lundi, avril 30, 2007

Le vide patent

Il faut bien constater l'évidence, l'environnement, le changement climatique n'est pas une priorité pour les deux candidats. Alors que ça fait partie des quelques points-clés pour le siècle, ils ne sont pas concernés. Certes, ils ont signé le papier que Nicolas Hulot leur avait tendu, mais après, derrière, c'est bien faible.

Alors qu'on a vécu un mois d'avril terriblement chaud avec toujours les mêmes niais pour se ravir devant les caméras : « on aimerait que ça dure », alors qu'un épisode météorologique vient d'inonder des zones de l'Île-de-France et alors que se profile une belle sécheresse pour cet été, un problème récurrent depuis quatre ans, aucune ambition n'est développée par Royal ou Sarkozy. Aucun objectif, aucun programme d'action national ou européen.

Royal se drâpe dans son poste de ministre de l'environnement du gouvernement Bérégovoy (quand l'environnement était loin d'être une priorité et que ce poste était plus encore qu'aujourd'hui un strapontin) mais elle ne porte pas ce message, et moins encore ne le transmet Nicolas Sarkozy.

dimanche, avril 29, 2007

À l’épreuve de l’histoire

On le sait, l’un des deux fera son entrée par la route électorale au sein des figures françaises de l’histoire. Ils ont chacun pour chaque camp d’horribles défauts qui les rendent selon eux inaptes à la fonction. Passons sur ce ressentiment, ça a été dit sur tous les Présidents que nous avons eu à notre tête.

Cependant, il est un fait : Sarkozy n’a rien compris à l’histoire et Royal ne connaît rien à l’histoire. Et c’est bien l’enjeu de l’élection. Qui veut-on voir en chef d’État ? Quelqu’un qui pourrait mal agir, mais qui agira quoi qu’il arrive (c’est ce qu’on appelle le « dangereux ») ? Ou quelqu’une qui n’agira probablement pas ou peu (c’est ce qu’on appelle la « nullitude ») ?

Alors ? Quelqu’un qui pourrait mal agir mais qui dans sa « passion de l’action » pourrait agir encore et encore et rectifier le tir si nécessaire ou accentuer encore si c’est le bon choix ? Ou quelqu’une qui n’a « pas de programme » et donc suivrait, au mieux, l’air du temps mais quitte à donner cinq années à l’inaction si rien ne l’inspire ?

Eh oui, il faut répondre à ça !!!

samedi, avril 28, 2007

Il a eu lieu

Le laborieux débat a eu lieu. Mais, déjà, arrêtons-nous, on ne dit pas « débat » mais « dialogue ». Les parties se sont entendues sur ce terme avec force d'insistance. Pourtant, la « discutaille » convenait assez bien...

On retiendra que Royal a toujours insisté sur les fameuses « convergences » (elle n'a pas parlé « d'accord », mot honni, car jamais la gauche ne s'allie ni ne passe d'accord avec le centre) pour montrer que le centre et que la gauche allaient vers la même chose. On retiendra aussi qu'elle a parlé à Bayrou, et que même si ça n'a servi à rien « elle lui a parlé » ; alors que Sarkozy restera « l'homme fermé à la discussion ».

Du côté de Bayrou, on retiendra qu'il était meilleur que Royal (Royal n'étant pas mauvaise ; elle était plutôt bonne mais avec un défaut majeur : elle parle trop, elle parle tout le temps, sans arrêt et ça ne sera pas possible face à Sarkozy car là, le temps de parole sera respecté, aujourd'hui, elle a écrasé Bayrou de sa logorrhée, mais elle était déjà connue pour se gargariser de mots...). Bayrou était meilleur avec pour lui l'avantage de l'humour. Bref, comme prévu, il vient encore augmenter l'amertume auprès de ses élécteurs de ne pas le voir au second tour.

Donc rien de nouveau sur le fond (les accords et désaccords étaient tous connus), rien de nouveau sur l'action (pas de suite pratique), mais comme on dit « tout nouveau, tout beau », il faut donc rester bouche bée devant cet événement original...

vendredi, avril 27, 2007

Le débat du n'importe quoi

Franchement, il faut le dire, ce débat, c'est un délire complet. Déjà, vouloir en faire un, c'est bizarre. Mais prendre plus de temps de parole pour essayer de parvenir à atteindre ce qui ressemble à une possible solution de débat que le temps du débat lui même (environ une heure) c'est du délire intégral !

Qui a intérêt et pas intérêt à ce débat ? En fait, tout dépend de ce qui va en sortir. Parce que, sur le fond, ce débat est tout aussi inutile. Ségolène veut refourguer à François son fameux, répété, chanté, loué, « pacte présidentiel ». Si elle n'a pas vu que la seule expression fait maintenant fuir jusqu'à ses sympathisants, c'est qu'elle est aveugle.

Donc d'un débat inédit car inutile, impossible à décrocher car il n'y a pas d'espace pour le prévoir, il ne sortira rien. Et rien, c'est le statu quo. Et ça, Bayrou y a tout intérêt. On sait bien qu'il ne prendra pas position, et il vaut mieux pour lui (= 2012 !) qu'il ne se mêle pas trop d'histoires de gouvernement. Il vient juste prolonger son plaisir de sentir important, et on se souviendra longtemps que Bayrou, en 2007, ça a été quelque chose. Royal croit qu'elle y a intérêt. Elle feint l'ouverture (que Bayrou est en fait le seul à pratiquer) mais il n'y a rien, pour elle, à discuter. Il ne se passera donc rien. Elle veut simplement la photo de la poignée de main... ou de la bise qui sait ;-) !! Sarkozy devrait, lui, se ficher de cette histoire propre à s'embourber mais il semble qu'il ne peut pas s'empêcher de mettre son grain de sel partout.

Bref, on parle beaucoup de débat, mais pour l'instant il n'y en a pas. Et par dessus tout, il n'y a pas le débat qu'il faut et qui doit se prolonger sur toute la semaine au cours d'un affrontement terrifiant. Voilà ce qu'on attend !

jeudi, avril 26, 2007

Le baroudeur

Au quatrième jour après l'élection, il convient de dire un mot de celui qui est arrivé au même rang au soir des résultats. Le Pen a fait 3,8 millions de voix. C'est conséquent (c'est la première fois qu'un candidat parvient à se placer pile au milieu du ventre mou des résultats). Mais c'est bien peu si l'on compare avec les 4 millions et demi auxquels il se tenait d'habitude. Ça n'est certes pas rien, mais c'est beaucoup moins que par le passé, et la participation exceptionnelle vient de surcroît saper le score de Le Pen.

Le Pen est donc planté, au milieu, ce qui est rare, et l'UDF a franchement pris sa place en troisième force du pays (ce dont on pouvait douter au moment de l'article mis en lien). Pourquoi ?
- 1 : Sarkozy n'a cessé de dire qu'il voulait parler aux électeurs déçus, partis vers d'autres horizons... On peut dire qu'il les a séduit.
- 2 : le vote protestaire a connu son acmé le 21 avril 2002. Par effet de balancier, ses électeurs ayant en plus constaté que sa candidature ne produisait rien, ils ont rejoint des étiquettes modérées.
- 3 : le taux de participation l'a achevé. Dans les conditions de 2002, il réalisait au moins 3 points de plus.
- 4 : le déclin appelle le déclin. Qui croit qu'il sera là en 2012 ? Personne, ce sera Marine. Si Arlette n'avait pas dit que c'était sa dernière tournée, autrement compris qu'elle n'avait plus aucun avenir, elle aurait compté plus de voix. Jean-Marie c'est pareil. Il n'a rien dit, mais tout le monde a compris que, pour lui, après, c'était fini.

Si quelqu'un voit une autre raison, qu'il s'exprime. Après tout, soyons « participatifs » !

mercredi, avril 25, 2007

Bayrou pas si mature...

Le moins que l'on puisse dire de Bayrou, c'est qu'il est plutôt tranquille, le pire que l'on entend, c'est qu'il est mou. On a déjà pu ici lui tirer le portrait pour montrer combien il était posé et réfléchi. Ce caractère avait le mérite de contraster avec Sarkozy l'agité (pour reprendre là encore les termes que l'on entend) et la Royal assez déjantée. Oui mais ça ne fait pas tout. Beaucoup disent : l'élection se jouera sur la personnalité. Pfff... Ce sont là les propos de ceux qui n'arrivent pas à percer le secret de la conscience des Français et qui restant hébétés, car trop grossiers pour pénétrer au cœur de leur pensée, ne sont juste capables que de sortir une banalité.

De la même façon que Jospin a été éliminé en 2002, alors qu'il avait de sérieuses chances de victoire au second tour, Bayrou a été éliminé en 2007. Attention, ça ne signifie pas qu'il y a une sorte de complot, certainement pas. On a déjà dit pourquoi les Français n'avaient pas choisi Jospin, il convient de dire pourquoi ils n'ont pas choisi Bayrou. Tout simplement, ils ont senti qu'il n'était pas prêt. Face à un Sarkozy qui dit qu'il a beaucoup travaillé, on ne peut pas en dire autant pour François. Et quand on considère son parti, on voit bien que la nouvelle UDF est semblable à LO : un parti qui existe par son chef. En revanche, à l'UMP, il y a pléthore de talents. C'est finalement assez simple, Sarkozy c'est plus costaud, c'est du solide face à un Bayrou arrivé sur le tard. Qu'il était facile pour Bayrou de répondre à un indécis : « pensez au second tour » (ce qui n'est pas un argument en soi). Mais tout comme pour Lionel, avant le second tour, il y a le premier et c'est sur celui là qu'il s'est cassé les dents. Bayrou est plus léger que Sarkozy, il aurait été déconcertant qu'il ait plus de chances d'être Président que Sarkozy qui a l'ambition de l'être depuis cinq ans (et on sait bien que les Français sont attachés à cette forme de quête).

Voilà, mais c'est maintenant à lui de construire sa base, et c'est le cas avec le parti qu'il annonce aujourd'hui (que je ne citerai pas tellement l'acronyme est ridicule et qu'il va sûrement être modifié de ce fait), c'est à lui de dessiner sa quête, et il sera là en 2012, pour la troisième fois (tiens tiens...). Finalement, on en revient tout comme hier au même point.

mardi, avril 24, 2007

Bayrou, la campagne de retard

En refusant le clivage gauche/droite, Bayrou a réussi à s'installer tout au long de cette campagne. Il est parvenu à atteindre un score honorable, certains de ses supporters étants carrément ravis d'un score triplé depuis la dernière présidentielle. Oui mais hé hé ! L'objectif n'est pas atteint. Comment ne pas voir que ce refus et de la gauche et de la droite conduit aujourd'hui les électeurs de Bayrou à devoir voter soit pour la gauche soit pour la droite. Les sirènes centristes ont conduit 6,8 millions d'électeurs dans une impasse.

Bien sûr, chaque fois qu'on vote pour un candidat qui n'atteint pas le second tour, on est obligé de voter pour un autre (si on veut voter). La plupart du temps on s'attend à devoir opérer cette inflexion. Ça n'était pas le cas avec Bayrou ! Car François avait dit qu'il serait au second tour, il avait répété qu'il ferait tomber le mur des idées et qu'il arriverait à passer. Il ne l'a pas visiblement pas fait...

En fait, cette rupture avec la gauche et la droite, il fallait la faire en 2002, quand les Français allaient à reculons voter pour Chirac et Jospin. Là, elle aurait été redoutablement efficace car Jacquot et Yoyo ne faisaient envie à personne. D'ailleurs, Chirac n'a pas totalisé 5,7 millions de voix en 2002. Évidemment, les deux élections ne sont pas comparables et notamment en terme de participation. Mais que ce soit en nombre ou en proportion, le coup marchait en 2002. C'est donc 2002 qui a donné à Bayrou l'idée de sa campagne de 2007. Sauf que pour gagner, il faut être en phase avec le peuple du moment, pas celui d'il y a cinq ans, c'est ainsi que va l'alchimie entre un homme et un peuple.

Finalement, Bayrou a simplement réussi à prendre un statut, celui de grand homme politique respecté, d'un vrai présidentiable, et cela lui donne toutes les chances pour 2012...

lundi, avril 23, 2007

Rendons à César...

Au lendemain de ce premier tour de scrutin, il faut à l'évidence parler de ceux qui en sont les vainqueurs. Nous parlerons des candidats suivants dans les jours prochains.

Nous aurons donc comme prochain Président de la République Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal. Que ça fasse plaisir ou non, un des deux rentrera dans l'histoire. Nous sommes en fait dans la situation du Royaume-Uni avec 28 ans de retard. Ce pays a porté au pouvoir Margaret Thatcher, surnommée « Dame de Fer », le 3 mai 1979. Chez nous, le 6 mai 2007, nous aurons soit un « Homme de Fer », soit une « Dame de France». Ce sera l'un ou l'autre mais pas les deux !

Royal serait la première femme à accéder à la plus haute fonction politique du pays, comme Thatcher en son temps, et qui reste la seule depuis (première dirigeante d'un pays du monde occidental d'ailleurs). Sarkozy serait le premier homme d'une droite affirmée au libéralisme revendiqué à accéder à la présidence du pays.

D'après les résultats, la dynamique est du côté de Sarkozy. Royal récupère pour le second tour toutes les voix de ceux qui ne veulent pas voir Sarkozy Président. Et de ce fait, elle va profiter en plus ou moins large partie des voix de Bayrou (large) et de celles de Le Pen (moins large). Malgré tout, même dans de mauvaises configurations, Sarkozy obtient une courte majorité. Il est donc le maillon fort à l'issue de cette première manche. Mais les votes vont-ils suivre les statistiques ?

dimanche, avril 22, 2007

À l'heure des comptes

J'ai dû faire une erreur d'appréciation...

Je pensais que les trois plausibles seraient au-dessus de 20 %. Bayrou n'en a pas été capable. Ils comptabilisent ensemble 76 % soit un score énorme. Il faut là faire le parallèle avec le krach des partis modérés en 2002. Les nouvelles inscriptions, la forte participation et le dénommé « vote utile » en sont les raisons. Tant mieux ! Ça calmera les ardeurs des petits candidats pour la prochaine fois. À quoi bon se démener pour obtenir un score qui tourne tout juste à 1 % ?

Un calcul volontairement généreux mettait Le Pen à 16 %, pour écarter toute frayeur. Je n'imaginais pas qu'il se fracasserait...

Pour le reste, Besancenot est en-dessous des 5 %. Ni Nihous, ni Buffet, ni Schivardi ne font de meilleurs scores qu'annoncés. Voynet, Bové et Laguiller font moins bien que prévu mais ça n'est pas le cas de Villiers.

Mais je vais me réjouir de ces résultats ! Et je n'agirai là que comme tous les autres candidats. Qui hier soir n'a pas vu Bayrou aux anges alors qu'il était complètement à la masse ? Qui n'a pas vu Le Pen heureux que ses idées aient progressé ? C'était le grand défilé des ravis ! Tout le monde avait gagné...

Et maintenant, je vais vous dire pourquoi j'ai gagné : depuis le début je rabache que cette élection est exceptionnelle pour plusieurs raisons (que je ne cite plus pour ne pas lasser !). L'ampleur magistrale de la participation vient m'approuver sans aucune forme de contestation.

Voici donc ma déclaration : « Je suis ravi des résultats d'hier, ils viennent avec précision attester de l'acuité de ma vision ». Et toc !

samedi, avril 21, 2007

Choix Volonté Élection Vœu

Demain, ce sera le premier vote de l'année, et certainement le plus important. Depuis sept mois et demi, ce blog vous amène au 22 avril 2007 et tout naturellement, il invite à se rendre dans son bureau de vote (muni d'une pièce d'identité si la commune est fortement peuplée) pour traduire par un vote l'avis porté sur la campagne menée.

Le vote, c'est au sens étymologique, le mot vœu. C'est le vœu que l'on fait que ce soit tel candidat qui accède à la fonction de Président de la République. Les souhaits s'additionnant, c'est l'espoir qui prend forme sous les traits d'un pourcentage en dessous d'une photo. De l'élan d'une partie du peuple, c'est une majorité qui se formera dans deux semaines pour le choix définitif de la personne qui sera au sommet de l'État. Le choix de demain forge celui du 6 mai.

Il n'y a pas d'autre question que celle de savoir qui sera l'incarnation de la Nation. Il faut répondre à cette question demain et à aucune autre.

Humilié-e-s ?

Il était une fois une terre extrêmement fertile qu'un agriculteur légua au soir de ses jours (mettons qu'il mourut un 29 mai) à ses enfants. Les récoltes, depuis des années étaient excellentes, et garantissaient la prospérité à toute la famille. Il faut dire que les conditions étaient favorables : le climat était doux, propice à cette culture, et la terre, en partie volcanique, était exceptionnellement bonne. Comme cet agriculteur était communiste, il souffla l'idée, juste avant de passer l'arme à gauche, d'organiser le domaine en coopérative. Il savait de quoi il parlait : si les parcelles étaient trop petites, les investissements en matériel, en machine et en locaux ne permettaient pas d'atteindre un rendement suffisant ; pour pérenniser le domaine, il était indispensable d'exploiter l'intégralité du domaine avec les ressources optimales, en commun.
Ses enfants, aussi, étaient communistes. Mais il y avait un sérieux problème : ils étaient en même temps très cons. Le benjamin refusa obstinément de travailler avec la fille aînée, au prétexte que celle-ci souhaitait mettre en commun quelques machines avec le gros propriétaire voisin, que ce benjamin haïssait. Une autre soeur refusait elle de travailler avec ses frères et soeurs car ils étaient moins respectueux qu'elle des enseignements de ses ailleuls. Enfin, le frère cadet, qui pensait prendre en charge la coopérative à condition que les autres lui laissent gratuitement leurs parts, fit signer une pétition par les habitants du village d'à côté, qui n'y comprenaient de toutes façons rien. Face au refus légitime de sa fratrie, il décida également d'exploiter seul sa part d'héritage.
C'est ainsi que le domaine fut morcelé en quatre parcelles, bien trop petites pour être rentables. L'exploitation dura deux ans : la récolte fut finalement si mauvaise qu'ils abandonnèrent l'agricultre. Et personne ne s'en plaignit...

vendredi, avril 20, 2007

La passion européenne

Pas besoin des discours introductifs habituels que tout le monde connaît, et qu'il n'est donc point la peine de rappeler, il faut le dire tout net : L'Europe est la clé du XXIème siècle. Elle est la solution de survie à la visibilité française, la solution humaniste à la mondialisation qui manque de quelques phares pour éclairer son chemin. Le tournant pour elle ? L'opportunité d'action contre le terrorisme.

La France a fait le choix de l'Europe il y a de ça 50 ans. Nous sommes sortis de la logique d'empire orienté vers la métropole pour nous tourner vers nos voisins géographiques. Il est temps d'assumer ce choix ! Une fois une décision prise, on donne les moyens pour qu'elle s'applique avec force. Le choix européen a été fait, il faut maintenant lui offrir le meilleur pour que ce soit une réussite. Nous n'avons pas agit à contrecœur en signant le traité de Rome. Il ne faut donc pas laisser l'Europe en déshérence car nous laissons là, à terre, moribond, le seul choix que nous n'ayons jamais fait pour la France dans l'avenir international. Il faut tout simplement foncer.

Le travail à effectuer est magistral. Les trois candidats plausibles sont les seuls représentant du défunt vote favorable, au moment du référendum, à l'adoption du traité constitutionnel européen. Est-ce là une marque de pragmatisme ? (comme on le disait hier) C'est malheureusement possible. Mais nous avons besoin de bien plus que d'acceptation raisonnée. Il nous faut pour cette tâche un personnage d'ambition et d'envergure. Souhaitons qu'une fois élus, ceux qui ne possèdent pas ces caractéristiques les révèlent...

jeudi, avril 19, 2007

Beaucoup de réponses !

Comme en écho au dernier article, il semble que si aucun thème de campagne ne se soit véritablement imposé, des réponses, en revanche, s'imposent. N'entend-on pas que les candidats - modérés, « de gouvernement » - disent tous la même chose ? Et c'est effectivement le cas, démonstration clinquante à l'appui par Besancenot en meeting, avec une étude comparée des professions de foi des Royal-Sarkozy.

Dans leur présentation, leur contextualisation et leurs propositions, les candidats sont similaires lorsqu'on les prend thème par thème. Similaire oui, mais semblable non. Ne tombons pas dans les écueils extrêmistes du « tous pareil » (accompagné du « tous pourris » qui s'il est tu est sous-entendu). Il faut simplement reconnaître la qualité des réponses. Nos candidats parlent bien ! La professionnalisation méticuleuse tend à les rapprocher. Certes, mais cela s'appelle le pragmatisme. Dans cette masse de réponses similaires, il faut donc hiérarchiser et voir l'ordre d'apparition des thèmes. C'est en fait la priorité qui marque les différences de discours. Alors, on ne peut évidemment pas voir ça dans une interview calibrée (professionnalisée encore !), mais c'est possible pour un meeting où le candidat aborde les thèmes librement.

Et pour répondre à l'interrogation d'hier... Si aucun thème ne s'est détaché, si les réponses ont été les mêmes, si les priorités n'ont pas semblé diverger, alors, comme on l'entend partout, l'élection se fera sur la personnalité. On choisira juste une personne à qui on donnera le mandat (remarquez que c'est à peu près le fait de mettre un nom dans une urne, on ne dénature pas là la procédure) mais sans délivrer de message à caractère politique dans le vote. Une campagne sur la personnalité, à la façon de ses émissions de télé-réalité où tout se basait sur la personnalité. Depuis 2001 (début du Loft et de la Star Academy, dite « starac ») elles se seront installées, et leurs habitudes de « vote » (car c'est ainsi qu'on les appelle) auront pris racine comme une coutume immémoriale.

Changer la donne ? -Un commentaire personnel

Nous sommes vendredi et ce soir à minuit la campagne s'achève. Quels sont les sentiments qui (me) dominent au terme d'une campagne démarée il y a presque deux ans ?
Le gâchis. L'inanité. La foire. A titre très personnel, le sentiment de rejet va si loin que j'en viens à me poser tout bas la question de la pertinence de l'éléction du Président de la République au suffrage universel direct. Voilà qui peut faire hurler les gaullo-bonapartistes de tout poil, mais je remarque que personne ne pose réellement la question. Alors même que tous nous rebattent unanimement les oreilles avec la proportionnelle à l'Assemblée. Cette éléction serait-ce un dogme irréfragable ? Nous, Français, y serions apparemment attachés comme nous tenons à nos 300 fromages, par exception culturelle. Ce serait le trait d'union entre la monarchie légitimiste et l'héritage révolutionnaire : privilégier un lien organique direct entre un homme et un peuple, sans passer par l'intermédiation représentative. Un césarisme démocratique, en sorte.
On nous dirait que le président, gage de stabilité car légitime par l'onction immédiate du "peuple", assis sur une majorité solide, est le meilleur rempart contre l'impuissance des régimes parlementaires. Considère-t-on alors la 3ème République, pourtant l'âge d'or de l'ère républicaine en France, comme un régime impuissant ? Ce serait être aveugle face à ses considérables réalisations. Une autre voie est donc possible, elle a même conduit à de grands succès. Les jugements superficiels sur l'histoire vous diront toujours à quel point la IVème fut mauvaise, la IIIème instable. Et pourtant, du temps de ces républiques là, et alors même que les média étaient nettement moins efficaces qu'aujourd'hui à rapprocher les citoyens de la politique, la tendance était à la politisation. Depuis trente ans, notre Vème, soit-disant si parfaite, a progressivement plongé une part de plus en plus vaste de l'électorat dans un nihilisme qui les a conduit vers le vote extrême ou l'abstentionnisme. Quel homme politique s'est sérieusement posé la question des dangers de la personnalisation extrême de la politique ? Nous avons atteint en 2007 une sorte de paroxysme, dans une espèce d'euphorie générale, sans recul, comme si finalement, l'aspect ludique de la chose faisait disparaître toute approche critique. C'est ce qu'Alain Minc appelle à juste titre l'ivresse démocratique.

mercredi, avril 18, 2007

Beaucoup de questions !

À trois jours du scrutin, il faut bien le concéder, bien malin qui connait le thème de cette campagne 2007. Et pourtant, on y comptait au 2007oscope sur ce thème. Beaucoup pouvait être dit grâce à ça. Deux mois et demi et rien ne s'est détaché. La campagne a touché beaucoup de sujets, malgré quelques sérieuses absences. Elle s'est plutôt bien déroulée, chacun a pu la mener comme il l'entendait. On n'a pas eu les excès d'une campagne à l'italienne, on en a eu d'autres. Mais qu'importe !

Il fallait un thème, on n'en a pas. La coutume se serait-elle perdue ? Peut-être que le nez dans la campagne, on est trop près pour voir ce qui s'est dessiné en grand dernièrement. L'élection passée et le recul retrouvé on pourrait le déterminer. Mouais, c'est tout sauf satisfaisant ça ! Dire le thème gagnant une fois le gagnant connu, c'est nul. Il faut trouver une autre raison. L'usage qui veut qu'il y ait un thème prépondérant n'a pas été exceptionnellement respecté dans cette campagne peut-être car cette élection est ô combien (ô combien de fois répété ici !) majeure. Et d'ailleurs, cette élection de fin de cycles a engagé un retour aux sources, avec pour beaucoup de candidats la quête de vraies valeurs. Ce retour aux sources a-t-il trouvé finalement son apogée avec la controverse sur l'identité nationale ?

Sarkozy l'a jeté sur le devant de la table quand Le Pen et Villiers l'avaient déjà préempté. Royal s'en est à son tour emparé, bien que ce la soit plutôt de l'ordre de la phraséologie de la droite. Mais qui a dit que Royal était de gauche ? Un thème de droite en tout cas, ça favorise la droite. Vaut-il mieux ne pas répondre pour ne pas laisser un thème venu d'en face se répandre ? Bayrou, lui, s'est tu. C'est là qu'il a connu le plus grand vide. Le Pen a peu fait, Sarkozy du tapage. C'est bien à ce dernier que ce phénomène a profité mais était-ce le thème de la campagne ?

mardi, avril 17, 2007

Il va trop loin - Le buzzer - Le sollipsiste

A 116 heures du résultat de la présidentielle, Nicolas Sarkozy est bien placé pour être élu président de la République. Il multiplie depuis quelques jours les prises de positions iconoclastes, pour ne pas dire contraires à l'esprit républicain français, qui inquiètent les citoyens instruits et attachés aux valeurs républicaines, mais ne semblent dérouter en aucune manière son fidèle électorat. Ni la vieille fable éculée de l'extrême droite païenne du "criminel né", ni les déclarations germanophobes sur la "solution finale" que la France n'a pas inventé, donc n'a pas à avoir honte de son passé (contrairement aux allemands qui pour l'éternité brûleront dans l'enfer de la honte historique) n'y changent quoi que ce soit.

Aujourd'hui Nicolas Sarkozy a trouvé un nouveau buzz pour continuer à faire parler de lui et à déchaîner les réactions (grotesques) des socialistes et de Le Pen : il choisit de se placer maintenant sur le terrain de la religion. Il crie à qui veut l'entendre -mais a t-on vraiment le choix ?- qu'il admire au-dessus de tout Jean-Paul II, et qu'être un bon républicain n'exclut pas d'exalter les valeurs chrétiennes en public.
Nous laisserons aux laïcards le soin de nous expliquer en quoi Jean-Paul II n'est pas forcément la personne la mieux placée pour inspirer un président de la république française, nous n'attaquerons pas ad hominen un mort, bientôt Saint de surcroît. Nous laisserons les historiens et les philosophes discuter de la pertinence de cette exaltation des "racines chrétiennes" européennes et françaises. Ce serait bien trop long.

Soulignons donc simplement à quel point Nicolas Sarkozy s'embarasse peu des traditions et valeurs républicaines, en premier chef celle de la laïcité -étant loin de son coup d'essai en la matière. Cet homme-là ne respecte rien, récupère tout, tous les hommes, de Jaurès au Pape, tous les sujets politiques ou non, il donne un grand coup de marteau pour que ça ressemble à ce qui l'arrange, il détourne, il falsifie, il sarkozyse. On est dans le parti pris philosophique : l'objectivité absolue étant chimérique, alors autant tout subjectiver, il ne fait aucun effort pour parler du monde tel qu'il est en soi, mais tel que lui le veut.

On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas : c'est selon ce monde selon Sarkozy que nous serons gouvernés pendant cinq ans -ou plus.

Hors du temps

Dans 30 jours, l'action du nouveau Président de la République pourra commencer. En effet, le mandat du - déjà ou bientôt - regretté Jacques Chirac expire le 16 mai à minuit. Nous verrons donc le mois prochain la personne élue arriver (Giscard était venu et reparti à pied), Chirac l'attendre, lui serrer la main, lui raconter deux/trois choses puis raccompagner celui-ci vers sa C6. Enfin, la proclamation et le premier discours présidentiel aura lieu. Viendront ensuite la première sortie, le soldat inconnu, et la geste de l'exécutif commencera.

On aurait dû être plus attentif en 1981, quand Mitterrand avait dit, dès ce tout premier discours, qu'il « [prenait] possession », ça montrait clairement sa pensée... On peut aussi être attentif à quelque chose de frappant d'un clip de campagne de Sarkozy : « l'action, c'est la passion de ma vie » qui apparaît comme franchement bien curieux. L'action au détriment de la pensée ? L'action comme dans les films d'action ? Mouais, plutôt original...

Pourquoi raconter déjà ce futur ? Parce qu'il est très proche, un mois c'est court, et la campagne est pour ainsi dire finie. C'est d'ailleurs pour cela que des résultats « fictifs » ont été publié avant-hier. Le 23ème Président est bientôt à l'œuvre. Le 22ème tout proche de la sortie va quitter l'Élysée... quitter aussi son paradis.

lundi, avril 16, 2007

proposition

dimanche, avril 15, 2007

«

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, il est 20 heures, nous vous donnons les premiers chiffres des résultats de l'élection.

Dans le groupe de tête, où tous dépassent les 20 %, vous trouvez pêle-mêle François Bayrou, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, totalisants 67 % des suffrages exprimés.
Vient ensuite Jean-Marie Le Pen, décroché du premier groupe, avec 16 % des voix.

Il y a ensuite un second groupe avec le reste des candidats, second groupe qui compte lui aussi une exception : Olivier Besancenot, seul à dépasser les 5 %, seul candidat de l'extrême gauche ayant su capitaliser sur la visibilité acquise ses dernières années.
Par rapport à ce que donnaient les sondages, on note un meilleure performance que prévue pour les candidats Frédéric Nihous et Marie-George Buffet grâce au sérieux dont ils ont fait preuve. 6 % à eux deux. C'est aussi le cas pour Gérard Schivardi, qui sans décoller aura pulvérisé les prédictions mais, lui, grâce au délire sympathique rattaché à sa candidature farfelue.
Reste alors quelques tristes sires qui sous-performent et leurs sondages et leurs scores d'antan au premier rang desquels Dominique Voynet et Arlette Laguiller mais on compte aussi le piteux José Bové et lamentable Philippe de Villiers.

L'engagement vis-à-vis des résultats tient sur l'appartenance aux groupes définis : premier et second, catégorisé en surprises et déceptions. L'ordre d'arrivée n'a pas été pris en compte, et il ne faut certainement pas en lire un dans ces lignes.

samedi, avril 14, 2007

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vendredi, avril 13, 2007

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jeudi, avril 12, 2007

Fin du chapelet

...

mercredi, avril 11, 2007

Deuxième session de présentation

..

mardi, avril 10, 2007

À J-12, 12 candidats

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Avec ou sans lui.

Les absents ont toujours tort. Ceci serait doublement vrai pour Sarkozy si le fameux débat proposé par Bayrou et accepté par Royal et Le Pen avait effectivement lieu. Il serait evidemment accusé d'avoir eu peur de perdre plus que ce qu'il n'avait à gagner en se lançant dans une telle aventure. Mais pire encore, les idées du candidat qui domine les sondages depuis trois mois ne seraient pas défendues dans ce qui serait incontestablement l'événement majeur de la fin de campagne avant le premier tour. Car ce n'est pas l'indigente ingéniosité des clips proposés par la plupart des candidats pour ce début de campagne dite "officielle" (quelle drôle d'idée, soit dit entre nous...) qui aidera les nombreux indécis à se déterminer, sauf peut-être pour un candidat extrême, utopiste, idiot, ou les trois condensés. Ces spots transpirent le travail bâclé, peu inspiré par un exercice devenu au fil des années fastidieux et déconnecté de l'évolution technologique. La copie rendue par certains est donc sinon décevante, du moins trop classique et bien peu naturelle pour susciter l'envie.

Mais voilà que Sarkozy nous prive, à lui seul et sans que cela fournisse matière à réflexion et à critique pour les autres, d'une fraîcheur politique dont on aurait pourtant bien besoin. Il semble miser sur l'ennui dans cette dernière ligne droite, en appliquant là les conseils du tandem Mitterrand-Moati qui cherchait à rendre le débat d'entre-deux-tours toujours plus ennuyeux pour le téléspectateur afin de provoquer le statut quo dans l'opinion, grâce notamment à des techniques télévisuelles sans relief ni piquant. Alors pourquoi ne pas briser cette stratégie en organisant le débat, mais sans le stratège? Quelle serait sa capacité de réaction face à l'effet de surprise? Il a certes déjà dû y penser mille fois, en maudissant Bayrou d'avoir émis cette idée publiquement pour le destabiliser. Le risque de se faire caricaturer, en laissant le champ libre à Le Pen comme seul candidat de la droite présent au débat, est évidemment immense, et doit lui donner des sueurs froides. Le danger de ne plus imprimer le tempo en ayant délibérément choisi le camp de l'immobilisme réprésente un autre écueil à cette tactique, au fond footballistique, qui consiste à conserver le score jusqu'au coup de sifflet final. Changerait-il du coup d'avis? L'urgence de riposte dans laquelle il serait alors projeté permettrait plus encore de tester la personnalité profonde d'un candidat à l'empreinte génétique trouble. En tout cas, bien malin celui qui bousculera sa défense de la sorte. En 4-3-3 plutôt qu'en 5-4-1.
En effet, du pain et des jeux reste un principe essentiel en politique. Le peuple conserve toujours en lui une inclination un peu romaine au bon spectacle divertissant, préférant deux gladiateurs qui ferraillent dur à un refus de combattre ou à une opposition savamment édulcorée. En témoignerait la consultation à coup sûr démentielle du site qui diffuserait le débat sur Internet, qui ferait le plein comme jadis le Colysée amassait la foule. L'effet d'un tel débat-affrontement va donc au delà du simple échange d'idées puisqu'il constitue, comme dans l'Antiquité, par sa dimension spectaculaire, une vivacité démocratique et même un ciment national autour duquel les citoyens se retrouvent, échangent. Il crée et raffermit le lien dont on a aujourd'hui plus besoin que de la quête identitaire stérile, véritable recherche toujours discutable d'un plus petit dénominateur commun. Il est élément de la fierté d'une démocratie qui se porte bien aux yeux de tous et du monde.
Ainsi, Sarkozy doit à présent se méfier de l'optimisme cornélien. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. En politique, il se peut même qu'on ne vainque pas.

vendredi, avril 06, 2007

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jeudi, avril 05, 2007

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mercredi, avril 04, 2007

Honteux

Et ça l'est pour plusieurs raisons. Premièrement pour nous, public, citoyens : nous n'aurons pas de débat entre grands candidats avant le premier tour... et la raison, on la connait. Alors que Bayrou proposait - en habitué - de le diffuser sur internet, pour échapper aux règles d'égalité de temps de parole entre tous les candidats, tout en respectant l'égalité à l'intérieur du débat qui aurait certainement rassemblé les quatre « lourds » de l'élection, Sarkozy refuse tout net. On nous prive de débat, c'est une honte !

Ensuite, pourquoi nous en prive-t-il ? L'argumentation officielle développée par Sarkozy c'est que le choix des candidats est forcément « artificiel ». Autrement dit, c'est 12 ou rien... Honteux là encore, quand on se rappelle que la dernière fois qu'il avait refusé un débat avant le premier tour c'était il y a seulement 10 jours. À l'époque, il affirmait qu'il était trop tard, parce qu'à 12, un tel débat ne pouvait avoir lieu. Il ment donc honteusement aujourd'hui (tiens, Royal aurait raison ?). Autant il avait raison de refuser l'impossible débat à 12, autant aujourd'hui quand la solution d'un débat restreint est avancée, il est pitoyable de le refuser.

Officieusement, pourquoi ? Dur de devoir combattre un Le Pen dont il est le plus proche de tous les candidats sérieux depuis 20 ans ? Impossible de contrer une Royal bien inconsistante et contre laquelle il espère préserver ses arguments dévastateurs pour l'entre deux tours comme il l'espère ? Ou bien craint-il qu'effectivement, ce soit avec Bayrou que l'échange sera le plus combatif et que donc, le corps électoral se rende compte d'une rivalité plus grande entre eux ? En effet, Sarkozy est au plus haut. Il n'a rien à prouver, il a beaucoup à perdre. Il refuse donc le débat. Il met les pas dans les traces du Chirac estampillé 2002. La rupture se tranquillise, elle se paralyse...

mardi, avril 03, 2007

Substitution

Puisque les candidats refusent d'aborder le thème de la Justice attaquons-le !

Déterminons sa fonction. Déjà, il faut réaliser la classique distinction entre la notion de justice et la Justice en tant qu'institution. C'est donc à cette seconde que nous nous intéressons. La Justice n'a ni pour fonction ou objectif d'être juste selon le concept de ce qui est juste. Non, la Justice n'a qu'un but : maintenir la cohésion sociale.

Quand le juge rend la justice, il permet de trancher un débat, un litige pour éviter que les parties prenantes ne le tranchent elles-mêmes dans la violence. La Justice est là pour conserver un climat apaisé des relations entre les personnes de la société. Cette fonction est d'ailleurs encore plus évidente lorsqu'il s'agit de la fonction pénale de la Justice.

Mais alors, si la Justice est là pour que la société ne s'autodétruise pas, peut-on établir parallèlement que si la société est minée et au bord de l'affrontement c'est qu'elle manque de Justice (la distinction d'avec la justice - et notamment l'ordre juste - a toujours cours !) ? Probablement mais, attention, non-exclusivement.

Quand on connait les classements des systèmes judiciaires des pays développés, quand on sait que la France y est toujours depuis des années et des années tout en bas, quand on sait que le budget par habitant a un rapport du simple au double, qu'il manque plus légitimement que dans d'autres administrations des postes, que l'effort consenti pour reconnaître le travail fastidieux n'est pas à la dimension des enjeux et que l'efficacité de traitement est faible, eh bien quand on sait tout ça, on se demande pourquoi les candidats n'en parlent pas, on se demande pourquoi il n'y a personne qui mette en exergue le problème comme majeur et majeur pour les conséquences sur l'état de notre société.

La société française est malade de sa Justice en panne.

lundi, avril 02, 2007

Là au bon endroit

Même si ça n'est pas le thème majeur de la campagne, l'identité nationale a agité les esprits pendant trois semaines. Sacré tour de force pour Nicolas Sarkozy. Avant l'émission de l'annonce de la création du ministère, il était dans une période de basses eaux, tout l'intérêt était porté sur la candidature et encore plus sur l'ascension rapide de Bayrou dans les sondages. Après, il a lancé la polémique et a provoqué des réactions en chaîne autour de lui, de sa proposition. Cette manœuvre a recentré Sarkozy. Royal a suivi, avec quelques farfelitudes mais Bayrou s'y est refusé. Drapé dans son costume de « je ne touche pas à ça », il s'est volontairement exclu du débat. En s'enfermant dans le silence, il a disparu et s'est effacé. Conséquence directe, baisse pour lui dans les sondages alors que la base de Sarkozy a été renforcée.

Mais voilà donc François qui veut faire le coup de Nicolas. Il propose la suppression de l'ENA, cette grande institution forgée au moment de la Reconstruction. Il remplit bien les conditions de symbole et de provocation qui ont réussi à Sarkozy. De plus, ça a l'avantage de coller à son programme anti-système. Reste maintenant à savoir si, comme pour Sarkozy, ça va prendre. On pourrait être tenté de dire non car peu voudront s'y opposer car beaucoup sont énarques. Ils viendraient alors défendre des intérêts corporatistes et ce serait très mal vu. Même s'il y a à nouveau de l'espace dans la campagne, la suppression de l'ENA ne va pas occuper les débats. C'était bien tenté, mais ça va rester ignoré.

Le tapage vicinal

Dernièrement, on a pu être surpris de l'activité d'Angela Merkel, Chancelière fédérale allemande. On l'a vue se déplacer de négociations en négociations dans l'affaire Airbus et le plan de redressement qui affectera l'emploi de cette entreprise en Europe. Au final, l'Allemagne sera moins affectée que prévu. La semaine passée, les 50 ans du Traité de Rome étaient fêtés à Berlin - certes parce que c'est au tour de l'Allemagne d'assurer pendant six mois la présidence de l'Union européenne - et cela vient symboliser l'action menée par Merkel en faveur d'une relance d'un traité ambitieux sur le sujet. Depuis peu, elle entreprend au Proche-Orient de développer une diplomatie allemande sur la question. On constate que ça bouge. L'Allemagne n'est plus la même, ça change.

Alors ça surprend. Eh oui ! Il faut dire que ça surprend beaucoup principalement parce qu'on n'y est pas habitué chez nous. Voir le sommet de l'exécutif s'activer en permanence sur les dossiers n'est pas courant. Et là, l'Allemagne joue dans la politique internationale comme peu ces derniers temps. Merkel vient prendre une partie du rôle de la France dans le fonctionnement du couple traditionnellement moteur de l'Europe. Ça a toutes les raisons de déstabiliser. Ça laisse espérer qu'il y aura aussi en France un exécutif actif, partie prenante dans les grandes questions et acteur volontaire du changement.