jeudi, novembre 30, 2006

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mercredi, novembre 29, 2006

Petites leçons d'anti-déclinisme

A droite comme à gauche, le mot d'ordre est général : la France va mal, elle décline, elle coule, elle s'effondre, elle s'affaisse, elle chute, elle est submergée... A gauche c'est d'une simplicité biblique : depuis quatre ans "le pays va mal, les gens souffrent, la France décroche". Depuis quatre ans bien sur, nous savons tous que 2002 constitue une véritable date charnière dans l'histoire de France. Avant tout allait bien grâce aux 35 heures et aux emplois jeunes, of course ! A droite, du moins du côté de la "nouvelle droite" Sarkozyste, c'est déjà plus poussé : tout va mal "depuis 25 ans", autrement dit, depuis que la gauche est arrivée au pouvoir et a plongé le pays dans une crise sans pareil (sans voir qu'une crise de même ampleur affecta l'Allemagne en son temps, malgré 18 ans de conservatisme libéral...), et depuis que Chirac-le-gauchiste a pris le relais de Mitterrand. A l'extrême droite, traditionnellement on fait remonter à 1789 le début de la fin, mais c'est la date de "30 ans" qui est maintenant avancée. Depuis la loi Weil ? Allez savoir...

Nul besoin d'être calé en histoire économique de la France pour saisir le côté fallacieux de ces raisonnements à but d'instrumentalisation. La peur fait recette. Celui qui ose apporter une quelconque nuance à ce noir tableau se verra immédiatement retourner cette réplique toute sarkozyste : "Si vous pensez qu'il ne faut rien changer et que tout va bien, c'est que vous n'avez rien compris. Qui osera du coup affirmer que la France a une dette publique inférieure à celle de l'Allemagne, bien inférieure à celle du Japon et de l'Italie ? un déficit commercial ridicule à côté de celui des Etats-Unis ? Un taux de chomage dans la moyenne de la zone Euro ? Ne parlons même pas des investissements directs ou de la protection sociale ! Vous seriez pris en flagrant délit d'optimisme ! Et chez nous, on ne mange pas de ce pain-là. Comme disait Roger Gicquel un soir de traque, "la France a peur", et pour nos chères têtes pensantes, c'est bien mieux comme ça.

Le faire-valoir

C'est finalement ce soir que la machine-à-perdre a été lancée. La déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy prévue pour demain éventée, la droite est donc partie pour se fracasser contre Ségolène Royal. Il paraît être tôt pour l'affirmer, la campagne n'ayant pas commencé, mais hormis événement exceptionnel c'est ce qui devrait arriver. Nicolas sera la promontoir de Ségolène.

Il défend la rupture donc on le questionne sur la rupture - le négatif - toujours la rupture. Pourtant, elle aussi crée une rupture, par ses propositions, donc on l'interroge sur ses propositions - le positif. Elle fait de la rupture sans le dire et ça passe beaucoup mieux que le discours : « un nouvel État, une nouvelle Nation, une nouvelle république » qui sous-entend qu'il faut tout jeter. Même s'il défend en même temps l'exception française - comme il a aussi pu l'affirmer.
Donc sur le fond, il a tort. Il veut développer les ingrédients d'une société de conquérants, celle en fait de ceux qui ont fait la grande traversée de la mer océane, sans se rendre compte que ce décalage entre cette « autre vision de la France » qu'il porte et ce que ressentent les Français le propulse à terre. Il lui prépare donc le terrain.
Et comme un malheur n'arrive jamais seul, il a sa forme contre lui. Bien au-delà du physique et des atouts-charme, c'est la question de faire passer la pilule. Alors qu'il est extrêmement énergique, prêt à tout envoyer valser, elle oppose un calme et une sérénité qui, sans cet excité, ne seraient pas tant valorisés. C'est tout un côté maternel qui sera assurément préféré au moment de la transposition plus franche dans le monde tel qu'il est.

Elle a toutes les qualités nécessaires mais non suffisantes. Pourtant, par les défauts de Sarkozy, ses manquements, ses excès aussi, ces qualités-là ressortiront tellement qu'elle deviendra imbattable. Il veut un grand débat, il veut du haut-niveau, il l'aura. Elle va le surclasser terriblement.

mardi, novembre 28, 2006

Hors format - 5, Les peoples

Si je savais, si j'savais ça
Je saurais ceci, je saurais cela
Secrets, ils n'existent pas
Leurs images glissent de moi
J'veux connaître ce qu'ils sont
Je crève de ce que je n'sais pas
Mon bonheur est obsession
Les magazines mes bibles à moi

Dans tous les médias, rien que des têtes identifiées
Mes idoles me donnent une identité

Je prie les peoples, les peoples m'ont pris
Pour mes idoles mon vote n'a pas d'prix
Je prie les peoples, ils comblent ma vie
C'est plus « je pense » mais « j'dis c'qu'il a dit »

Sa vie privée, ses amis, son toutou
Je veux savoir, savoir un point c'est tout
Curiosité c'est mon vilain défaut
Ça fait de moi un veau

Je vois Ségolène en maillot
Je veux courir tout comme Sarko
Moi je suis à fleur de peau, faut
Rien me cacher d'l'intimité
Des visages de flash en flash
Des petites phrases, des baffes et des stars
Sur les planches, sur scène, zéro
Si t'as pas la gueule qu'il faut

Plus d'« intelligent » mais « est-ce que ça passe à la télé ? »
Sur leur vie privée, j'ai jamais assez

Je prie les peoples, les peoples m'ont pris
Pour mes idoles mon vote n'a pas d'prix
Je prie les peoples, ils comblent ma vie
C'est plus « je pense » mais « j'dis c'qu'il a dit »

Sa vie privée, ses amis, son toutou
Je veux savoir, savoir un point c'est tout
Curiosité c'est mon vilain défaut
Ça fait de moi un veau

Je prie les peoples, les peoples m'ont pris
Pour mes idoles mon vote n'a pas d'prix
Je prie les peoples, ils comblent ma vie
C'est plus « je pense » mais « j'dis c'qu'il a dit »

De grands slogans, des valeurs, idéaux
Qu'ils soient déments mais pourvu qu'ils soient beaux
Le bon langage et les idées qu'il faut
C'est tout ce que je vaux

L'emprise des cons

La France est un pays révolutionnaire : elle l'a prouvé à trois occasions réussies en 1789, 1830, 1848, ainsi qu'à plusieurs reprises débouchant sur des échecs (1870, 1968, 1995...). C'est également un pays où une méfiance vis à vis du libéralisme et de sa variante gauchisée -la social-démocratie- a toujours eu cours parmi une grande partie de la population. Dernière illustration en mai 2005 au moment du référendum. Il faut dire que, depuis la Révolution, la nation porte un message singulier, révolutionnaire, universaliste, égalitariste, laïc, incompatible avec bien des aspects de la mondialisation du capitalisme. La France est aussi le pays où des intellectuels et des artistes de filiation marxiste ont eu le plus d'influence au XXème siècle (Sartre et Bourdieu, pour citer les plus influents). La France présente donc un terreau fertile pour une gauche de la gauche forte, puissante.

Et pourtant... c'était sans compter la loi de Murphy : de même qu'une tartine tombera systématiquement du côté de la confiture, l'extrême-gauche française est condamnée à confier son avenir aux pires de ses membres. Quels ont été les deux hommes forts du PCF de l'après-guerre ? Thorez et Marchais, deux hommes frustes et limités, deux bêtes de pouvoir sans le moindre soupçon d'intelligence ou de clairvoyance. Deux conservateurs maladifs, indéfectibles suivistes de l'URSS. Sans parler des suivants, Hue, Lajoinie, Buffet.

Aujourd'hui, alors qu'une nécessaire critique d'une certaine mondialisation devrait unir ces forces autoproclamées "anti-libérales", celles-ci n'en finissent plus de se perdre en querelles de clocher, en chamailleries de cour de récréation, en petites luttes de pouvoir dignes d'un syndicat corse. Ayant emboîté le pas de son inspiratrice ATTAC, l'arroseur-arrosé de la moralisation, la gauche antilibérale n'en finit plus de s'enliser dans le ridicule des enfantillages même plus dissimulés à l'opinion. Bové qui se "retire", Autain qui parle de son viol, Buffet qui gueule dans le désert de son parti : chacun cherche à exister comme il le peut, à gesticuler pour se faire remarquer.
Ou comment une bande de cons est en train de flinguer un élan...

lundi, novembre 27, 2006

Politisation du quotidien ou quotidianisation du politique ?

Après des décennies de présidence monarchique, retranchée, transcendante, visionnaire, il n'est plus qu'un seul mot d'ordre qui vaille pour nos têtes d'affiche éléctorales : s'intéresser et se rapprocher du "quotidien" des "gens". Plus question de grandes orientations de la nation, de politique internationale, de construction européenne, d'arbitrage sur les grands débats de société. Non, fini tout ça, oubliés Mitterrand-le-président-écrivain, Giscard-l'intellectuel, De Gaulle-et-sa-certaine-idée-de-la-France. Place au débat sur le prix des cantines scolaires, à l'augmentation du SMIC de 0,43%, à l'allocation pour les mères au foyer, au droit à la garde d'enfant... Bientôt, la politique ressemblera-t-elle à la publicité pour la Société Générale ? Un pouce qui est derrière nous dans chacun de nos faits et gestes, pour nous donner ce "coup de pouce", justement, dans notre vie quotidienne ?
On ne peut pas parler véritablement d'avilissement de la fonction présidentielle, n'ayant pas réellement foi en une idéologie anarcho-libérale qui veut que nulle forme d'organisation sociale ne doit s'ingérer dans ce qui relève de la responsabilité individuelle. Cependant, ce n'est certainement pas au président de tenir ce rôle là : on a créé des échelons hiérarchiques au sein pour répartir les responsabilités et les périmètre de compétence. Confier au président de la république un rôle d'assistante sociale, c'est remettre au goût du jour l'idée d'un rapport direct du chef et du peuple, mais plus dans une perspective gaulliste, transcendante et messianique, mais dans un rapport immanent. Ce rapport immanent qui incombe théoriquement aux collectivités locales, à l'entreprise, aux divers services étatiques de proximité... Le plus désarmant dans toute cette foire au populisme, c'est que Royal a importé cette conception du politique sur les bancs de la gauche. Que signifie-t-elle en somme ? rien moins que le renoncement à toute idée d'un intérêt général qui prime sur les intérêts individuels, soit tout le ciment de la gauche depuis qu'elle existe.

Hors format - 4, Français

Parce qu'ils ont l'âme grise que leur rire apprivoise
Et des clochers d'églises, de granite et d'ardoises.
Parce qu'ils ont des rivières, des forêts, des montagnes
Et bordés par trois mers, des joyaux de campagnes.
Parce que leurs murs de pierre les font tenir debout
Et qu'un Jésus sans terre les a mis à genoux...

J'aime les Français,
Tous les Français,
Même les Français que je n'aime pas
J'aime les Français,
Tous les Français,
Même les Français que je n'aime pas

Parce qu'ils ont de l'enfer une autre religion
Et que ce sont leurs femmes qui règnent à la maison.
Parce qu'ils ont décidé d'être une république,
Bien que toutes leurs idées se perdent en politique.
Mais parce que l'un d'entre eux a dit cett'phrase immense :
"Ma liberté s'arrête où la vôtre commence"...

Oui Michel, dans l'esprit c'est exactement ce que tu écris. C'est ce qui doit tranparaître pour devenir Président de la République française.

dimanche, novembre 26, 2006

Le vase plein

L'élection présidentielle ne se gagne pas sur le terrain de l'international, même si c'est l'une des principales tâches du chef de l'État. En effet, les Français votent pour personnifier le sommet de l'État. L'État, formalisation de la nation. La nation, émanation de la volonté d'un peuple. Le peuple attend donc, de droit, que le président s'occupe de ses intérêts, pas de ceux des « amis » européens ni des habitants du Zambèze.

Alors, certes, les intérêts français passent aussi par leur défense au plan international, mais ce travail, non visible, est inquantifiable. Ne reste pour le volet des affaires étrangères que la partie de représentation. Et c'est ce pour quoi les Français votent en se choisissant une figure, une personne bien française, ce qui est indéniablement le cas de nos présidents. Une personnalité d'autant plus française qu'elle a entendu les Français et qu'elle va s'occuper de leurs intérêts, intérêts bien compris comme étant des intérêts de proximité. Le temps des présidents qui changent la face de la vie ayant sombré avec Mitterrand.

2007 voit l'arrivée de cette génération de politiques qui accepte cette minoration de son rôle et qui sait qu'invariablement l'élection ne se gagne pas à l'international mais en France. Elle va donc s'occuper des petits soucis quotidiens de ces fameux « gens ». Et c'est ce jeu-là qui concerne le plus de monde. Celui qui fera le plus se déplacer les électeurs, qui cette fois, repousseront loin la frontière de l'abstention. Là est l'enjeu des candidats : aller récupérer par pelletée les abstentionnistes plus que le concurrent.

samedi, novembre 25, 2006

Partie 2 : À quoi mieux ?

La conception d'un mieux supérieur aux précédents n'est qu'une vision intellectualisée pour un système qui est en fait inapplicable. Le monde des idées est une chose, la vie dans le monde une autre. L'idée d'un centre autonome et puissant en politique de façon continue ne tient pas. La ligne politique ne permet que deux sens, sinon c'est le point mort. Les conditions d'arrivée au pouvoir d'un gouvernement centriste sont exceptionnelles, il faut un chambardement terrible et une remise en cause telle que déboussolé, le doigt pointe le neutre.

Alors pourquoi l'UDF ? Certains ont marre de l'opposition stérile gauche/droite, et François la considère même comme dépassée. Mais, cette structuration autorise l'établissement d'un système politique, le centre n'existant que parce qu'existent les autres. On entend dire « oui mais, à toujours défaire ce que les autres ont fait avant on perd du temps ». Pourtant, les bateaux ne réussissent à avancer contre le vent qu'en alternant rapidement les caps : 45° babord - 45° tribord - une fois dans le zig - une fois dans le zag - etc. Gardons le meilleur des virages lof pour lof et grisons-nous de ces virements de bord.

Partie 1 : Des bases de numération

Il est un groupe d'individus qui veut que le système duodécimal remplace le système décimal. Les raisons sont à la fois mathématiques (division par 2, 3, 4 et 6 en base 12, contre seulement deux diviseurs, 2 et 5, pour la base 10) et pratiques (voir le nombre d'heures dans une journée, de mois dans une année, etc). Effectivement, c'est peut-être mieux. Il n'empêche, les humains ont 10 doigts. Ils continueront à compter en groupant par paquets de 10.

Il est un groupe d'individus qui veut une troisième voie, au-delà des deux traditionnelles, la droite et la gauche. Les raisons sont à la fois politiques (rassemblement le plus large possible de la nation toute entière contre l'opposition de deux camps) et pratiques (voir qu'ainsi on bénéficie des deux solutions sans se fourvoyer). Probablement, ça doit être mieux. Néanmoins, les humains ont deux mains, deux yeux. Leur structure physique est binaire et leurs constructions mentales le sont aussi : le positif - le négatif, l'entrée - la sortie, le Bien - le Mal, etc. L'instauration d'un « neutre » mineur vient seulement faciliter la coordination des deux majeurs.

jeudi, novembre 23, 2006

Flashback tour

Royal, pour ne rien faire comme les autres, ne fera pas une campagne nationale, elle fera une campagne interrégionale. C'est du tout cuit, elle a de bons arguments pour ça. Elle va s'appuyer sur les régions, et à chaque fois, les journalistes ne pourront manquer de rappeler qu'elles sont toutes à gauche - sauf une qui résiste encore et toujours à l'envahisseur ! - et donc, sous-entendu, qu'à un échelon de proximité, les Français ont voulu la gauche, et qu'elle est déjà à l'œuvre depuis quelques années, cela sera prouvé par l'auscultation des politiques menées, car Royal est en quête d'idées. Cela attirera l'attention sur les exécutifs régionaux. Il faudra par conséquent rappeler aussi à chaque fois l'anéantissement de la droite en 2004 et cela remémorera particulièrement la victoire, répétée comme symbolique à l'époque, celle de Royal « sur les terres du Premier ministre » (comme si ça changeait quelque chose).

Bref, une sacrée médiatisation en vue pour les régions. Et puis, pour la route, un argument de plus. Puisqu'elle donne un coup de balai à l'hôtel parisien de Solférino, et qu'il lui faudra tout de même un gouvernement, elle ira - prenons les paris - chercher les compétences parmi les présidents régionaux. Malvy se fait déjà bien voir, Rousset et Percheron pour la prochaine ? Seront-ils ministres ? Et son grand soutien languedocien, où le caser ? Au ministère des sports, des anciens combattants, ou bien des transports vu qu'il est doué pour les inaugurations ?

mercredi, novembre 22, 2006

L'idéologie au service du pouvoir

C'est au tour de l'UMP de se diviser. Sentant que tout se passait trop facilement, qu'il serait bientôt trop tard pour se chahuter, les politiques de droite ont décidé de faire usage des armes fourbies ces derniers mois : une sortie sur le social, une percée pour la patrie, un coup dans l'économie. Tout y passe, pourvu que les entailles soient perçues comme des failles !

Quelle est l'utilité de cette tentative de tirailler le parti ? Juste se placer : « je me situe chez les sécuritaires », « je suis dans l'aile molle », « je suis purement sarkozyste », « je suis un grand gaulliste ». Attention ! Ce déferlement de considérations n'a rien à voir avec une profondeur d'un véritable débat d'idées ambitieux. Simplement, la bête dichotomie trouve ses adeptes. Pour la réaliser, il va de soi que tout est bon à prendre. L'essentiel est de montrer à quel côté de mon camp politique j'appartiens, fidèle à mon gentil patron et contre son méchant rival.

Avant, c'était l'UDF contre le RPR, puis lasse de ses défaites, et les giscardiens ayant oublié leur lointain chef, elle s'est démembrée. Il a donc fallu créer une rupture au sein du RPR. Mais même si les têtes d'affiche de 1995 sont hors-jeu, ils ont fait des petits. Si les valeurs et les « -ismes » employés varient, la constante reste la fracture interne qu'il faut maintenir coûte que coûte.

mardi, novembre 21, 2006

Tête vide, idées creuses

Hier soir, Ségolène faisait sa rentrée. Son principal message a été son appel aux Français, exprimé dans un grand élan de participativisme, pour qu'ils construisent le projet qu'elle portera en 2007. Après tout, pourquoi pas, c'est dans la continuité de tout ce qu'elle a déjà pu dire et en plein dans le but de son site internet. Sa conduite est marquée par une particulière humilité.

Mais elle ne s'est pas contentée d'un appel à des nègres, elle a aussi appelé les « gens » à lui expliquer le sens de ses propos... C'est tout simplement effarant ! Revenons plus en détail sur ses déclarations. Elle a dit qu'elle voulait « réaliser ce que j'appelle l'ordre juste ». Pour ensuite donner aux gens la possibilité de construire son programme, de leur donner la parole et d'ajouter, après, un fameux : « aux Français de s'en saisir et de me dire ce qu'ils entendent par "ordre juste" ».

Ses vagues formules-phare qui ont fait mouche et l'ont portée pendant la campagne ne signifient donc pas suffisamment pour elle. Dans sa tête, ça résonne. À défaut d'arriver à comprendre ce qu'elle débite, elle demande aux Français de lui expliquer clairement ce que veulent dire ses propres paroles. Politiquement navrant.

Le saviez-vous ?

Le saviez-vous ? Nicolas Miguet sera candidat à l'élection présidentielle de 2007 !

Il se présente en tant président du RCF, Rassemblement des Contribuables Français, un nom de parti qui exclut de fait les jeunes, les retraités, les chômeurs, les mères au foyez, et toutes les autres parties de la population qui ne paient pas d'impôt direct. Un parti que l'on connait surtout grâce à ses nombreuses campagnes d'affichage sauvage dans les villes, avec une photo, celle de Nicolas Miguet, et un slogan Moins d'Impot, Gérer Utilement, l'Emploi pour Tous. Oui, c'est bien un acrostiche de son nom qui sert de slogan de campagne. Si Nicolas Sarkozy usait du même procédé, on n'ose imaginer ce que cela donnerait.
Faisons bref sur l'hurluberlu, car au fond il ne mérite pas qu'on s'apesantisse trop sur son triste cas : Nicolas Miguet est un journaliste et "homme d'affaires" connu pour avoir lancé de multiples périodiques financiers et économiques sur la Place de Paris, quasiment que des flops ; il a également lancé une offensive électorale sur le conseil d'administration d'Eurotunnel en tant que héraut de la cause des "petits porteurs". Il s'est également illustré par de multiples démêlés judiciaires dûs à des pratiques légalement douteuses, qui lui ont valu notamment une privation de droits civils de 5 ans.

Son programme ? Moins d'Etat, moins d'impots, et réduire la dette, et sauver la France. Une obsession ? La fiscalité qui pèse sur les "petits" et étouffe le pays. Démagogie ? Pas seulement. Ce néo-poujadisme s'accompagne égalment d'un égocentrisme exacerbé et d'une paranoïa pathologique : les "grands" veulent sa peau, et ne cessent de mener des complots contre lui. D'où les "effroyrables manipulations" du Conseil Constitutionnel pour l'empêcher de se présenter en 2002 qu'il dénonce en première page de son site internet. Se croire à ce point dangereux et important, victime des pires complots, un grand classique du syndrome messianique du chevalier blanc contre les forces obscures. Un adjectif pour qualifier ça ? Pathétique, tout simplement.

Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour exister, quand on est un minable...

lundi, novembre 20, 2006

Hors format - 3, Un de plus

- Gérard Schivardi est candidat pour l'élection présidentielle. Qui était au courant ?
- ...
- Ça ne vous dit rien ? Mince ! Essayons un autre nom alors... Euh : Daniel Gluckstein !
- ...
- Toujours pas ? Décidément, non de non, mais ça va pas être facile pour le faire connaître celui-là. Donc, j'explique. Gégé, c'est le bon maire de Mailhac dans l'Aude, même pas 400 habitants. Un vrai de l'époque du Midi rouge, un anti européen de comptoir, un fervent combattant de la décentralisation... mais attention, à l'échelle des communes ! Il est du Comité national pour la reconquête de la démocratie politique. Vous connaissez ?
- ...
- Ben, dis-donc, c'est dur ! Alors le Comité machin-truc-chose au nom compliqué est l'héritier du PT... Le Parti des Travailleurs.
- ...
- Mais tout de même, c'est connu ça le PT ! C'est le parti d'étiquette de Gluckstein en 2002 qui a récolté 133 000 voix alors qu'il y avait 40 000 000 d'électeurs potentiels... Bref, Gégé reprend le flambeau de Daniel. Il faut s'y faire, en 2007, à défaut d'avoir Chichi nous aurons Schischi.

Hors format - 2, Nous sommes en 2012...

Nous sommes en 2012. Malgré un volontarisme jamais renié, le quinquennat de Nicolas Sarkozy s'est transformé en cinq années de cauchemar pour le président, élu de justesse en 2007 face à Ségolène Royal : les morceaux ne se sont jamais recollés avec les banlieues, la politique du président accroissant la fracture entre les habitants des cités et l'autorité de l'Etat ; les mesures de modernisation du marché du travail et des services publics ont entrainé des manifestations d'une ampleur supérieure à celles de 1995, et le traitement violent des évènements a fait chuter la popularité des dirigeants au plus bas ; les premiers ministres (Fillon, Devedjian, Borloo...) se sont succédés avec le même insuccès...

La droite est divisée : les gaullistes n'ont eu de cesse de faire feu sur les piètres résultats la politique libérale du président pour regagner de l'audience, et se sont trouvé un héros en la personne de Juppé. L'UMP n'est plus uni qu'en apparence. Le parti socialiste est lui aussi bien mal en point : les divisions sont apparues très vite après 2007 entre les partisans de Royal et ceux du premier secrétaire Strauss-Kahn. L'aile gauche du parti de Mélenchon et Emmanuelli a, elle, fait sécession, de cause de trop de divergences, et se sont ralliés au grand parti antilibéral constitué à gauche du PS sur les ruines du PCF, et dont les politiques de Sarkozy n'ont cessé de crédébiliser le discours. Après la mort de son père, Marine Le Pen a elle réussi brillamment à moderniser son parti et à le dédiaboliser : le FN controle ainsi une dizaine de villes de plus de 50.000 habitants.

Aux élections présidentielles, la gauche et la droite présentent deux candidats chacun : Strauss-Kahn et Royal, Juppé et Sarkozy, qui repart malgré tout. François Bayrou, fort de ses 15% en 2007 et de ses succès aux elections régionales et locales, se présente en acteur de premier plan. Les extrêmes se présentent eux en ordre uni : Clémentine Autain et Marine Le Pen en sont les championnes, avec une énorme audience du fait de la situation sociale critique.
A 20 heures, les résultats tombent : Sarkozy fait 13, Juppé 10, Bayrou 8, Royal 17, Strauss-Kahn 12, Autain 19, Le Pen, 21...

Impossible ? Ce n'est pourtant qu'une simple extrapolation de tendances observées. Qui vivra verra...

dimanche, novembre 19, 2006

Pour quoi vote-t-on ?

La question posée lors de l'élection présidentielle est celle de savoir qui veut-on voir porté au sommet de l'État. C'est un question nominative ; il ne s'agit pas de voter pour une étiquette ou un programme.

En effet, le vote est là pour désigner un personne qui devra prendre des fonctions pour une durée de cinq ans. Il n'est question de rien d'autre. Les Français élisent un individu en fonction de leurs affinités politiques et de la campagne observée. Au moment d'insérer le bulletin dans l'enveloppe, le choix se détermine sur des valeurs, un sentiment de confiance, un appui pour un sens de l'action. L'idée qu'il y ait un mandat des Français, donné pour faire quelque chose, et quelque chose de précis, n'existe pas. Certes la décision finale du vote se cristallise aussi sur des propositions de mesure, mais il faut bien voir qu'elles ne sont pas l'essentiel.

Ce point de vue est non seulement celui des textes mais aussi celui de l'inconscient collectif. Jamais un vote ne se porte pour la candidature technique, celle qui dit exactement ce qu'elle va faire, quand et combien ça va coûter. En conséquence de quoi, il est sans intérêt de réclamer aux prétendants un déroulement précis des opérations sur les cinq prochaines années. C'est inutile. Il devient d'ailleurs impossible ainsi de juger de la bonne action ou pas du Président par un quelconque jury de conjurés.

L'endurance

Une campagne présidentielle ressemble à bien des égards à une course d'endurance. L'endurance est la principale qualité que doivent avoir tous les acteurs : qu'ils soient candidats, membres des intendances, ou observateurs.

Dans la longueur des mois qui précèdent l'élection, il faut traiter tous les sujets. Sur ce plan, Nicolas Sarkozy est pour l'instant le meilleur. Depuis très longtemps il avance de façon constante, sans jamais ralentir. Sa campagne est jalonnée des conventions de l'UMP qui permettent de passer de thèmes en thèmes sans en oublier.

L'endurance est physique pour le candidat, qui arrivera épuisé en mai, mais aussi immatérielle car son image sera soumise à l'endurance médiatique du traitement de son actualité. Il faut simplement pouvoir encaisser sur la longueur la difficulté de mener campagne, et Ségolène l'exprimait singulièrement lors de son discours de déclaration de candidature à l'investiture socialiste.

Dans une course, il faut soigner son départ - la déclaration - , développer sa foulée - ses idées - avec persévérance et finir en accélérant pour dépasser tous les essouflés, les fatigués et les épuisés et ainsi leur miner le moral pour accentuer encore l'inversement de situation.

samedi, novembre 18, 2006

De la féodalité des trusts

Oui, depuis 2002, la droite de gouvernement s'est transformée en un trust. Pendant 50 ans, la sécularisation de la société défaisant le lien idéologique par le catholicisme, la droite a été ce que la gauche n'était pas : conservateurs, libéraux, gaullistes, chrétiens-démocrates, principalement ont formé une famille plurielle, mais capable de succès éléctoraux car capable de s'unifier autour du refus du socialisme et de toute inclination vers le bloc de l'est.

Pendant 25 ans, autour du duo Giscard-Chirac, la droite s'est constituée en duopole, les chrétiens-démocrates s'alliant avec les libéraux d'un côté, les conservateurs et les gaullistes de l'autre, pour simplifier. Puis, le vent a soufflé de l'étranger, les révolutions conservatrices anglo-saxonnes scellant une alliance nouvelle entre les adeptes d'un libéralisme économique orthodoxe et les tenants du conservatisme moral et social, la France a, pour changer, eu un train de retard. Les récompositions de la droite ont tardé, du fait de l'emprise qu'a exercé le personnage de Chirac des années durant, empêchant la droite de suivre les mouvements de l'étranger, comme Mitterrand a tout fait pour freiner la mise au diapason du PS avec les partis sociaux-démocratiques européens.

C'est donc Sarkozy qui a tenté d'unir toute la droite sous sa propre bannière à partir de 2002, avec le libéralisme économique et la réaction sécuritaire comme ciments : les chrétiens-démocrates n'ont pas suivi et ont lutté comme ils ont pu contre l'OPA. Conservateurs et libéraux s'entendent à merveille, mais les gaullistes, qui n'ont que peu de choses en commun avec la rupture sarkozyste, sont aujourd'hui malmenés, ne se retrouvant pas, par filiation historique, dans la potion fortement américaine concoctée par les spin doctors de Sarkozy.

Illustration récemment avec l'opposition brutale entre le "chef" Sarko et la "dissidente" gaulliste Alliot-Marie sur le thème sensible de la discrimination positive. Elle a eu le tort d'afficher haut et fort sa différence, de ne pas dissimuler les divergences sous un unanimisme de façade : la réaction du "petit César" fut symptomatique de son état d'ésprit. César veut règner sur toute la droite, sur le grand trust qu'il a formé autour de sa petite personne, il ne supporte pas qu'on s'oppose à lui et à ses idées, et il le montre. Jusqu'à en perdre les règles minimales de respect dû à quelqu'un de sa formation, une femme de surcroît. Comment ne pas s'inquiéter d'une telle réticence à l'opposition, quand on sait qu'il y a de grandes chances qu'il soit le prochain chef de l'Etat. On en préfererait les toilettes de Ségolène...

vendredi, novembre 17, 2006

Hors format - 1, Qui fait mouche ?

Parlons de ceux qui nous font faire des rimes en « o ». S'il faut qu'ils s'affrontent ne traînons pas trop. Réalisons ici le court-métrage de leur clash d'artifice.

À ma droite : Niki the Kid qui veut faire son carnage. À ma gauche : Calamity Ségolène, qui veut être tirée par en haut.
• Atterrie sur un terrain particulier, c'est elle qui détone.
Elle ouvre la marque !
• À la gâchette, c'est un habitué ; elle est plutôt sur du menu gibier.
Un point pour lui !
• Camouflée dans les bosquets d'un terroir qui ne ment pas, elle piste le gamin des villes qui n'aime que les combats des rues.
Un point pour elle !
• Quand elle vise au cœur, il est encore à zoner.
Encore un de plus pour elle !
• Une bourrasque déstabilise le milieu qui s'aplatit. Dégagé pour elle, le champ de tir est ouvert.
Pan ! Terminé.
Qui est surpris par la fin ? C'est écrit non ? Un enfant, ça meurt jeune.

Deux turbulents enfants de la balle. Quel terrible enfer qu'ils fomentent : des croisées sifflantes d'éclairs aveuglants. Mais paraît-il qu'ils ne tiennent que parce qu'ils forment un couple. Normal ! Que celui qui compte ceux qui réussissent grâce à leur couple m'appelle quand il aura fini... Guettons donc l'infidélité, le sale coup et ce divorce. Un mariage qui n'est pas de raison est plus vite consommé, plus vite épuisé. Qui sera le sable de leur relation ? Qui pour faire un temps grincer, puis ensevelir rouages et système ?

jeudi, novembre 16, 2006

Quelques conséquences

Le vote de ce soir, à l'heure qu'il est, propulse Royal à la candidature socialiste à l'élection présidentielle. Mais que devrait-il aussi entraîner ?

D'abord, et ça mettra un terme à l'agonie de Fabius le cramé, le vote entérine la mort politique de Laurent, bien trop longtemps repoussée.
Ensuite, le bénéfice des Verts, parti de gauche proche du PS, d'avoir un porte-étendard féminin, disparaît. Ainsi, Voynet qui rame avec de piteux sondages voit son maigre filet d'eau encore se tarir.
Cela crée aussi des difficultés pour Bayrou car le positionnement de Ségolène ne lui permet pas de chasser sur le terrain du centre gauche.
D'une façon générale, Ségolène, bien que sur scène depuis longtemps, est assez « neuve ». Donc tous les contradicteurs habituels, richement documentés sur les gouvernements du passé, auront toute une batterie d'arguments en moins. Et en premier lieu Sarkozy. La rupture qu'il affirme être attendue par les Français sera aussi assise en face de lui.
Bref, avec une candidature qui pose autant de problèmes à tous ses adversaires, c'est assurément la meilleure justification du choix effectué.

Ça roule à gauche, ça roule à droite. Visiblement, un boulevard est ouvert.

mercredi, novembre 15, 2006

Entre les lignes

C'est demain soir, devant les militants, que Ségolène va
à l'épreuve des urnes. C'est le parti socialiste qui va y
gagner, c'est une évidence, car personne ne pense que
les divisons sont appelées à durer et que les challengers
Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn aient même quelques
secondes l'envie de ne pas soutenir le gagnant, et ils ont leurs
chances de l'emporter. En l'état actuel des choses, le scrutin est
encore très ouvert, les sondages sont flous, et tout est loin d'être
plié. En tous cas, la France attend demain la seule victoire de
la démocratie, quel que soit le vainqueur, Laurent Dominique ou
Ségolène...

Raide

C'est fou comme Michèle Alliot-Marie manque de souplesse. Que ce soit dans sa posture - une tenue rigide - ou dans son discours - d'une rectitude tout de même préférable à la démagogie - tout chez elle donne l'impression d'une personne guindée et très crispée. On se demande d'ailleurs si MAM n'a pas appris ce qu'était le sourire chez DSK !

Alors oui, elle est raide, et quand on est raide comme ça, eh bien non, on ne passe pas. Politiquement, les concessions et le pragmatisme sont des réalités et, publiquement, l'image mécanique projetée fait un effet terrible. On peut la trouver ridicule dans la rectitude de son air, affreusement froide et dure.

Raide, elle est raide. Les vents lui sont donc plus qu'à d'autres redoutables. Elle ne peut pas plier donc elle rompra. Aux Royaumes du vent son chêne se fracassera quand le roseau résistera. C'est bien là la leçon de Jean de La Fontaine, non ? Quel nom tristement prémonitoire pour une association politique que « le chêne ». Elle aurait dû mieux apprendre ses classiques Michèle... Gare au jour où le plus terrible des enfants que le Nord eût portés arrivera dans ses flancs !

Discours (il)logique

Il y a deux temps majeurs dans le discours politique (au sens noble du terme) : tout d'abord le constat, souvent critique, en quelque sorte le diagnostic. Ensuite la proposition, l'idée, l'orientation. Le minimum à attendre d'un homme politique, c'est que la proposition découle du diagnostic établi. C'est du moins la temporalité logique. Cela suppose plusieurs cohérences, des référentiels communs dans les deux temps du discours, ne serait-ce qu'un réferentiel géographique déterminé.

Or, en matière de politique économique, nous sommes dans une période où les hommes politiques mettent littéralement la charrue avant les boeufs. De constats sur l'économie française, ils tirent des propositions pour l'économie européenne.
Explications : prenons Fabius et Sarkozy. Leurs constats économiques sont des constats nationaux, croissance nationale, chômage national, dette nationale, inflation nationale... Que proposent-ils ? Tout simplement, d'agir au niveau européen : de changer les règles de la BCE, de mener des politiques d'harmonisation économique et fiscale, de lancer un véritable pilotage économique de la zone Euro, des politiques communes, etc, etc.

Dans la mesure où la France est incluse dans la zone Euro, la règle d'inclusion logique veut que la situation économique de l'UE ait des répercussions sur l'économie française, c'est une évidence. De même qu'il est une évidence que l'Europe est loin d'être achevée et parfaite sur ce point là et que des réformes seront indispensables. Mais les discours de ces politiques sont incohérents, démagogiques et trompeurs : incohérents car ils raisonnent à l'échelon européen sur les solutions sans jamais envisager le diagnostic à l'échelon européen, pas un mot sur la santé économique de la zone €, on s'en fout ; démagogiques car de ce fait on entretient la vision que l'Europe est là pour servir les intérêts de la France, et on exclut toute vision globale de cette construction ; trompeuse car on agite au français des solutions qui relevent à 4% de notre compétence, un triste aveu de l'absence de tout programme économique réel.

mardi, novembre 14, 2006

Le communautarisme - segment 2

Il semble, malgré la contradiction parfaite avec notre pays, que certains rêvent de mettre en place un système communautariste en France et s'en revendiquent ouvertement : Sarkozy, Devedjian etc.

Premier acte pouvant être considéré comme tel : la création du CFCM, une façon d'ériger un interlocuteur à la communauté musulmane. Il a été suivi par beaucoup d'autres, mais la question lancinante reste celle de la discrimination positive, une façon de forcer des barrières pour l'avancée d'individus issus des minorités dans la société. Tout ceci tend à développer en France la vision communautariste de la société, dans un pays qui refuse, en raison d'une forme dérivée de l'universalisme, toute différenciation autre que celle de la qualité de citoyen de la République française.

Alors pourquoi vouloir établir en France un système qui n'est pas français et qui n'est pas adapté, ni probablement adaptable à notre pays - car malgré les promesses de lutte contre toutes les fatalités, il est des ancrages séculaires que Nicolas ne fera pas voler en éclats - pourquoi ? Eh bien certainement par électoralisme. Tant que nous vivrons dans un système démocratique avec des élections de représentants - inutile de nommer ici le ponte socialiste de Montpellier - ceux-ci chercheront à draguer les voix des communautés. Et quel moyen plus rationnel pour organiser un tel dragage ? Le marketing bien sûr !

Ce formidable outil de ciblage et de segmentation qui sied si bien aux marchés est tout à fait réutilisable dans la sphère politique, étant lourdement évident que le citoyen est un consommateur. Ainsi, après les experts en communication, ce sont les experts en marketing qui vont expliquer au candidat comment fidéliser son électorat traditionnel, quels sont les marchés de niche les plus porteurs, quels segments viser pour augmenter sa performance blablabla blablabla.

À défaut d'avoir une véritable vision idéologique communautariste, les démocraties représentatives connaîtront une évolution communautariste pragmatique, comme moyen de gagner les élections, par application approfondie d'un modèle de travail importé d'un autre environnement. Le communautarisme est un sous-produit du système économique.

lundi, novembre 13, 2006

Bas les masques

Les deux plus tristes sires de ce que compte la vie publique française s'étaient donc donné rendez-vous. Le 11 novembre. Au Bourget, parc des Expositions. Deux clowns à qui l'humour fait cruellement défaut, mais qui ne cessent de gesticuler et de se livrer à la pantomime permanente. De rabaisser constamment les luttes qu'ils ont l'impression de servir par leurs discours venimeux et leurs présences à toutes les manifestations, douteuses ou non, qui semblent aller dans le sens de leur démarche. Et où partout ils salissent les combats, par leur simple présence.

Oh, ils ont beaucoup en commun : les ennuis avec les associations de lutte contre l'antisémitisme (lobbies sionistes en langage Dieudo-Lepeniste), les déclarations ultra-provocatrices face auxquelles ils ont la même stratégie de défense : sentiment d'être dans leur bon droit, dénonciation d'une cabale à leur encontre, victimisation et diabolisation... Ils ont bon nombre d'ennemis communs : Bush, Israël, Sarkozy, Chirac... un vrai axe du mal ! Ils ont en commun des sympathies douteuses, pour quelques dictateurs (Saddam, Amhadinejhad, voire Chavez) ou d'obscurs idéologues d'extrême droite ou gauche.

Ce qui est amusant, c'est à quel point il y a deux poids deux mesures dans le discours de l'un comme de l'autre : tous deux prônent une réconciliation nationale, une union patriotique de "tous les français" tout en ayant comme démarche systématique de clouer au pilori avec une véhémence rare certaines catégories de la population, certains dirigeants politiques représentatifs d'un vaste éléctorat. Le combat contre l'axe américano-sioniste et ses avatars passent ainsi au premier rang de leurs préoccupations respectives, finalement quoi de plus logique qu'ils se retrouvent ? On ne pouvait cependant pas imaginer un instant que Dieudonné, porte parole de la "cause noire" et de l'esclavage en France, puisse faire un pas vers Le Pen, contribuant à la banalisation de celui-ci. Comme on n'aurait jamais imaginé qu'en 1940, Hitler l'anticommuniste obsessionnel et Staline l'antifasciste viscéral se donnent la main pour sceller un pacte de non agression... L'histoire réserve parfois des surprises prévisibles, mais surprises quand même...

Le communautarisme - segment 1

Qu'en sais-je ?

Une communauté a plusieurs manières de se définir : soit de façon géographique, par un secteur d'habitation ; soit sur une référence ethnique, religieuse ou culturelle, même si cette référence peut avoir en premier lieu une origine géographique. Le communautarisme, c'est envisager la société comme un ensemble de communautés, et la prendre en fonction de celles-ci.

Aux États-Unis, le système fonctionne ainsi à un degré très avancé, souvent institutionnalisé avec un instrument de démocratie : une communauté d'habitants, le village, élit son sheriff ; les parents d'élèves d'une école dirigent eux-mêmes l'établissement et l'orientation des activités et des programmes de leurs enfants. Les quotas viennent ensuite parfaire par le haut cette vision de la société.

En France, la République a établi, en vertu du principe monarchique « un roi, une foi, une loi », qu'une seule communauté pouvait être tolérée : la communauté nationale. Et cela vient du fondement de la France le 14 juillet 1790, jour de la Fédération (jour de construction auquel fait référence notre fête nationale, et non pas au 14 juillet 1789, jour de destruction). Ce jour-là, les provinces se sont réunies ensemble à Paris pour former un pays (qui se demande encore pourquoi Paris c'est la France et la France c'est Paris ?). Et de ce choix, vient par exemple la thèse de l'appartenance de l'Alsace à la France.

Ainsi donc, en France, toutes les communautés ont été effacées : celles des régions par la politique d'unification linguistique et celles religieuses par la non-reconnaissance par l'État d'une religion, lui, faisant foi en la laïcité. On voit clairement que la seule chose qui compte, c'est l'État, l'État-nation.

dimanche, novembre 12, 2006

Olivier le ...

Olivier le facteur, aime bien marcher en sécurité dans les rues de Neuilly-sur-Seine. Mais, la politique qui y est menée ne lui convient pas car...

Olivier le pragmatique [ndlr : adjectif dont il se qualifie], est communiste, probablement du fait de l'efficacité prouvée de ces systèmes. C'est pourquoi il colporte sa révolution mais il semble que...

Olivier le chien battu, arrive toujours sur les plateaux télés comme un pauvre loubard en souffrance. Alors qu'il est un candidat fringant puisque...

Olivier l'individualiste, refuse de s'associer aux collectifs et avance seul vers les élections. Donc il ne va pas contribuer à la victoire de la gauche qu'importe du fait que...

Olivier le contestaire, adore prendre la tête des manifestations et être au devant des protestations.


À vous de continuer la liste !

samedi, novembre 11, 2006

Les mythes

Comme les étoiles dans le ciel guidaient les marins en quête de destination, les grands hommes et les grands moments servent de repères pour la route. Les hommes et femmes politiques en font aujourd'hui étalage. Au marché des images d'Épinal quelques figurines sont reines : De Gaulle, Jaurès. Elles sont complétées par des feuillets historiques relatant tel ou tel événement : la laïcité l'an dernier, les congés payés cette année.

Il y a chaque fois le même procédé de mythification, une momification plutôt car l'embaumement retire tous les mauvais viscères. Le but est de sortir le fait de tout contexte historique et de l'élever au rang de modèle qui figure un phare implacable pour un groupe d'individus. Ces appels à ces mythes sont le gage de mêmes références, mais le glissement erratique voulu ferait croire qu'ils sont le gage de mêmes volontés, de mêmes actions, de mêmes fidélités. Il n'en est rien.

Néanmoins, ces fouilles idéologiques pour retrouver les fondements de notre pays marquent bien le caractère exceptionnel de la montagne. Quelqu'un connaîtrait-il cette petite souris qui effarouche les éléphants ?

vendredi, novembre 10, 2006

Les caricatures

Quel dommage ! Trop souvent dans les déclarations et les débats des politiques, la position de l'autre - et non pas de l'adversaire car il faut cesser de considérer les interlocuteurs comme des opposants - est simplifiée, réduite à une caricature de sa pensée, ramenée à son expression la plus ridicule ou la plus contradictoire. Qu'est-ce là ? La volonté de montrer la bêtise d'une personnalité en utilisant cet artifice de faible ?

La caricature vise à rendre plus accessible la pensée de son émetteur par le biais de la simplification. Le problème est le détournement instillé par ce procédé qui ne glorifie pas son utilisateur. Toutefois, il lui bénéficie car peu font l'effort d'être directement réceptifs aux particularités données à entendre dans le discours de l'autre et acceptent bien volontiers d'écouter une retranscription par son candidat avantageuse pour lui-même. Ne soyons pas dupes des analyses comparatives auxquelles beaucoup des candidats d'aujourd'hui se livrent. Elles sont dénuées de toute finesse.

C'est peut-être donc le regret d'une faiblesse intellectuelle mais à laquelle on ne peut pas se résoudre. Il faut remonter avec énergie et force le niveau du débat. À bas la facilité !

Sur les droits de succession

Il est acquis que, en l'état, l'UMP n'a pas de programme économique sérieux. Il viendra certainement au fil de la campagne, mais quelques idées sont déjà sorties du chapeau du gnome du "neuf deux". Parmi elles : la suppression de l'impôt sur les successions. Bien que Patrick Devedjian, la marquise poudrée du 92 pauvre porte-flingue du valet devenu price du 92 riche m'ait plutôt parlé d'un plafonnement de cette survivance de l'impôt sur le capital du XIXème siècle, Sarkozy a très récemment répété qu'il préconisait une suppression pure et simple.
La raison officiellement invoquée est la suivante : la nouvelle génération, la mienne, serait la première à avoir des perspectives économiques moins bonnes que ses parents, du coup, un coup de pouce sur le capital permettrait à ces jeunes de voir l'avenir plus sereinement. De même, l'autre exemple est celui de la personne qui hérite de l'appartement parisien des beaux quartiers de sa grand mère et est obligé de le revendre car il n'a pas le cash nécessaire pour payer les droits.
Mais nous prendrait-on pour des crétins ?

1) sur la question générationelle : quelle catégorie ce phénomène concerne-t-il ? Les pauvres ? non. A moins de 100.000€ de capital transmis, l'abattement fait qu'il y a exonération totale. Les défavorisés n'auront donc rien à gagner de cette mesure. Les riches ? Non. La répartition de la croissance fait qu'aujourd'hui il est criminel de dire que les enfants de riches vivront moins bien que leurs parents. il s'agit donc des classes moyennes. Pourquoi ne pas revoir la structure des abattements et des exonérations de telle sorte à ne pas trop pénaliser les classes moyennes plutôt que de supprimer purement l'impôt ? Ne pourrait on pas favoriser le système déjà existant de crédit d'impot, qui permettrait dans le cas de valeurs immobilières de financer le paiement de l'impôt avec le versement d'un loyer ? NON. Il faut la rupture. Donc se débarasser de ces considérations de gaucho...

2) un parti qui ne cesse de marteler, et au fond ils ont bien raison, que le mérite et l'effort doivent devenir le référentiel des rémunérations de notre pays, peut il en même temps entreprendre une réforme qui consacre la reproduction sociale ? Qui augmentera le nombre de rentiers ? Qui renie toute notion d'égalité des chances, pourtant priorité du gouvernement actuel ? On attendrait du candidat favori un minimum de cohérence sur des questions essentielles. On ne peut soutenir à la fois qu'on peut hériter sans devoir contribuer et qu'il est inacceptable que des gens vivent aujourd'hui de l'argent des autres. La cohésion des idées est un service minimum garanti pour qui prétend occuper les fonctions suprêmes...

jeudi, novembre 09, 2006

Elle vacille

Les débats socialistes auront permis des modifications dans les souhaits des sympathisants sur qui serait leur meilleur représentant. Depuis que Royal a ouvert la bouche - pour s'empêtrer deux fois lors du dernier débat - elle a perdu beaucoup de points. Voilà ce qui arrive quand on ne se contente plus de sourire, ce qui bien évidemment plaît à tout le monde : sois belle et ... ? La catégorie des « sans-avis » a aussi beaucoup diminué.

Comme Fabius s'est confondu dans son ténébreux halo vaseux - un véritable référendum contre sa personne - c'est donc que c'est DSK qui a profité de la série de débats. Rendons alors à césar ce qui est à césar. Il avait annoncé qu'il était le meilleur - on pouvait en douter - il l'a été, en gagnant deux débats télévisés sur trois. Il faut donc le signaler. Il est aussi vrai qu'il a fait des propositions, qui sont : le pacte de l'Élysée et le patrimoine de départ. Il s'est installé comme un prétendant tout à fait crédible.

La victoire au premier tour de Ségolène est compromise. A-t-elle de quoi trembler pour la suite ? C'est possible. Les strauss-kahniens, les fabiusiens, les jospiniens sont contre elle. Mais ne nous aventurons pas. Il y a d'abord le premier tour à passer, et ce sera difficile, car Fabius, mécontent de son score, demandera, encore, à ce que l'on recompte ...

Les scoops du jour

Ayant pu avoir à ma disposition l'animal pendant une bonne vingtaine de minutes, j'ai pu recueillir de Patrick Devedjian, VRP télégénique de la droite décomplexée, quelques "scoops" que j'ai cru bon de devoir retranscrire ici. Voici, dans le désordre :

- Patrick Devedjian n'aimerait pas Thierry Breton, c'est pour ça qu'il a refusé de poursuivre au ministère de l'industrie quand Breton a été nommé à Bercy. Ils n'ont pas "la même conception de la vie". On n'en saura pas plus...
- Patrick Devedjian n'aimerait pas non plus, mais là encore moins les turcs, normal, il est arménien me direz-vous. Mais bon, les juifs détestent-ils les allemands ?
- Patrick Devedjian souhaite à tout le monde "d'avoir un ami comme Sarkozy". D'après lui, ce serait un "sentimental".
- Patrick Devedjian se verrait déjà ministre de la justice du futur gouvernement Sarkozy.
- Patrick Devedjian penserait de Ségolène Royal qu'il s'agit du "degré zéro de la politique".
- Si Nicolas Sarkozy est élu président, l'ISF serait réaménagé de telle sorte qu'il ne devienne plus un motif d'évasion fiscale, en un mot il serait supprimé ou réduit à une portion minimaliste.
- L'axe principal de la campagne de l'UMP serait le pôle justice et sécurité...
-... de ce fait l'UMP n'aurait pas de programme économique, autre que supprimer les impôts sur le capital privé, revenir sur les 35h, et ouvrir les boutiques le dimanche.
Et ça c'est pas forcément le scoop le plus marrant du jour.

mercredi, novembre 08, 2006

Les faits divers

Nos journaux télévisés sont de plus en plus remplis par des faits divers pourtant, ça n'est pas ça qui fait l'actualité. Mais, cette habitude prise suit le courant de la volonté de montrer les gens, de montrer le quotidien etc.

La crainte, encore une fois, est de détourner l'attention des vrais sujets. Néanmois, il n'y a pas là matière à s'alarmer. Il n'y aura pas d'élection sur faits divers. Certains craignent leur instrumentalisation alors qu'ils ne sont que les parties visibles de phénomènes plus profonds, qui sont bien évidemment déjà compris et ressentis par les citoyens. La diffusion de tels reportages importe donc peu, elle sert juste de révélation.

On peut donc déplorer les JT « nouvelle formule », truffés de faits divers, cadrés et typés pour que le consommateur d'information soit capté par son écran, mais on ne peut pas s'inquiéter d'un vote sur ces motivations. C'est un risque irrecevable car l'inconscient populaire est autrement plus lucide et plus clairvoyant de la vraie situation et par là même ne désignera pas un candidat sur un saut d'humeur.

mardi, novembre 07, 2006

L'honnête homme

Nicolas Hulot a tout naturellement pris une position simple, claire, qui lui donne beaucoup de hauteur. Il a pour objectif de faire rentrer la problématique du réchauffement climatique dans le débat présidentiel. Il compte bien faire entendre un point de vue partagé sur le développement durable, de gré ou de force, en faisant peser sur les candidats la menace de sa candidature. Elle serait de nature à engranger beaucoup de voix, car il est une personnalité populaire chez les Français, et donc à faire baisser les scores des candidats actuels, d'où la force de son injonction.

Mais, il l'affirme ouvertement, il ne veut pas avoir à devoir se présenter. Et, on voit bien quand il le dit qu'il est fondamentalement sincère. Il ne cherche pas à être Président de la République. Non pas qu'il n'ait pas de programme de politique intérieure ou diplomatique - beaucoup s'empresseraient de lui en rédiger un rapidement, comme c'est le cas avec nombre de prétendants - mais qu'il ne poursuit pas ce désir d'être chef d'État. Son seul souhait est d'enrichir le débat politique, de développer ses vues et de hausser le niveau du débat d'idées dans notre pays. Ce en quoi on le remercie et approuve sa démarche. Son refus de se présenter réhausse l'estime qu'on peut avoir de lui - enfin quelqu'un ayant une conduite tout à fait morale - et donc renforce sa popularité, ce qui à nouveau le propulse pour être candidat !

lundi, novembre 06, 2006

L'erreur de casting

La nouvelle du jour est tombée à 20 heures, dans un beau studio situé sur les bords de Seine à Boulogne-Billancourt, où officie un ex-chauve vedette de la télévision depuis l'époque de l'ORTF, ou presque. Jean-Pierre Chevènement, "cinq ans plus tard" est "à nouveau" candidat à la présidence de la République (remarquez au passage la finesse des allusions au 21 avril de la part de PPDA, qui signifient en somme : "malgré tout, tu te repointes ?"). Oui, cinq ans après quoi ? Cinq ans après avoir été l'objet d'une "bulle médiatique" principalement sondagière, brutalement crevée dans la dernière ligne droite, récoltant 5,33 points là où on l'avait annoncé à 14, voire plus. Encore pire que Raymond Barre, Balladur et Chaban réunis ! Mais là n'est pas le principal grief porté contre lui : le PS a trouvé en lui le responsable idéal de la débâcle du 21 avril, sa candidature ayant soi-disant fait perdre un nombre de voix fatal au parpaillot de l'île de Ré.
On sent que sa candidature jette un froid, un malaise, les socialistes évitent d'ailleurs le sujet. Pourquoi ? Parce qu'il y a tout simplement erreur de casting. Jean-Pierre Chevènement, au lieu de se lancer dans un aventureux cavalier seul dans la campagne, ajoutant la division à la division de la gauche, selon la formule consacrée, devrait légitimement être aujourd'hui partie prenante aux débats internes du PS, représentant de la ligne dite républicaine, plus précisement laïque, jacobine, protectionniste et post-keynésienne. La ligne "première gauche", selon les mots de Rocard. La ligne autrefois incarnée par les radicaux socialistes, ardents défenseurs de ce modèle républicain, renvoyant à la grande époque de la IIIème République et du Positivisme, puis par le CERES, que présidait un certain Chevènement, et aujourd'hui incarnée par ... Fabius, l'homme de l'acte unique européen, le premier ministre du tournant de la rigueur. Un renversement de situation ubuesque, mais qui a ses raisons : depuis le départ du "che" du parti en 1993, la ligne gauche du PS est incarnée par de fieffés incapables, Emmanuelli et Mélenchon. Du coup, un réservoir de voix s'est trouvé mis en coupe réglée par les jospinistes, et l'aile gauche s'est trouvée orpheline, d'où le virage à 180 du premier de la classe.
On peut regretter que Chevènement ait cru qu'il serait plus libre de penser et de s'exprimer en dehors du PS : il serait bien plus crédible, sincère, audible et même intelligent que Fabius dans le rôle d'une nécessaire représentation d'une ligne radicale au sein du PS. Le débat y aurait nettement gagné en intérêt. Une fois de plus, les petits calculs personnels priment sur les convictions de fond... Une erreur de casting qui, une fois encore, pourrait coûter très cher aux socialistes.

Le jour de la dette

Aujourd'hui, lundi 6 novembre 2006, l'État commence à emprunter pour assurer ses dépenses, et il le fera jusqu'au 31 décembre 2006. Puis, ça repartira pour un tour le 1er janvier 2007. L'an dernier, ce « jour de la dette » avait eu lieu un peu plus d'une semaine plus tôt. Faut-il alors penser qu'il y a un progrès ? Oui, peut-être, ou plus simplement, il est possible que l'État ait vendu un bijou de plus que l'année passée pour faire illusion.

Il n'est pas question de rembourser intégralement la dette, puisque l'État ne connait pas d'échéance. Néanmoins, le train actuel semble à peine ralenti. Encore, il n'est pas non plus d'actualité de faire un budget bénéficiaire, ni même à l'équilibre. Il suffit simplement de faire baisser le taux de déficit, par rapport au PIB, du budget sous le taux de croissance. Ainsi, dans un premier temps, la croissance de la dette serait maîtrisée. Viendrait un deuxième temps, où les différentes collectivités et institutions d'inspiration publique apureraient une bonne partie de leur situation financière.

Mais nous n'y sommes pas, c'est encore le temps des vaches prétendues grasses et les babyboomers profitent tant qu'ils peuvent de leur effet de masse pour manifester encore et réclamer toujours auprès d'une classe politique qui sait bien que c'est le nombre qui fait l'élection. Les classes creuses qui ont donc suivi celles de l'après-guerre n'auront d'autre possibilité que de s'échiner à combler le trou foré par leur avant-garde.

dimanche, novembre 05, 2006

Le vieux

...

samedi, novembre 04, 2006

Le pouvoir de l'argent

Le thème de la campagne de 2002 fut celui de l'insécurité, un thème de droite. Qui a gagné les élections ? La droite. Car, il faut le rappeler à certains, la droite a vraiment gagné, ça n'a pas été par défaut, voir les plus de 60 % de députés UMP à l'Assemblée. Le thème qui se profile pour cette campagne semble être celui du pouvoir d'achat. Et, bien étonnant, ce thème est de gauche.

Eh oui, la gauche défend une hausse du pouvoir d'achat. Mais pour pouvoir faire quoi ? Comme dans les cités où il est absolument nécessaire d'avoir les godasses à 100 €, l'iPod à 400 et un forfait mobile à 40 € par mois avec l'appareil en proportion ? Ou comme dans les beaux quartiers où sans le plasma HD ready à 1500 balles on est un looser ? Impressionnant de voir un tel bouleversement des valeurs. Que reste-t-il du mépris de l'argent et des considérations de l'avoir ? Où est le parti communiste qui éduquait les masses en prêtant les livres des grands classiques de la littérature française à qui le voulait ?

Non, aujourd'hui il faut pouvoir consommer, se faire livrer chez soi ses sushis, regarder son DVD devant son home cinéma, même Carglass se déplace au domicile. Chacun sa voiture, son pavillon et ses loisirs individuels. Finalement, les endroits où les citoyens se retrouvent le plus facilement sont les supermarchés : les lieux de consommation comme lieux de rencontre et de socialisation. Vive donc la consommation ! Du coup, il faut vraiment que j'ai beaucoup de pouvoir d'achat. Vite, la gauche ! Vite, une relance des salaires ! Vite, le pacte de l'Élysée de DSK ! Heureusement qu'il est là celui-là. Lui qui a affirmé, entouré de ses deux comparses, devant les caméras que « on a tous ici comme valeur la promotion sociale » ... Ouhlala, fôôôllement bourgeois.

vendredi, novembre 03, 2006

Et voilà que l'on reparle du bilan ...

bientôt en ligne

jeudi, novembre 02, 2006

Néant Dans l'Affiliation

Il est encore un candidat qui se présente pour se présenter. Nicolas Dupont-Aignan considère aujourd'hui qu'il est grand maintenant, qu'il a l'âge, et que ça ne lui suffit plus de soutenir d'autres candidats. Lui aussi aura cherché sa voie partout : RPR, RPF, MPF, UMP avec des accointances au Pôle Républicain (2002, Chevènement). Volage, il soutient au coup par coup, des personnalités, des listes, qu'elles appartiennent ou non à sa famille. Est-il alors surprenant qu'il la trahisse aujourd'hui en maintenant coute que coute sa candidature de caprice ?

C'est un gaulliste franchement spécial. Sarkozyste par son discours violent de remise à plat générale très teinté UMP, il est aussi villiériste dans son souverainisme et surtout dans le fait que sa dénonciation toute sarkozyste de la politique menée depuis 30 ans inclut aussi le président de son mouvement, à la manière de Philippe qui parle d'« UMPS ».

Bon d'accord, il vient de nulle part. Certes, mais tout de même, peut-il au moins servir à quelque chose ? Malheureusement pour lui non. Le gaullisme pur n'a plus d'enracinement dans l'électorat. NDA - ainsi faut il le dénommer, c'est tendance - est donc le candidat de sa propre personne, sa stratégie autonomiste ayant véritablement réussi ! En fait, s'il avait été meilleur, ou vécu à une autre époque, il aurait grimpé les échelons d'un parti, en serait arrivé au sommet et paraîtrait sérieux.

Sans origine, sans horizon, c'est le candidat du ridicule.

Le centre

Giscard disait que la France est un pays qui se gouverne au centre. Balladur estimait qu'un président, pour être élu, devait être centriste et pro-européen. Giscard en 74, Mitterrand en 88, Chirac en 95 et 2002 : nos trois derniers présidents ont apporté des preuves de ce théorème, malgré l'entorse de 1981, où une des deux parties de l'axiome ne se vérifie pas, Mitterrand s'étant fait élire à gauche (il gouverna au centre droit dès fin 82), mais avec les voix de la droite gaulliste.

Le président est ainsi un rassembleur, il dépasse les clivages politiques du pays, il les transcende : Mitterrand et Chirac, bien que se comportant souvent en chefs de clan politiques, surtout en période de cohabitation, n'ont pas été, dans l'exercice de leur charge, des porteurs d'idéologies circonscrites. Qui n'a jamais entendu dire que Mitterrand était de droite par ses origines et a mené une politique plus à droite que la droite une fois l'euphorie post-électorale passée ? Qui n'a pas été frappé des prises de position altermondialistes de Chirac et de certains positionnements jugés comme "radicaux-socialistes" par ses détracteurs en politique intérieure ?

Le coup d'Epinay, la stratégie par bloc, n'a jamais réellement fonctionné. Mitterrand, contrairement à ce qu'on croit, doit davantage sa victoire en 81 à Chirac et à la droite non-giscardienne qu'aux communistes qu'il aurait cherché à courtiser en rassemblant la gauche autour d'une ligne dure. La stratégie chiraquienne de 88 d'une droite dure, économiquement thatchérienne et sécuritairement pasquaïenne, a fait peur aux français, et Mitterrand en a habilement joué. Dès lors, Sarkozy a-t-il seulement une chance ? Ou devra-t-il nécessairement recentrer son discours. A voir, dès qu'on aura fini de parler de Ségolène...

mercredi, novembre 01, 2006

Est-ce sérieux ?

8,8 % de chômage. Un excellent chiffre à la vue des niveaux habituels, c'est quasiment le minimum des années Jospin (8,6 %). Pourtant, on ne bénéficie pas aujourd'hui de l'excellent coup que fut à l'époque l'instauration des 35 heures ! Mais il faut surtout retenir une tendance à la baisse, confirmée depuis bientôt deux ans, qui préfigure donc de prochains excellents résultats qui nous ramèneront aux taux de 1983.

Stooooop ! Il n'en faut pas plus pour jeter à terre tout un pan des argumentations des candidats sur « les mauvaises méthodes » ou « la gestion calamiteuse » de ceux qui sont « aux affaires », et ainsi affoler les équipes qui les entourent. Sarkozy est pour le coup dans les choux avec sa rupture et un Strauss-Kahn est à la ramasse avec la fameuse aptitude de la gauche à relancer l'économie.

À qui donc attribuer ce bon chiffre (quand on ne le remet pas directement en cause à la façon d'une Ségolène qui ne s'intéresse qu'à ce que les Français ressentent, car les chiffres, eux, mentent... ils n'ont pas été validés par un jury citoyen !) ? Pour l'opposition, c'est le mécanique effet du papyboom, mais elle oublie qu'il y a toujours une création nette d'emplois en France. Pour d'autres c'est la conjoncture, ceux-là occultent que nous sommes en pointe de la croissance de la zone euro. Il ne reste alors que le gouvernement, et les choix de Chirac, Borloo et Villepin. Enfin, non ! Car grâce à la Ségolène-j'ai réponse à tout, si le chômage baisse nationalement, ça n'est pas grâce à l'action du gouvernement mais grâce à l'action des régions qui ont multiplié les contrats d'apprentissage... Au passage, qui a relancé l'apprentissage en France ?

Le chant du cygne

Vivons nous les dernières heures du Parti communiste ? Sommes nous à la veille du dernier acte de cette longue histoire de scissions, commencée à Tours en 1920, qui ont progressivement affaibli jusqu'à réduire au négligeable une force politique de premier ordre, ancien premier parti de France ? Le parti se retrouve une nouvelle fois pris le cul entre deux chaises, entre la survie et l'idéologie : les tenants de l'idéologie, en toute cohérence intellectuelle, perpétuant la tradition du congrès de Tours, refusent une alliance avec les sociaux-libéraux au nom de la lutte contre l'"ultralibéralisme", privilégiant l'union avec les autres forces obscurantistes de la gauche. Les tenants de la stratégie, les réalistes, savent bien que sans une alliance avec les socialistes, le PC perdra quasiment tous ses sièges à l'assemblée, et plus tard, la plupart des municipalités qu'il détient, ce qui mettrait en danger de mort immédiate "le Parti".

Le Parti communiste, vestige de l'ordre ancien du monde et de la gauche, fait les frais des bouleversements planétaires qui ont lieu depuis les années 1980. Au temps où la gauche était divisée non pas principalement sur les questions économiques mais sur la question de la fidélité à l'URSS (de 1920 au début des années 80), le parti communiste avait un sens : il était l'aile dure et pro-soviétique d'une gauche largement marxiste. Mais, depuis qu'en 1983 l'aile socialiste s'est ralliée nolens volens au capitalisme, depuis que le soviétisme n'existe plus que dans la folie de rares autocraties agonisantes, l'existence même d'un parti communiste perd son sens : le PC n'est plus un des deux poles d'une gauche divisée mais rassemblable autour de projets communs. Aujourd'hui, la dualité de la gauche est autre : le Parti Socialiste reste le pôle dominant mais ne représente plus un communisme light, il est un libéralisme light. S'opposent frontalement à lui tous ceux qui refusent cette évolution de la gauche et veulent apporter des réponses radicales aux problèmes contemporains. Le PC a le choix entre être le satelitte d'une gauche et une composante parmi d'autres de l'autre gauche.

Voici là certainement l'ultime objet de déchirement du parti, qui en a connu tant : à propos de la destalinisation, de Budapest 56, de Prague 68, de Tito, de Mao... Cette fois ci, ce n'est pas de choix idéologique qu'il s'agit, mais de choix de survie. Une dernière mauvaise nouvelle pour nos amis cocos ? c'est à Marie-George Buffet qu'il incombe de surmonter cet obstacle...