, ça sera dur de rattrapper le coup. Elle n'a jamais vraiment répondu autrement que par l'argument de la féminitude pour enfoncer le clou le lendemain avec une nouvelle très étonnante surprise ou bévue.
Bayrou ne s'est pas remis de la question sur « l'après ». Il a le temps pour s'en relever. Néanmoins, la dynamique est rompue. Il est redescendu sur un palier dans les sondages et continue tout droit sans amorcer de remontée. Du coup, 40 jours c'est court pour lui, d'autant que le premier tour est dans seulement 26 jours. Le mouvement autour de lui s'estompe.

Bref, on ne peut pas encore prendre de paris sur l'ordre d'arrivée des deuxième et troisième le 22 avril au soir et donc on ne peut pas encore prédire le nom gagnant le 6 mai. Gageons qu'on pourra le faire bien avant l'annonce des résultats !

lundi, mars 26, 2007

Quand les ambitieux ravalent

De tous les possibles, l'élection présidentielle ne retiendra qu'un nom. Nécessairement, des candidats que nous trouvons sympathiques, intéressants et valables vont passer à la trappe. Évidemment, nous serons déçus pour eux et peut-être aussi du traitement qui leur sera réservé ou de la situation dans laquelle ils seront finalement.

Parmi les probables, un échec de Sarkozy signifierait une défaite cuisante, une blessure terrible pour quelqu'un qui prépare cette échéance depuis la précédente. Il se trouverait dans la situation de Chirac en 1988 voire pire. Il pourrait alors faire de l'opposition, parier sur l'échec et retenter le coup en 2012... à la Chirac ! Mais il n'aime pas ça. Il pourrait alors retourner au barreau (horizontal, à l'inverse de Chirac). Autre probable : Royal. Si elle perd, et quelle qu'en soit la manière, elle sera menée aux oubliettes. La meute n'attend que ça. Elle pourra peut-être espérer rester Dame du Poitou. Bayrou est le dernier Président potentiel. S'il échoue, il continuera la politique mais il ne pourra pas nous faire en 2012 le coup de 2007. Tout aura alors changé, le nouveau cycle ouvert sera déterminant en ce sens. Lui, comme Royal, n'a qu'une seule fenêtre de tir : 2007.

Reste Le Pen. Il ne sera pas Président. La question est de savoir s'il réussit sa sortie avec une qualification au second tour ou pas. À vrai dire, peu importe. Il n'a aucun mandat national, et ne vit en France que pour l'élection présidentielle. Sa non-présentation à la prochaine le fera donc pleinement disparaître quoi qu'il advienne. Quant aux autres, leur seule ambition et de jauger leur poids de minoritaire. Avec pour d'autres, l'amertume inévitable d'un score inférieur à 5 %. Villiers se souvient encore des comptes de résultat de 1995... Tellement enterré, il avait alors rangé son ambition pour 2002.

dimanche, mars 25, 2007

Le répertoire Laguiller

Étonnée ! Après que Royal a fait entonner la Marseillaise à la fin de son meeting, Laguiller s'est trouvée troublée. Tout autant d'ailleurs que l'étaient les pontes socialistes qui ne savaient pas trop quoi faire : la chanter ? ... ou pas ? Ils étaient bien évidemment gênés, eux qui sont habitués aux ritournelles faciles ou autres standards de chanteurs-artistes-de-gauche-engagés-dans-la-lutte et pour le dernier en 2002 : JJG, avec un Ensemble qui n'est pas sans rappeler le distingué slogan d'un Sarkozy en marche. Ils faisaient mine de ne pas connaître les paroles... Ségolène se range maintenant avec un Bella Ciao, issu de l'Italie socialio-coco-anti-fasciste, métré comme une chansonnette.

Arlette, elle, si elle aime Souchon, ne jure que par l'Internationale. En effet, si la Marseillaise a été un chant révolutionnaire, elle a surtout - ça c'est primordial - accompagné les guerres coloniales. On se demande s'il ne faudrait pas de suite l'abroger et la remplacer bien sûr par un autre chant révolutionnaire - et ceci dit sans ironie - bien français : l'Internationale. Et ce chant à parer de toutes les vertus internationalisantes des ouvriers se ralliant à l'oriflamme rouge de Saint Denis - si si ! Saint Denis ! - n'a lui pas été suffisamment souillé par les Soviétiques et autres organisations totalitaires qui ont écrabouillé dans le sang les velléités des peuples conquis, soumis, asservis au nom justement de cette lutte internationale.

... On a les yeux qu'on veut pour porter le regard qui voit ce qu'on exige et s'accomode mal de ce qui doit.

La surenchère à la bêtise

En cherchant à se disputer le bout de gras de l'"identité nationale", de peur de voir ce thème surgi d'on ne sait où glisser dans le camp adverse, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal rivalisent de propositions frisant le ridicule.

Ca a commencé avec la création d'un "ministère de l'immigration et de l'identité nationale", proposition de Sarkozy, donc forcément bruyante et source d'un incroyable et vain tintamare parmi tous ceux qui ont le droit de participer au débat politique de manière publique, c'est à dire médiatique. On ne se demande même pas à quoi servirait un tel ministère, quoique passe pour l'immigration, mais quid de ceux qui s'occuperaient de l'identité nationale ? Quel serait concrètement l'action de ces fonctionnaires d'un type nouveau ? Ils franciseraient à tour de bras les nouveaux venus, comme le propose Villiers ? Ils organiseraient des rondes dans tous les halls d'immeuble pour vérifier qu'on n'y égorge pas le mouton dans la cage d'escalier ? Quoiqu'il en soit, étonnante proposition que de manifester un tel attachement soudain à l'identité nationale quand on n'est attaché ni à la place de la France dans le concert des nations, si spécifique depuis de Gaulle jusqu'à Chirac-Villepin, quand on a des vélléités de revenir sur la séparation de l'église et de l'Etat, et plus globalement la séparation des pouvoirs, quand on se fait le chantre de l'"alignement" sur les autres pays au nom de la mondialisation... Vous avez dit double discours ?

Ségolène Royal propose elle que nous ayons tous un drapeau français à la maison. Posséder un drapeau, c'est un acte de patriotisme. Personne ne condamnera dans ces lignes le patriotisme, au contraire, les rédacteurs de ce blog sont attachés à la culture et au patrimoine français, et à son indépendance. Mais le patriotisme ne doit nullement être quelque chose d'imposé, ni même incité par l'Etat. L'idée Villieriste d'obligation d'aimer la France sous peine de la quitter est une des pires conneries proférées ces dernières années dans le débat public (c'est donc d'autant plus lamentable que Sarkozy l'a presque faite sienne) : voir comme nécessaire et indispensable l'existence d'un rapport affectif de l'individu à la nation est une conception proprement totalitaire du patriotisme. En régime démocratique et libéral, c'est un non-sens. Une triste confusion des ordres : l'ordre du politique et l'ordre de l'affect. Nous espérons donc que cette riche idée Ségolène tombera vite dans les oubliettes de la campagne.

samedi, mars 24, 2007

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vendredi, mars 23, 2007

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Un tic Sarkozyien qui en dit long

Vous l'avez peut-être remarqué, une des principales ficelles du discours de Sarkozy est de clamer le droit qu'a la France de faire ce que d'autres pays font. Les Etats-Unis pratiqueraient "l'immigration choisie" : pourquoi serions-nous les seuls à nous laisser envahir par la misère du monde ? Les banques centrales des grands concurrents commerciaux de l'Union Européenne pratiquent des politiques monétaires expansionnistes : pourquoi continuer avec cette aberration de l'Euro fort ? Les rivaux européens de la France pratiquent le dumping fiscal : pourquoi supporterions-nous plus longtemps cette pression insoutenable ?

C'est un vrai crédo : s'aligner, s'aligner, s'aligner. Mais pourquoi ? Le mimétisme est-il le seul destin de la France et de l'Europe ? Il est assez paradoxal de voir un candidat déclarer à tout va à quel point il croit que la voix (la voie) de la France est précieuse et unique, qui souhaite réhabiliter le patriotisme et l'identité nationale mais qui ne cesse de pointer du doigt tout ce qui fait que la France s'écarte du sillon tracé par les nations qui mènent la valse. L'esprit d'alignement n'est pas français Nicolas, replonge-toi dans les livres d'histoire.

Applique plutôt à la France le proverbe de Cocteau, qui déplaira certainement à tous ceux qui rêvent de voir la France devenir un autre pays, tous ceux qui pensent utile d'exalter la symbolique patriotique mais n'ont de cesse de vomir sur les valeurs républicaines : "Ce qu'on te reproche, cultive-le, c'est toi."

jeudi, mars 22, 2007

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mercredi, mars 21, 2007

Bayrou veut balladurer Sarkozy

mardi, mars 20, 2007

Rapports de force

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lundi, mars 19, 2007

Un thème oublié ?

C'était l'an dernier. Une longue série d'auditions avait lieu. Elles concernaient les acteurs de la tragédie d'Outreau et il s'agissait de faire comme un grand « casting à l'envers ». Quel raffût c'était. Toutes les chaînes en parlaient. Une catharsis télévisuelle voyeuriste pour nous purger du voyeurisme antérieur. Mais à l'époque non, c'était autrement mieux justifié. Les commentateurs n'hésitaient pas à affirmer que l'institution judiciaire serait un thème important de la campagne électorale de 2007.

Je sais pas vous mais moi je sentais comme un mensonge de plus. Comme si les Français étaient intéressés par le sujet... Évidemment, on peut user de pédagogie et les candidats parlent aujourd'hui aussi de ce qui est crucial pour le pays - comme le sujet de la dette - même si ça n'est pas excitant. Mais qui comprend quelque chose à ces histoires de parquet, de procureurs, de juge d'instruction, d'avocats du barreau, de juge d'application des peines ? Un an après, on le vérifie. Trouve-t-on un candidat préoccupé par le problème ? Il n'y a qu'à lire leurs programmes et les écouter parler. Cela n'apparaît pas. La justification avancée par les médias n'était bien qu'une justification honteuse pour pouvoir continuer le tapage.

Notre Justice est donc un sujet absent de la campagne. Mais je me garderai de trop m'avancer. Il a fallu que je parle de l'absence de Borloo pour qu'il fasse parler de lui tout seul !

Par delà droite et gauche - Chapitre premier

Le clivage droite/gauche est au coeur de la campagne. Principalement parce que François Bayrou entend aller par delà droite et gauche comme Nietzsche en son temps entendait aller par delà les conceptions traditionnelles du bien et du mal, et comme lui nous nous frotterons au difficile exercice de la généalogie du clivage. Mais pas seulement.

Ce premier chapitre s'attachera à résumer les origines de l'effritement des lignes structurantes du clivage aux yeux de l'opinion publique au cours des dernieres années, qui conduit à la situation actuelle de volatilité de l'opinion publique qui génère l'alternance et de poussée endémique des extrêmes et de l'abstention. Il s'agira donc d'un bref survol historique.

L'aveuglement classique qui consiste à voir systématiquement dans la période actuelle de la "nouveauté" entraîne un premier préjugé. Le brouillage des lignes de fracture dans la société tiendraient à la personnalité de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. C'est évidemment faux. De Gaulle, bien avant eux, puis Mitterrand et Chirac, par leur destin personnel, par l'ambiguïté et le caractère synthétique de leur action, ont contribué à faire éclater les blocs circonscrits.

Autre préjugé : L'échiquier politique tout entier s'est droitisé au cours des trente dernières années. La proposition inverse existe. Ceux d'un camp pensent toujours que l'autre est devenu dominant. La aussi, c'est faux. Il n'y a pas eu de victoire idéologique d'un camp sur l'autre. Des idées issues de gauche ont réussi à s'imposer à la classe politique entière, extrêmes exclus, et vice-versa. Ainsi, le fait que l'abolition de la peine de mort, la légalisation l'avortement, le RMI, le PACS, la progressivité de l'impôt sur le revenu soient des idées aujourd'hui incontestées à droite aurait pu laisser croire à une "gauchisation" de la société. Et réciproquement si on considère l'acceptation de l'économie de marché, de l'ouverture commerciale, de la lutte contre l'inflation et les déficits publics, la levée des tabous sur l'immigration et l'insécurité comme acquis par la gauche de gouvernement.

Ainsi, le clivage est moins net parce que, contrairement à une autre idée reçue, les camps ne sont pas hermétiques l'un à l'autre sur le long terme. Ils ne le sont que dans le feu des oppositions à l'assemblée nationale. Une idée peut passer d'un camp à l'autre, et s'imposer dans toute la société. Le dernier mot revient à Tony Blair pour qui "il n'y a pas d'idée de droite ou de gauche, il n'y a que de bonnes et de mauvaises idées". Le reflux des grandes idéologies, à l'oeuvre depuis le milieu des années 80, laisse la place à une vision de la politique comme pragmatique, presque unanimement partagée.

dimanche, mars 18, 2007

La scandaleuse manipulation Veil

Sortie de nulle part, Simone Veil est devenue la nouvelle star de la campagne présidentielle. La ficelle est tellement grosse qu'elle ne peut pas prendre. Quoique... plus c'est gros et mieux ça passe, n'est-ce pas ?
Voici la vieille dame, icone intouchable de la politique française, référence morale indépassable, parce qu'elle a connu Auschwitz et porté seule devant une chambre conservatrice et phallocrate l'avancée de la légalisation de l'avortement, qui est peut-être une des seules personnalités politiques à jouir d'une aura aussi large dans la société. Les seuls à s'être attaqués à elle ouvertement ont été les violents compères de Le Pen dans les années 70-80 (voir ici). S'attaquer à Simone Veil, c'est toucher au mythe, c'est se salir les mains.
L'UMP a donc lancé le train Veil foncer à toutes vitesses sur le bus au colza de Bayrou, et distiller des attaques de plus en plus vives pour obtenir des répliques adéquates et donc plus violentes. Bayrou a donc le choix entre tendre la joue gauche (ce qu'il devrait faire, en bon chrétien), et accepter de toucher à la madone de son camp.
Veil refuse d'admettre qu'elle est instrumentalisée... Qui y croit ?
Autre question. Quel sera le prochain procédé employé par l'UMP pour acculer Bayrou à des choix tels ? Je suggère à l'équipe de campagne de Sarkozy de s'offrir les services de Soeur Emmanuelle. Maintenant que L'abbé Pierre est mort, que Zidane est à la retraite, et que Veil est déjà usagée, c'est bien la seule munition restante dans le registre de l'intransgressable icone nationale.

Le ministère de l'imbécilité

Après Nicolas Sarkozy et son ministère de l'immigration et de l'identité nationale, association d'idées douteuse, voici François Bayrou. Celui-ci offre du lourd : le ministère des attentes de la société française. Vraiment n'importe quoi. On se prend à rêver que les candidats ne proposent pas du vent à longueur d'interview. La voilà la véritable attente de la société française.

Comment fonctionnerait-il ce ministère ? Il ferait des sondages ? Il ramasserait des cahiers de doléances ? D'ailleurs Ségolène Royal avait fièrement apporté hier sur le plateau de France Europe Express des « cahiers d'espérance ». Encore du pipeau. Mais à force, avec elle, on s'y habitue, c'est la championne du brassage de vent. On attend toutefois avec impatience la certainement cocasse contre-proposition Royal à la proposition-réplique Bayrou qui ne voulait pas rester en marge du premier candidat dans les sondages, à moins que ce ne soit pour mieux emprunter encore le sillon chiraquien, avec on le sait, le ministère de la cohésion sociale (qui avait lui au moins le mérite d'être dans l'esprit, avec presque 10 ans de retard, de la campagne contre la fracture sociale). Peut-être que cette proposition Royal réside tout simplement dans l'instauration de la VI République qu'elle vient de sortir de son chapeau aujourd'hui. Elle n'en avait jamais parlé avant, son pacte n'y faisait pas référence. Que diable ! Elle fera pour cela un « référendum populaire ». Comme si un referendum pouvait être fait autrement que par le peuple. C'est dire comme elle patauge...

Enfin, n'oublions pas que nous avons aussi eu droit en 1981 au ministère du temps libre... L'imagination est à l'œuvre aujourd'hui pour égaler les curiosités titulaires du passé. Ça sera encore un « machin » en plus.

samedi, mars 17, 2007

La raison écologique

La plupart des candidats ont signé le pacte écologique de Nicolas Hulot (sauf quelques extrêmistes pour des raisons tout aussi bêtes qu’ils sont stupides) et donc la première des propositions (et la plus discutable aussi) : « Mettre l’environnement au cœur de l’État avec un Vice-Premier ministre chargé du développement durable. » Qui pourrait remplir ce rôle ?

Pour Sarkozy, il paraîtrait, selon des sources vertes, que ce serait Juppé. C’est vrai qu’il est revenu du Canada avec ce thème sous son bras. Il remplit les conditions de connaissances du fonctionnement de l’État que Hulot demandait. Mais pour ce qui est de la volonté d’action… Bayrou à un Vice-Premier ministre tout trouvé : Corinne Lepage. Juriste compétente, ancienne ministre, elle est animée de la foi nécessaire. Royal devrait sûrement se trouver un Vert pour cantonner le partenaire de gauche du PS à son rôle habituel (les Verts apprécieront…) à moins qu’elle ne confie ce poste, voulu poste-clé par Hulot, à quelqu’un du crû (on connaît son mode de décision maintenant, grâce au félon Besson).

Enfin, ne parlons pas si vite de nominations, d’autant qu’on n’est précisément pas sûr que celle-ci ait lieu.

vendredi, mars 16, 2007

La raison romantique

« Mais une autre question se pose : la France se conçoit-elle encore comme une civilisation ? Sait-elle que la littérature a joué un rôle central dans la constitution de son identité ? Non. Elle l’a oublié. » (Alain Finkielkraut à propos de l’identité française) Avec une telle piqûre de rappel, on fait immédiatement le lien ! Quel emblème pour la littérature française ? Le roman bien sûr !

Alors oui, oui aussi, la science et la raison font partie de l'histoire de cette civilisation française. Mais il ne faut pas croire à un appel à la raison en politique. Dominique Strauss-Kahn en a fait les frais. Effet érectile nul assuré... En revanche, Ségolène Royal a réussi dans la primaire socialiste dans une histoire dont on pourrait faire un roman. Et tiens, en passant, qu'a-t-on dit de Mitterrand ? Que sa vie était un roman.

Et donc ? Posons-nous la question pour le scrutin qui vient. En lice pour le Goncourt :
- Une femme à la conquête du pouvoir contre les hommes
- Le fils d'immigré redonne envie aux Français
- Le paysan béarnais fait trembler les pouvoirs établis
Déjà, le premier est un remake. Ça passe moyen. D'autant que peu en France refusent une femme au pouvoir. La campagne nationale est bien moins misogyne que l'interne au PS. La sortie de ce livre marque un temps de retard. Has been.
Le deuxième paraît alléchant. Sauf qu'au lieu de jouer dans le thème du livre suivant, il évolue dans la pénombre inquiétante d'une longue attente.
Reste le petit Poucet qui résiste et lutte contre les grands méchants ogres. Rien de plus populaire que ce filon-là. La palme revient donc au paysan béarnais. Félicitions à celui qui a su faire de sa démarche somme toute assez banale et tout particulièrement raisonnable une véritable épopée. Un tour de force à saluer.

Murs pour la dictature ?

J'honnis habituellement les procédés rhétoriques puérils et irrésponsables qui consistent à conférer une dramaturgie à une attaque contre un adversaire en amalgamant celui-ci à quelque chose relatif aux pires totalitarismes, du type : "c'est un procédé stalinien !", "on n'avait pas vu ça depuis Vichy", "Hitler n'aurait pas fait mieux !". Sans conteste, ce type d'interjections relève davantage de la joute verbale de cour de récréation que de l'intelligent débat ; il n'empêche, les débats télévisés en regorgent.
Mais au sortir de l'enregistrement d'"On est pas couché", le talk-show nocturne de Laurent Ruquier, un arrière-goût de totalitarisme m'habite, et l'inquiétude qui en découle. Passe encore que l'émission soit montée de toutes pièces, que nulle place soit faite à la spontanéité, à la créativité, tous placés sous le joug du calcul et de la planification stricte. Passent encore les faux fous rires de deux "comiques" manifestement écrits sur le script de l'émission. Passent encore les prompteurs, les coupures au montage, et autres "trucs" de la télé.
On peut accepter tout ça parce que la télé, ce n'est que du spectacle, de l'irréel, de la fiction, y compris lorsqu'on veut donner l'impression de la spontanéité. Rendons -au passage- hommage à Jean Baudrillard, qui théorisa bien mieux que moi cette irréalité.
Ce qui ne passe pas, c'est que tout soit faux, jusqu'au public. Le spectateur assis dans la salle est placé sous la responsabilité d'un chauffeur de salle, qui lance les applaudissements, les "oooh", les "aaaah", y compris les "uuuuuh" (lorsque le nom de Sarkozy est évoqué), mais aussi les bras levés qui se balancent lorsqu'une chanson passe, etc. Que la scène soit fausse, c'est sa définition (quoique par le passé, il y eut de vraies émissions en direct faisant la part belle à la spontanéité, merci Polac). Mais que le public soit lui aussi un élément du décorum artificiel, par le double effet de la manipulation de la production et du mimétisme imbécile des foules, on s'approche là du totalitarisme. J'ai vu ça, j'ai pensé qu'on était en France, et j'ai pensé aux hordes de pleureurs faussement abattus le jour des obsèques de Kim-il-Sung. J'ai pensé que les gens présents dans la salle, moutons dociles et grégaires, s'accomoderaient finalement bien d'une dictature charismatique comme il y en eut dans l'histoire. Ce furent les pires. J'ai eu peur...

jeudi, mars 15, 2007

Du sexe faible en politique

L'étendard du genre est apparu à quelques rares occasions au cours de cette campagne, manifestement presque toujours agité par la candidate socialiste. À tort ou à raison ? Il ne nous appartient pas ici de trancher, même si certains éléments, depuis sa « horde » jusqu'à la société toute entière, en passant par le monde masculin (et donc cruel) de la politique, peuvent sans doute abonder dans le sens d'un système encore très patriarcal, où l'homme est dépositaire de l'autorité au sein de l'entité familiale, et par extension seul préposé aux affaires de pouvoir.
Mais disserter sur l'aptitude des mentalités à recevoir un changement de sexe est une véritable gageure sociologique : il semble plus aisé de saisir la relation, si il y a lieu de la faire exister, entre pouvoir et féminité.
À cet endroit, la période de discrédit à l'égard des compétences de Madame Royal, qui paraît se prolonger, est un apport éclairant d'une confusion qu'elle a voulu faire naître : si on lui a fait tant de procès, c'est qu'elle a été victime d'une conjuration ourdie par le genre opposé, peu enclin à accepter sa différence. Mais l'imbécillité (subst. fém.) de ses prises de position n'était elle pas, quant à elle, unisexe ? Plus profondément, sa posture présidentielle, plus que maternelle pour certains, est aussi source d'agacement : se montrer doux, compatissant, caressant parfois, le pouvoir n'y serait pas habitué. De même pour sa volonté, si peu dissimulée, que ce soit en voyage diplomatique ou lors d'un débat dit participatif, de contenter et rassurer tout le monde. Mais encore une fois, répondre par la négative n'est pas l'apanage des papas, et une maman, aussi, sait dire non quand il le faut. Aussi faudrait-il ici remarquer que l'autorité semble se moquer du sexe de ceux par qui elle est incarnée ; elle est aveugle face à la blancheur du tailleur ou la noirceur du costume, l'essentiel résidant pour elle dans le for intérieur de ceux qui les portent : en peu d'adjectifs, courage, force d'âme, résolution, confiance ou même « croyance » en soi sont les maîtres mots de la relation entre individu (maintenant sans sexe) et pouvoir. Face à ces vertus du pouvoir, le peuple ne se trompe pas et lit à l'intérieur des candidats au titre suprême grâce à une intuition inquisitrice qui fait tomber les masques vertueux aussi vite qu'on a pu s'en draper.
Un bémol existe cependant à cette neutralité sexuelle de l'autorité, trop parfaite pour être sans faille : celles qui ont touché au graal du pouvoir se sont instantanément masculinisées, ou étaient déjà ainsi par ailleurs. Merkel, Thatcher, mais même Bachelet, Alliot-Marie ou Clinton, ne sont en effet pas des modèles de féminité, ou du moins ce n'est pas comme cela que l'histoire les a jugées ou les jugera. Dans Madame Royal réside donc de fait cette nouveauté, presque inconnue jusqu'alors, d'une féminité revendiquée jusque dans son patronyme. Cela fonctionnera- t-il pour Madame Hollande, euh Royal ? Le doute persiste à la croisée des sexes. Comme le fait remarquer Machiavel : « Ce qui peut faire mépriser, c’est de paraître inconstant, léger, efféminé, pusillanime, irrésolu, toutes choses dont le prince doit se tenir loin comme d’un écueil, faisant en sorte que dans toutes ses actions on trouve de la grandeur, du courage, de la gravité, de la fermeté »...

Encore de la bassesse

La semaine dernière, un triste maire d'une piètre commune a mis sa signature de parrainnage pour l'élection en vente aux enchères. Voilà où est la démocratie. Un acte public échangé contre de l'argent, association d'idées de triste mémoire. Mais ça ne pose pas de problème pour le commercial qu'est André Garrec. Il réalise là une impressionnante caricature.

Cet exploit d'avilissement démontre une double misère : celle de ce processus d'écrémage lourdement sujet à polémique (et qui permet à Le Pen d'obtenir de Sarkozy un geste incroyable alors qu'il avait probablement déjà les 500 signatures puisqu'il est allé déposer son dossier au Conseil constitutionnel hier, c'est dire son assurance) et celle du financement de nos communes avec une pêche aux subventions auprès de collectivités - y compris l'État - lourdement endettées.

Tout s'est finalement résolu par la signature d'un chèque de 1 550 € par Rachid Nekkaz (qui espère être candidat) dans le studio-même de LCI, lieu de transparence démocratique. Après quoi le maire a remis son formulaire de parrainnage et Nekkaz l'a publiquement déchiré par souci d'honnêteté. Le 2007oscope salue ce geste. Que dorénavant les choses rentrent dans l'ordre.

mercredi, mars 14, 2007

La bassesse

Après le retrait de Chirac, beaucoup ont établi son bilan. Eh bien sûr, il était mauvais. « Ouhlala qu'il est pas bon le bilan de Chirac. Bouh ! Tout pourri, riquiqui ! Vraiment faiblard, symbole de son impuissance, de la sécheresse de ses idées, de la molesse de sa volonté. Non, Chirac, il est sympa ! Il est connu pour ça... heureusement qu'il est sympa d'ailleurs. »

Je n'ai que mépris pour ces considérations. Que les commentateurs minables à qui pouvoir inspire respect soient foudroyés sur le champ. On a glosé sur la monarchie républicaine. Et alors ? Chirac aura été le plus accessible, le moins monarque de tous. Au lieu d'envahir le champ de l'action, il a laissé sa place à chacun (on sait combien il a mal vécu ses années à Matignon avec des Présidents insupportables à son égard). Oui mais voilà, il y a des grincheux qui n'aiment pas le flottement et qui veulent un patron absolu (que n'ont-ils pas dit sur le CPE). Chirac, c'est le Louis XVI de la Vème. Celui dont le comportement ne méritait absolument pas une révolution mais qui la prend en pleine face parce que justement il n'est pas assez autoritaire. Et puisque l'on vient à parler d'histoire que Jacques connaît à sa façon (à l'aune de la vie des civilisations), il faut dire qu'il se fiche de la place qu'il aura.

Simplement, aux moqueurs de ses trois grands chantiers présidentiels sur le cancer, le handycap et la sécurité routière (ces fameux chantiers qui ne seraient pas à la hauteur), j'oppose des projets humanistes : la vie contre la maladie, la vie contre une société discriminante qui exclut, la vie contre l'accident. L'affaire irakienne ? Un espoir de paix humaniste. Ses relations interpersonnelles chaleureuses ? Image là aussi sincèrement humaniste. Le musée du Quai Branly ? Une ode au respect des populations. Voilà la philosophie Chirac. Mais personne ne peut arriver à la décrire, non ! Les journaleux sont déjà tournés vers d'autres sujets de pouvoir pour qui ils pourront s'incliner, s'incliner toujours plus bas.

mardi, mars 13, 2007

Retour sur le PS 2 - Dédié aux brebis égarées cherchant le salut

Oui, l'effet Ségolène retombe. Royal n'atteint plus les hauteurs qu'elle franchissait allègrement dernièrement. Bien évidemment les éléphants du Parti socialiste s'en réjouissent. Vu qu'elle leur a pris leur place et qu'elle les a vigoureusement maltraités, on comprend tout à fait qu'ils souhaitent qu'elle se plante et qu'elle disparaisse. Et Hollande avec si possible ! Après tout, il compte quitter la direction. S'il y a défaite, il ne sera pas ministre - ce qu'il n'a jamais été - on l'oubliera un peu...

Qu'elle se ramasse, d'accord ! Mais au second tour ! Ça serait acceptable. Mais Bayrou la suit à la trace dans les sondages et bousculant tout sur son passage, il vient remettre en question sa participation au second tour... Cataclysmique ! Qu'elle se plante oui ! Mais qu'elle ne plante pas le PS ! La non-participation de ce grand parti de la gauche modérée au second tour de l'élection présidentielle pour la deuxième fois consécutivement serait irrémédiable. Preuve d'une grande incapacité et d'un déphasage magistral d'avec le peuple.

Alors, ils acceptent finalement de venir à sa rescousse pour accomplir un service minimum. Juste de quoi la maintenir au second tour et avec ça la capacité de l'outil « PS » à leur servir pour 2012. Mais pas suffisamment pour la voir gagner. Manquerait plus qu'ils la fassent réussir pour qu'elle les méprise ensuite ! Mais ce retour des poids-lourds qui sonne comme un aveu de faiblesse plombe Ségolène pour beaucoup d'électeurs. Naît alors l'idée dans l'opinion d'une explosion du PS que certains, même ici, viennent à espérer.

PS (sans jeu mot aucun) : Voici une brebis qui cherche son parti égaré...

Retour sur le PS 1

Royal rame bien en ce moment. Ses bourdes l'ont défraîchi, ses errements programmatiques et son rappel aux caciques du parti ont fini par lui faire perdre ces atouts qui séduisaient une partie substantielle de l'électorat. À cela, la stratégie efficace de François. Voilà Ségolène en difficulté. Il faut reconnaître qu'elle n'a pas de leadership. Toute la construction de son ascension récente s'est faite en dehors du parti. Contre lui parfois. Elle se retrouve donc, malgré la désignation en porte-à-faux. Revenons aussi sur cette désignation. Elle a eu lieu trop tard, beaucoup trop tard. Et ce processus castrateur au possible élaboré par Hollande qui l'est peut-être aussi.

Bref, Ségolène est mal née, elle le paie aujourd'hui. Mal née politiquement, cela va de soi. Le fait qu'elle est une femme ne rentre pas en ligne de compte, pour personne d'ailleurs. Et c'est d'ailleurs tant mieux. Heureusement que l'on ne nous en fait pas (enfin plus) tout un plat. Que Royal soit candidate, et que dans le fond, il n'y ait aucun engouement particulier pour le caractère exceptionnel que c'est une femme montre bien un désintérêt pour la question. Désintérêt qui atteste que c'est « normal » et que ça ne pose pas de problème pour la société française.

dimanche, mars 11, 2007

Un quiquennat pour la France

C'était, ce soir, la fin du Président officiel. Jacques Chirac a donc annoncé - et le plus tard possible - qu'il ne se représenterai pas. On peut dire qu'il l'a fait le plus tard pour qu'il soit, pour lui, Président le plus longtemps. Certes. Mais il l'a aussi fait pour la France. Premier Président élu pour un mandat de cinq ans, il devait assumer cette réforme qu'il avait voulu en marquant immédiatement cette nouveauté par une pratique exemplaire. Il disait le 14 juillet dernier : « M. Poivre d'arvor, lorsque nous avons fait la réforme du quinquennat - et je l'ai approuvée -, on n'a pas dit que l'on allait rester pendant un an à ne rien faire en France ». Il revenait encore à la charge en septembre.

Cette annonce est la seule chose intéressante pour le présent. Il a aussi énuméré ses actions, on les connait. Puis, il a, en toute fin, eu cette phrase que personne parmi les analystes n'a relevé : « Cette France qui, croyez-moi, n'a pas fini d'étonner le monde. » Eh bien, je crois qu'il faut s'y attarder. Elle montre bien qu'au fond d'elle, la France est libre et indépendante, qu'elle ne se mettra pas au pas d'un quelconque ordre mondial auquel elle n'aura pas participé à la construction. Les Français ne pourront pas se reconnaître dans des candidats qui n'ont pas compris cela. Et curieusement, il y en a, et plutôt bien placés. Ceux-là ne feront pas de quinquennat pour la France.

« Conséquences du 21 avril »

Ça n'a été que trop rabâché : Nicolas et Ségolène sont ceux qui dans leurs camps ont tiré les leçons du 21 avril. Mais quelles leçons au juste ? Ils incarnent (heureusement) le changement, et surtout dans leur propre camp, surprenant souvent : Ségolène et ses déclarations tape-à-l'œil mais aussi Nicolas. Il y a quelques années, certains s'amusaient à se demander s'il n'était pas de gauche, s'appuyant sur la création du CFCM, la fin de la double peine, etc (Il y a toujours des rigolos pour imaginer n'importe quoi quand il n'y a rien à dire). Bref, les deux sont le miroir l'un de l'autre chacun de leur côté. Mais après ?

La vraie clé pour sortir de la situation d'il y a cinq ans est la mobilisation de l'électorat modéré. C'est clair et net. Sarkozy en ayant revigoré son camp a très bien réussi et les électeurs de droite lui en disent merci (Mais merci ne signifie pas oui...). Face à ça, Royal a, telle Jeanne, enfourché son destrier pour bouter le Sarko-facho à l'anglo-saxonne hors du pouvoir. La gauche y croyait et l'a portée pour cet élan de motivation insufflé. Ensuite quoi ? Sarkozy a labouré la droite dans tous les coins, y compris ceux en friche et il a côtoyé l'extrême droite. Royal a, pour donner plus d'ampleur à son phénomène, élargi sa visée en se concentrant sur le projet socialiste. Mais personne ne peut tenir le grand écart.

Pour tenir leur rang face aux extrêmes (autrement dit être au second tour), ils sont allés les voir directement pour leur prendre des voix. Grossière erreur. Pourquoi penser (comme avec les 35 heures) qu'il y a un gâteau à partager alors qu'il faut le faire croître (et espérer augmenter le taux de participation) ? Il ne faut pas rallier les extrêmistes mais les modérés. Les extrémistes sont extrémistes et ils votent toujours et toujours extrémiste. Ils ont donc perdu du terrain auprès des modérés, ceux qui sont la clé de l'élection, la classe moyenne est la patronne dans une démocratie. Qui pour représenter ces modérés ? Bayrou. Et quelle meilleure stratégie que la conciliation centriste ? Aucune. Maintenant, vous pourrez rire en entendant les journalistes avisés parler de ceux qui ont tiré les conséquences du 21 avril...

vendredi, mars 09, 2007

Vendredi 16 mars 18 heures : rien ne va plus !

La semaine prochaine, jour pour jour, il sera à cette heure devenu trop tard pour déposer les signatures de parrainage pour l'élection auprès du Conseil constitutionnel. Ce remède a, comme la dernière fois, empoisonné la première partie de la campagne, faisant peser des soupçons, des craintes et détournant de la question du fond. Affirmons clairement qu'il faudra sur ce point changer la loi. Il faudra trouver un autre remède contre la propagande des idées des candidatures farfelues.

En effet, il est quelque peu antidémocratique d'empêcher des citoyens jouissants pleinement de leurs droits de se présenter à une élection. Mais dans une société où les médias sont omniprésents, il serait encore moins démocratique de ne voir, par la force des choses, s'exprimer que ceux qui en ont les moyens. C'est ce que la campagne officielle et l'égalité de temps de parole viennent pallier. Heureusement que l'État ne donne pas de tels moyens à qui le veut. Merci pour cette « censure » minimale. L'élection pour la fonction suprême ne doit pas être tournée en mascarade par les défenseurs des sauteurs sur trampoline ou ceux qui prônent l'interdiction des steacks tartares.

À ce propos, cela ne laisse que quelques jours à un Chirac qui souhaiterait se représenter. Il nous dira tout ça dimanche soir à 20 heures. Il aura attendu le dernier moment.

L'hystérie de l'utilité

Quand on en est à avancer l'impérieuse nécessité du "vote utile" dès le premier tour, c'est que quelque chose ne va pas. C'est le discours martelé depuis quelques temps par le (de plus en plus pitoyable) premier secrétaire du PS François Hollande pour ramener à lui les brebis égarées de la gauche. C'est donc le seul argument avancé pour convaincre les élécteurs ? Votez Ségolène, c'est elle qui a le plus de chances de gagner contre Sarkozy, c'est elle qui a besoin des voix pour passer au second tour... Ce sont donc les seuls arguments pour convaincre ? Agiter le spectre du Front national au second tour, d'une nouvelle défaite au premier tour... Comment tire-t-on les leçons des désastres éléctoraux ? En changeant de méthode ? En se remettant en question ? Point du tout, pensez-donc ! Il suffit de tenir un discours moralisant, de culpabiliser l'élécteur déçu en faisant de lui un odieux complice du lepénisme... Voilà des gens qui n'ont rien compris à la politique, à la France. Tant qu'ils seront là, à raisonner par le simple calcul arithmétique politicien (de la même manière que Ségolène Royal a été désignée, finalement...), au lieu de réflechir aux questions de fond, de programme... Tant qu'ils seront là, le PS enchaînera les déconvenues, et finira par imploser ou par disparaître de trop d'échecs. C'est finalement la meilleure chose qu'on peut leur souhaiter.

jeudi, mars 08, 2007

Insaisissable

Il s'envole ! Il n'y a pas d'autre mot. Regardées sur les deux derniers mois, les courbes d'intentions de vote pour les quatre grands candidats sont claires. Elles dégagent trois lignes de force : celle du couple Sarko-Ségo qui descend, celle du baroudeur Le Pen, horizontale, et celle de l'insaisissable Bayrou qui monte. Mais récemment elle a fait un bond. S'il y a deux jours seulement il était à 20 %, aujourd'hui le CSA le place à 24. Tandis que les dernières tendances d'autres sondeurs le situent encore sous les 20 % mais cela changera sûrement avec de nouvelles éditions vu le côté un peu exponentiel de l'inflexion que la courbe de l'opinion décrit en sa faveur.

Mais ce tracé des sondeurs ne correspond-il pas à une distorsion de leur modèle avec un phénomène jamais vu encore dans le monde politique ? Leurs modèles sont inadéquats avec la donne du moment : emballement médiatique, comportement erratique des indécis,... Que de tendances impalpables qui montent les pièces d'une opinion sacrément compliquée et tout particulièrement difficile à cerner. C'est peut-être à ça que François faisait référence en parlant de l'intelligence du peuple français à qui on ne l'a faisait pas. Mais ça développe surtout un gros doute sur la représentation réelle d'un tel sondage. Il faut clairement y prendre garde, attention ! Bayrou est insaisissable, personne ne retient sa montée, personne ne peut mesurer sa percée. De mon côté, naît du scepticisme.

mercredi, mars 07, 2007

Chacun sa manière

Tous les candidats qui manquent de notoriété font tous leurs efforts pour accéder aux médias (C'était le cas de Bayrou il y a quelques mois...). L'agitateur Miguet est un exemple peu connu mais particulièrement représentatif. Il essaie comme Poujade de remuer les petits contre la pression fiscale, n'hésitant pas à faire de son nom un slogan : « Moins d'Impôts Gérer Utilement, l'Emploi pour Tous »... assez pitoyable.

Poujade pouvait représenter les petits parce qu'il était des leurs. Le Miguet, baron de la finance, ne le peut pas. Poujade pestait contre les grands commis, Miguet jette sur eux tous ses échecs. On trouve sur son site : « Aimé par les humbles, persécuté par les puissants »... encore pitoyable. Décidément, il collectionne ! Et il collectionne aussi les échecs. Qu'ils soient professionnels ou politiques, c'est toujours la même histoire : tout le monde est contre lui, on l'empêche parce qu'il est trop fort, etc. S'il est mauvais et s'il a tout raté c'est surtout parce qu'il est nul. Ça oui !

Son parcours est jalonné d'entorses au droit et à la morale, et c'est de cette façon qu'il aura mieux que jamais réussi à intégrer la section politique des médias. C'est sa façon à lui de jouer au grand. On a parlé de lui, son ego est flatté, c'est pour lui l'essentiel.

Le PS, parti bushiste

Que penser de l'attitude du Parti socialiste à l'égard de François Bayrou ?
Les seuls arguments avancés pour fustiger et marquer une distance avec le leader du centre se résument à peu près au fait que l'UDF et Bayrou appartiennent historiquement à la droite. Il est de droite, il n'est donc pas de gauche et donc on ne peut pas travailler avec lui, ni même lui parler. Il est un pestiféré. François Hollande a résumé ce point de vue en affirmant qu' « entre la droite et la gauche, il n'y a rien ». Voilà une conception bien manichéenne de la politique, et même, ce qui est plus grave, de la France : « vous êtes avec nous ou contre nous ». On se rapproche là davantage du discours binaire d'un Georges Bush que des valeurs universelles véhiculées par la gauche. Ce n'est pas avec ce type de sectarisme que la gauche française sortira de son archaïsme. Regrettable…

mardi, mars 06, 2007

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La véritable inconnue

C'est la participation. On connaîtra le résultat du premier tour le 22 avril dès 19 heures et non pas 20 heures. En effet, il faut le rappeler une dernière fois, le 22 avril est la conséquence d'une nette défection de l'électorat modéré. Dans une telle situation, ce sont les extrêmistes qui gagnent la mise car eux ne manquent jamais la date. Ainsi, Le Pen a fait un score tonitruant mais il en a été de même pour beaucoup de candidats d'extrême gauche avec une somme de plus de 10 %. La question de l'abstention est liée à la motivation des électeurs. Si les candidats modérés peuvent peiner à donner envie, la grande qualité des orateurs extrêmes apporte l'énergie qui mobilise l'électorat.

La participation toujours plus forte pour une élection présidentielle, régresse néanmoins de 4 % à chaque fois depuis 1995. Le Pen progresse beaucoup proportionnellement, mais ça se limite à environ 200 000 voix de plus à chaque fois depuis 1995. En comptant large, et donc en oubliant l'incertitude liée à Philippe de Villiers, on peut déjà accorder autour de 5 100 000 voix au premier tour à Jean-Marie Le Pen. Rapportées à un corps électoral de 42 millions d'inscrits (c'est sans doute plus mais ce rabotage profite à Le Pen pour ce calcul) qui pour les trois quarts voteront (en effet, l'importance majeure de cette élection conjuguée au résultat de la dernière donne une belle proportion, les sondés toutefois se donnent votants à plus de 90 %) cela nous donne un Le Pen à 16 %. Soit un score inférieur à celui de 2002 et largement en dessous des 20 % qu'il prétend franchir. À retenir pour le soir du 22...

dimanche, mars 04, 2007

Histoire de tempo

Plus que la vitesse à laquelle avance le train de la campagne des candidats, ce qui est intéressant c'est la fréquence de leurs coups d'accélération. Ainsi, on distingue au-delà d'une simple rythmique un véritable mouvement porteur d'émotion. Ce ressenti est la résultante de l'affectation d'une multiplicité de capteurs chacun sensible à une particularité. Et nous votons pour la symphonie la plus audible et la plus agréable pour nous, qu'elle soit mélodieuse, porteuse ou percutante.

On a déjà abordé ici les moments de silence et de grande intensité de la campagne d'un candidat pour qu'il dépasse le bruit de la cacophonie électorale, mais il ne faut pas oublier les leitmotive que sont ses thèmes et slogans ni la richesse instrumentale qui le fait figurer sur divers supports médiatiques, des traditionnels soutiens artistiques aux classiques meetings dont la température chaut le votant.

Pour parodier l'ancien titre d'une émission de la petite chaîne qui a décidé de cultiver sa différence, les candidats sont « à la recherche du bon tempo », celui qui sied le mieux à leur camp et qui entraînera avec lui dans son élan une majorité d'électeurs. Que ça swingue !

samedi, mars 03, 2007

Troisième édition

Aucun comptage n'a encore été effectué...
... un jour peut-être !

Psss M'sieur, M'sieur ! Eh vous M'dame !

Encore un bulletin d'informations, encore un collectif, une association, un groupuscule, une corporation qui vient réclamer son dû... Le travail des représentants comme devant rabattre vers eux et favoriser les intérêts particuliers. Piteuse démarche qu'a très bien su contrecarrer Kennedy dans une fameuse phrase.

Il serait temps de répéter que si la démocratie c'est le pouvoir du peuple, c'est aussi l'intérêt du peuple (le du-par-pour inscrit au second article de notre constitution). Et l'intérêt du peuple, c'est l'intérêt général. Heureusement dans tout ça que les sortants ne sont pas candidats eux-mêmes ! Quand les candidats ont pour eux les manettes de l'État, ils perdent facilement la boussole.

Est-il possible de figer une attitude de fermeté alors que c'est précisément une phase d'écoute active que cette élection ? Au moins rappeler systématiquement à ces guicheteurs qu'il est une raison supérieure et qu'y transiger ne peut augurer un bon mandat.

vendredi, mars 02, 2007

Prendre corps

Une des remarques judicieuses faites à Bayrou est le fait que dans les sondages, ses bons résultats sont gonflés par la masse de ceux qui ne veulent pas choisir entre Sarkozy et Royal, et qu'il serait selon les termes d'un éditorialiste libéré une « antichambre du choix ». C'est déjà oublier que l'UDF existe depuis trois décennies et qu'elle possède une base électorale, certes variable au gré des alliances. Mais c'est surtout oublier les résultats de 2002 ! À cette époque, beaucoup d'électeurs n'acceptaient pas de se résigner à voter pour les deux qui invariablement étaient présentés comme les tenants du second tour. Qu'ont-ils fait ? Ils ont voté pour des « petits » candidats, offrant notamment à plusieurs l'opportunité de dépasser les 5 %. Cet éparpillement avait été brocardé par la suite...

Que se passe-t-il aujourd'hui ? Eh bien tout simplement, le premier de ses « petits » candidats de 2002, François Bayrou, a récupéré sur son seul nom la plupart de ceux qui, comme en 2002, ne veulent pas voter pour les candidats des deux grands partis, lui offrant ainsi l'opportunité de changer de statut et de passer dans la cour des vrais présidentiables. Il permet donc à ce vote « contestataire » de ne plus s'éparpiller, de prendre corps et de s'ériger en véritable acteur majeur pour l'élection.