jeudi, mai 31, 2007

Mots de campagne

« Il nous faut une gauche coriace et nous le serons » ... Difficile d'imaginer que c'est là une phrase de François Hollande et pourtant si. Lui qui n'a rien incarné d'autre que le consensus mou prendrait des allures de galvaniseur chef de l'opposition. On se pince ! Et pour savoir si l'on rêve, et pour ne pas se moquer de celui qui a été appelé « fraise des bois » et dont l'action a été caractérisée comme caoutchouc...

« On ne fera pas d'écologie sans les écologistes » Slogan bien connu des Verts mais qui est de plus en plus rappelé dans cette campagne tant les électeurs qui portent en eux l'écologie se détournent du vote Vert. Si les verts faisaient de l'écologie, ça se saurait, et on voterait pour eux. En attendant, il en existe beaucoup d'indépendants qui remplissent bien mieux leur rôle.

« Monsieur le Ministre », adresse en direction de Nicolas Sarkozy, le Président dont on a du mal à se rappeler la fonction, tant 12 ans d'habitude ont installé un autre homme à cette place, et tant il n'habite pas le personnage présidentiel. Il veut rompre, ça se voit. Il a rompu. Cet homme voulait faire différemment (oublions le « Présider autrement » de Jospin...), c'est le cas, il ne préside pas. J'irai même jusqu'à dire que l'on n'assiste pas à une présidentialisation du régime mais à une premier ministrisation de la fonction présidentielle. C'est un abaissement à la hauteur de Sarkozy dont le portrait officiel, qui sera commenté demain, est un bon exemple.

mercredi, mai 30, 2007

Quid novi ?

Hier, le parti Nouveau centre a été créé. Nouveau centre, un nom plus court que le Parti social libéral européen. Mais qui est le centre ? Bayrou. Qui est le nouveau parti du centre ? Le Modem. Le Nouveau centre apporte-t-il des personnalités nouvelles ? Non, seulement des dissidents de l'UDF qui commençaient déjà à avoir une visibilité. Porte-t-il des idées nouvelles ? Social, libéral, européen, ... Voyez-vous du nouveau là-dedans ? Absolument rien.

Bref, ce parti, c'est « du Bayrou... mais sans Bayrou » ! C’est « du Bayrou avec Morin », bombardé ministre des Armées, qui se paie le luxe, à l’exemple d’un certain François, de se tailler un parti pour lui. C'est aussi « du Bayrou avec Sarkozy », un pôle de la majorité qui vient atténuer la future large victoire du parti UMP. On ne se demande pas si ce parti ne nous prend pas un peu pour des simplets. Peu importe, c’est de toutes façons plus grave pour lui, il finira mal. Comme aujourd'hui les ralliés UDF de 2002 à l'UMP sont ignorés, demain, les ralliés identifiés PLSE seront les nouveaux c... du personnel politique.

mardi, mai 29, 2007

Et ça continue encore et encore

Il ne faut pas oublier que la rue de Solférino fut nommée ainsi en souvenir d’une victoire militaire française. Ce rappel est bon car ce nom est dorénavant associé aujourd’hui à la défaite. Trois élections présidentielles perdues, et bientôt à nouveau les législatives. Ça va mal. Il ne reste qu’un sergent pour conduire la troupe. Il est bien seul mais il n’a pas trop fait pour que ce soit autrement. Tous les autres membres au quartier général le laissent mener l’affaire puisqu’elle conduit à l’échec. Ils se cachent bien gentiment. Oh, ça, on les avait bien vu au soir du 22 pour critiquer, ils paraissaient, tels des colonels, prêts à tout relever et puis, comme d’habitude, ils préfèrent attendre un peu…

Sauf que de l’autre côté, il y a Royal. Et l’ex-aspirante, elle, ne reste pas inactive. Déjà elle reprenait l’initiative le 22, mais devant le boulevard d’action que lui laissent les anciens majors DSK et Fabius, on voit difficilement comment elle pourrait ne pas occuper le premier rôle. Eux pensaient que si elle se plantait, ils pourraient la dégager. Mais c’est faire fi de la majorité de ceux qui l’ont portée, c’est faire fi de la dimension nouvelle qu’elle a acquise en endossant une candidature pour solliciter la conduite de la France. L’impact qu’elle a eu n’est pas surmontable, d’autant qu’une fois encore, ils la laissent libre de jouer son petit jeu. Le pouvoir revient à celui qui est assis sur le trône, pas à ceux qui s’en éloignent pour ne pas être éclaboussés mais qui vocifèrent de loin négligeant la différence entre le dire et le faire.

lundi, mai 28, 2007

Citation

« Qui peut tout dire, arrive à tout faire ! Cette maxime est de Napoléon et se comprend » Balzac

dimanche, mai 27, 2007

Qu'est-ce qu’on attend pour bombarder Khartoum ?

Quand en 1998 les Européens voyaient la Serbie et son Président, ils n’ont surtout pas voulu que recommencent les histoires balkaniques qu’ils n’avaient su contrer quelques années auparavant. Ils ont alors bombardé Belgrade, et le régime de Milosevic est tombé. L’ONU a endossé ses responsabilités, avec en premier lieu Kouchner.

Aujourd’hui, on voit le Soudan et son sale gouvernement, est-on capable d’accepter à nouveau que recommence une histoire de génocide comme au Rwanda, génocide contre lequel on avait eu tant de mal à intervenir il y a plusieurs années ? L’histoire est trop proche pour que l’on ne s’en souvienne pas et l’analogie sur les désastres de l’inaction est trop aisée quand de nos jours on ne parle que d’ingérence et de projections de force.

Quand va-t-on bombarder Khartoum ? Allez Kouchner, un peu de mémoire, un peu de conviction, un peu de courage, un peu d’action.

samedi, mai 26, 2007

La mue de l'UDF (2)

Ce groupement politique prend donc, dès sa création, la forme de ses origines : être une marque ombrelle. Avant, c'était l'UDF qui couvrait les autres (UDF-CDS, UDF-PR, etc.), maintenant c'est le Modem. Un Modem qui recouvre, ironiquement, l'UDF (ou plus exactement la Nouvelle UDF) soit UDF-Modem, le parti représenté par Lepage soit Cap 21-Modem, ou encore Modem tout court pour les nouveaux de la société civile, culturelle ou sportive (comme il existait UDF tout court dès le temps de Giscard).

C'est donc à partir d'un bloc purifié qu'un nouvel alliage est maintenant forgé. « Tout change parce que rien ne change » nous dirait Jean-François Kahn.

En effet, la raison d'être de l'UDF était de créer un parti pour un homme entre deux grands courants. N'est-ce pas là le cas ? La structure première était celle d'une bannière commune ralliant diverses étiquettes. Est-ce autre chose qui se crée ? C'est donc une mue par un changement de nom (remarquez tout de même que la notion de démocratie reste présente dans le Modem comme elle l'était dans l'UDF), par un renouvellement des idées et des personnes, afin que dans le fond, cette politique se fasse sur la même trame.

C'est une fausse mue, et c'est donc peut-être la plus réussie.

vendredi, mai 25, 2007

La mue de l'UDF (1)

Examinons comment Bayrou a métamorphosé en cinq ans l'Union pour la démocratie française en Mouvement démocrate.

Il a premièrement pris en 1995 un satellite de l'UDF : le CDS. Il l'a aggloméré d'un petit parti de centre-gauche (déjà !) pour en faire la Force démocrate (un soupçon sur l'origine du nom ?). Puis, en 1998, il a pris le parti lui-même. Il l'unifie et fonde la Nouvelle UDF. En 2002, il s'oppose à la volonté de création d'un parti unique de la droite et du centre. Il arrive ainsi, par la recomposition des alliances et par des fusions en blocs, à un ensemble homogène.

La stratégie d'autonomie et d'émancipation qu'il a toujours mené, et dont le premier exemple fut la liste séparée pour les européennes de 1999, le conduit à s'émanciper de la majorité présidentielle pendant la dernière législature. Cette nouvelle stratégie donne du souffle et produit l'élan de l'élection présidentielle de 2007 où il commence à rassembler (et non pas rallier hein !) d'autres personnalités comme Lepage.

Arrivé aujourd'hui à une élection moins personnelle, il a fondé hier le Modem qui présentera plus de 500 candidats.

jeudi, mai 24, 2007

Les Guignols

Le personnage de Chirac aux Guignols a vraiment quelque chose d'attachant. En 15 ans, Chirac a autant fait vivre les Guignols qu'ils lui ont servi. En effet, entre le « boulot de dans deux ans » et les deux mandats, il aura occupé le devant de la scène, bien mieux (car sa caricature est plus marrante) que tous les autres. Preuve est, alors que l'émission s'installe à Cannes, cette série d'hommage cinématographique à sa carrière quotidienne. Alors que Chirac est parti, il occupe tous les soirs une partie de l'émission, il serait comme irremplaçable !

Les Guignols ont su jouer des facéties et du caractère « sympatoche » de Jacquot. Certes ça l'a servi (notamment en 1995 en amplifiant les écarts de personnalité avec les autres candidats), mais ça a largement permis aux Guignols de rester marrant, ce qu'ils ont eu énormément de mal à faire avec Sarkozy ces dernières années. Pendant la période cannoise, celui-ci intervient régulièrement sous forme d'« allocations officielles », avec la musique des jet-setters de Massimo Gargia, sur un yacht, toujours très bien habillé. Et Sarkozy devient tout bonnement plus rigolo. Les auteurs ont peut-être compris que quitte à avoir Sarkozy au premier plan pendant 5 ans, autant tourner les choses du mieux que possible. On verra à l'usage.

mercredi, mai 23, 2007

Voilà, c'est dit

Il l'a lâché. Le premier comptable de France l'a dit : il faut faire une pause dans la réduction des déficits. « On devrait pourvoir tenir, je l'espère, en tout cas on va y travailler dans les semaines qui viennent, les objectifs de déficit et de dette sur l'année 2007. La dette n'augmentera pas cette année » a assuré Éric Woerth ce matin.

On savait que la dette n'a jamais été une priorité de Sarkozy. En 1995, ministre du Budget, il laissait les finances publiques dans un état minable. L'audit demandé par le nouveau gouvernement à son arrivée a même surpris ses membres tant l'ampleur des déficits était inattendue (-5,5 % du PIB). Cela a compromis l'action sur la fracture sociale de Chirac car Juppé, lui, avait pour objectif de se qualifier pour l'euro. En deux ans, il ramena de -5,5 à -3 % du PIB le déficit budgétaire.

Pour un certain Jacques, la position est claire. En déplacement à Montpellier, le 4 octobre 2001 (au cours d'un dialogue auquel participa un certain Alain...), il s'aventura à dire : « Je crois que le déficit budgétaire est la forme la plus insidieuse et la plus dangereuse de l'anémie et qu'il conduit forcément au plus grand affaiblissement. Cela consiste tout simplement à faire payer par ceux qui nous suivent ce dont nous profitons maintenant. Mais, à ce moment-là, nous avons avec le système des intérêts une dette qui s'accroît considérablement. C'est de toute façon une politique déraisonnable. Je crois que plus personne n'en doute réellement aujourd'hui. »

La courbe de la dette de la France ces dernières années montre que cette priorité s'est un peu effacée l'année suivante... Mais on ne peut contester que c'est lui qui a voulu Breton en ministre et que son action a été tout à fait salutaire, lui aussi qui a placé Villepin et ses conférences sur la dette. En tout cas, elle révèle bien l'action de Sarkozy en la matière...Enfin, les Français ont choisi Sarkozy, pas Bayrou, ni Royal (qui évoquait timidement mais sans aucune crédibilité ce problème).

mardi, mai 22, 2007

À l'attaque

La campagne a commencé, et c'est l'exécutif qui s'est lancé le premier, fidèle au rythme imprimé par le Président (j'essaie de me faire à cette nouvelle appellation moi qui n'ai vraiment connu qu'une seule figure tutélaire) qui a lui même envie de s'impliquer, avec la fameuse passion de sa vie : l'action, qui est ici la campagne. Bref, onze ministres vont au combat. Pas Kouchner, bien sûr ! Il a toujours perdu alors, comme la règle est la suivante : tu pers, tu dégages, Bernard ne risque pas de se mouiller.

Cette conception d'avoir un gouvernement nommé par le Président qui reçoit aussi l'investiture du peuple par l'élection est une bonne chose. Mais elle met en danger l'ami Juppé, le protégé chiraquien retourne en terre bordelaise, terre d'échec pour Sarkozy. Ah Juppé, le « meilleur d'entre nous », dont la présence ne sied pas à tous les Français. Dimanche, chez Moati, il l'a pourtant prouvé en étant efficace, convaincant, badin aussi (oui oui). Bref, une vraie posture de présidentiable (dont il aura encore l'âge pour l'investiture dès 2012 à seulement 66 ans...) qui tranche avec l'équivoque portrait officiel dont il faudra rediscuter plus tard. Il prend en charge l'un des quelques grands dossiers qui en vaudront la peine face à l'Histoire et il apparaît comme capable, avec presque ce petit supplément d'âme qui en ferait un prédicateur.

C'est l'un des chantiers du siècle, il faut s'y atteler, au boulot !

lundi, mai 21, 2007

Entracte

C'est aujourd'hui le début de la campagne pour les élections législatives, et bien évidemment, le 2007oscope continue sa route et vous accompagne pour les deux scènes de ce deuxième acte politique de l'année.

La France a véritablement choisi un Président qu'elle a voulu, en fonction de la situation et de ce vers quoi elle veut se projeter. Celui-ci a nommé son gouvernement. Nous avons donc un nouvel exécutif. Maintenant commence l'élection pour nous doter d'un nouveau législatif.

Il y aura probablement moins de coups d'éclat durant cette deuxième période, les choses se passeront plus en douceur, mais c'est toute la trame d'un quiquennat (malgré la volonté du Président actuel qui copie en cela son prédécesseur contre qui il a déjà procédé ainsi) qui se construit, avec au bout l'élection présidentielle de 2012 qui se profile.

dimanche, mai 20, 2007

Les mal classés ou les déclassés

C'est donc la dernière partie de commentaires sur le nouveau gouvernement.

Tout d'abord, un mot sur un ministère qui a failli ne pas être représenté : celui de l'agriculture. Cela montre bien le changement d'attitude inhérent à ce changement de génération sarkozÿen. Effectivement, la ruralité, c'est tout le contraire de son style de vie, alors forcément il n'est pas touché. Mais le tourisme, quand même, ça lui connaît ! Comment se fait-il que le ministère du tourisme ait disparu avec ce changement de gouvernement ? Ça reste la première activité (ou secteur d'activité tout dépend des découpages) de France, autant le tourisme interne (que devait favoriser les 35 heures) que celui des étrangers. Bref, ça n'est pas perçu comme stratégique, alors que ça l'est.

Parmi les mal-classés sont ceux à qui n'ont échu que des secrétariats d'État, faute du numerus clausus de 15 ministres. Karoucthi : apparu dans les reportages de coulisses de la campagne, plutôt rigolo... à voir. Besson : un traître en ministre est malvenu. Bussereau : pour seconder un Juppé aux trop vastes domaines d'action. Jouyet : homme de gauche pour seconder Kouchner, ça colle ; ami du couple dirigeant socialiste pour le plomber, bien joué. Hirsch : surprenant, mais compétent et à sa place à ce poste.

Et parmi les déclassés, les amis déçus, les proches refoulés : Devedjian, que l'on aime tout particulièrement dans ce blog, et dont on ne regrette donc pas l'absence. Lellouche, un bel atlantiste qui devait se rêver à Orsay. Lui ou Kouchner, le résultat pour l'Irak était le même. Mais Kouchner, ça marque bien mieux que Lellouche.

samedi, mai 19, 2007

Les ouvreurs

Après la présentation générale qui s'imposait, on peut s'intéresser plus particulièrement aux ministres d'ouverture (selon l'expression d'un Mitterrand bien réélu en 1988 mais dont l'idéologie socialiste ne passait plus bien et qu'il a donc fallu suppléer). Ils sont deux : Kouchner et Morin. Deux, car on se limite à l'ouverture formelle, on sait bien qu'il y a des ministres UMP qui en bénéficient aussi !

Bernard Kouchner donc, ministre des Affaires étrangères. C'était, à 67 ans, sa dernière chance de devenir ministre, car le changement de génération fait que la prochaine fois il sera au placard. Une occasion formidable qui plus est, car le Quai d'Orsay fait beaucoup rêver. C'est un homme d'envergure internationale, qui connait les rouages des grandes organisations, qui y est connu. Il apportera une bonne visibilité à la politique de la France, autrement meilleure que Douste. Il a donc accepté parce que c'est son terrain de jeu favori et car il avait, dès la fin 2006, accepté le principe d'une participation dans un gouvernement d'union nationale. Vraiment visionnaire ce Kouchner ! Sarkozy lui a proposé car c'est dans sa tactique (le mot stratégie serait trop honorifique) de l'ouverture et encore mieux, ça donne un beau glacis d'« ingérence » à un « suivisme de l'interventionnisme états-unien ». Eh oui, Sarkozy comme Kouchner n'ont pas désapprouvé la cavalcade américaine en Irak. Toujours est-il que le PS l'a remercié. C'est d'ailleurs la première fois que le PS le remerciait, même si c'était au figuré. Elle n'a jamais digéré cet insoluble, très populaire mais incapable de se faire élire député, qui a appelé à voter pour la liste Tapie en 1994 alors qu'il était sur la liste Rocard... Bref, cet homme n'est pas un soldat. Ça donnera un bon motif à Sarkozy pour le limoger le moment venu.

Hervé Morin enfin, ministre de la Défense. La quarantaine séduisante lui permet de rentrer dans un gouvernement, lui l'ancien lieutenant de François Bayrou qui a mené une campagne sans équivoque. Chacun appréciera la conviction de cet homme (Kouchner n'ayant pas chaudement défendu Royal) qui aura su saisir opportunément le poste qui propulse sa carrière. Reste que ce ministère régalien est dans les attributions présidentielles, on verra à l'usage la place qui lui est finalement concédée.

vendredi, mai 18, 2007

Tout nouveau, tout beau

Fillon Premier ministre. Cette décision est approuvée par six Français sur dix. Un score un peu étonnant... ou pas. Finalement, Fillon, c'est presque un Raffarin, un personnage en somme peu connu, et qui donc passe plutôt bien. Enfin, il semble aussi qu'il soit lisse : Blair et Sarkozy se rencontrent, il est de la tablée, on ne le voit pas dire un mot. Sarkozy a pris un effacé, ça l'arrange bien.

Pour ce qui est du gouvernement : quinze ministres, donc un impair. La parité est donc simulée. Huit femmes, sept hommes plus un Premier ministre masculin aurait mieux fonctionné.

Pas de Vice-Premier ministre et pas de modification constitutionnelle en vue non plus, tant mieux ! C'était la seule proposition du pacte Hulot peu porteuse de sens (même si c'était la première) et sans réelle conséquence. À la place, Alain Juppé qui récupère la mission prend le titre républicain de ministre d'État, ça compense. Puisqu'on parle de lui, le tout nouveau tout beau lui fait défaut !

Borloo : RAS. MAM : toujours un grand ministère. Kouchner : on voit ça demain. Hortefeux : il fallait bien refiler le ministère de l'immigration et de l'identité nationale à un proche, un ami accepte plus facilement l'impossible. Dati, la magistrate : dans son domaine d'origine, la Jutice. Bertrand : le porte-parole calme et tout en rondeur sera à sa place pour négocier avec les syndicats, et ça promet de barder. Darcos : RAS. Pécresse : mise en avant à l'UMP, elle bénéficie de la parité. Morin : son cas sera aussi traité demain. Bachelot : bonne cliente des médias, remise dans le lot mais à un ministère moins porteur. Boutin : récompensée de son ralliement très ancien au patron. Lagarde : rare sortante reconduite à un ministère de l'Agriculture dont la reconduction n'était pas assurée. Albanel : autre femme avancée pour faire le chiffre, néanmoins gratifiée du « porte-parolat ». Woerth : déjà aux comptes à l'UMP, il se chargera de ceux de la nation.

On parlera ultérieurement des « déclassés ».

mercredi, mai 16, 2007

Simplement

En cette journée de passation de pouvoir, j'évoquerai sobrement le faste et la pompe que la République sait déployer pour être à la hauteur de la grande histoire du pays dont elle est le régime.

Le décor, les cortèges, la salve... la nation sait s'offrir une solennité pour marquer l'entrée en fonction de son nouveau Président, et elle a peu à envier aux traditions des autres pays. La nôtre s'est enrichie au fur et à mesure des siècles, depuis la monarchie et les empires, il en reste un pouvoir qui revêt des habits qui en imposent, pour établir sa hauteur et produire du rêve.

samedi, mai 12, 2007

Bonjour, vous êtes bien, vous êtes vraiment bien sur le 2007oscope, et c'est l'article numéro 300. Déjà, hé oui !


À demain sur le 2007oscope, le site où vous êtes décidément si bien et, me dit-on, de plus en plus nombreux à nous suivre en France et dans le monde.

vendredi, mai 11, 2007

Chirac : le premier Président à faire baisser le chômage

Voilà un titre qu'il est frappant. Mais c'est une claire vérité !

De Gaulle a quitté le pouvoir avec plus de chômeurs dans le pays qu'à son arrivée puisque, par définition, les chômeurs n'ont été comptabilisés qu'à partir de 1967 (et la création de l'ANPE... par Chirac justement !)
Pompidou aussi est parti avec plus chômeurs qu'à son entrée en fonction.
Valéry, lui, avait vu, pendant son mandat, le chômage se hisser de presque 5 points à 7,5 % de la population active.
Mitterrand fut le Président du passage à 2 puis 3 millions de chômeurs, avec un taux maximal à 12,3 %. Un Président qui a réussi le tour de force de présenter deux augmentations à la fin de ses deux mandats.

Tout l'inverse de Jacquot ! Chirac a été investi la première fois à 11,3 %, et la seconde à 9,0 %. Son premier mandat est donc le premier mandat présidentiel à se révéler profitable à la lutte contre le chômage. Et le plus fort c'est qu'il a enchaîné : il quitte aujourd'hui le pouvoir avec un taux autour de 8 et demi. Soit encore une baisse. Rien que pour ça, il faudrait réclamer qu'il reste pour un mandat de plus !

jeudi, mai 10, 2007

Les 100 jours

Oui, mais ce ne sont pas ceux de Sarkozy comme tous les journaleux s'amusent à dire, sans fondement à leur comparaison. Ce sont ceux de Bayrou, évidemment ! Le 22 avril a sonné son abdication et faute de pasteur pour les rassembler au second tour, ses brebis se sont dispersées. Bayrou était obligé de gagner à défaut de conduire des millions de Français dans l'impasse de la défaite, avec en rançon humiliante une drague morbide.

Alors, comme Napoléon qui signa son abdication à Fontaineblau avant de revenir pour une campagne fulgurante, Bayrou repart aujourd'hui au combat, avec une armée décimée, pour partie à terre ou pour partie ralliée au nouveau roi. Il tente tant bien que mal de la structurer pour espérer éviter la déroute qui à Waterloo causa la dispersion des soldats français dans la campagne belge.

Le troupeau rassemblé le 22 avril est volumineux, il a besoin d'un bon berger. Ce qui lui manque, ce sont les patous - ces bons chiens de garde pyrénéens - pour savoir donner de la voix dans les médias et garder le troupeau groupé et éloigner les loups. Mais, autant des députés ont suivi Bayrou en 2002 - et ils étaient peu -, autant beaucoup n'ont pas envie cinq ans après de revenir au même point, repartir de rien. Car comme en 2002, il faut désespérément parvenir à constituer un groupe à l'Assemblée. On peut alors comprendre qu'ils aspirent au repos d'une élection dans un bon fauteuil. Mais ils trahissent leur chef.

Et c'est la différence avec Napoléon, c'est que ses maréchaux s'étaient tous ralliés à lui. L'autre différence aussi, c'est qu'avant de connaître Saint-Hélène il connut Elbe. Et Bayrou n'est même pas certain de connaître le repos de cette île. Ça le laisse songeur, déçu mais toujours déterminé.

mercredi, mai 09, 2007

Le statut de l'opposition

Pendant le débat Royal-Sarkozy, un « point de convergence » (puisque c'est ainsi qu'il faut maintenant dire) est apparu, concernant une plus grande importance du rôle accordé à l'opposition, chacun faisant une proposition en ce sens. Puisqu'une seule s'appliquera (si c'est effectivement tenu), n'évoquons que celle de Sarkozy, qui consiste notamment à donner la présidence de la commission des finances à un membre de l'opposition. Passons sur la nouveauté de la chose pour regarder sa mise en application. Comment cela va-t-il se dérouler ? La majorité mettra son poids pour entériner le choix de l'opposition ou s'abstiendra-t-elle ? Selon la façon de faire, il y a un véto possible. Mais « j'irai encore plus loin » (formule consacrée par Nicolas pour éviter un « de surcroît » trop littéraire) en me demandant : mais quelle opposition ?

En effet, Sarkozy a annoncé qu'« [il voulait] un véritable statut de l'opposition » et peu importe que cela soit entériné par des textes ou mis en valeur par une pratique : l'opposition c'est qui ? Tous ceux qui ne votent pas la confiance ? Dans ce cas, si la majorité présidentielle s'impose, il y aura la gauche et Bayrou (on ne peut pas dire la gauche et le mouvement démocratique tant il est hypothétique qu'il bâtisse un groupe sérieux, en revanche, Bayrou au moins devrait gagner son siège). Et à moins d'un accord, ça n'est pas la même opposition. Et puis, pour les prochaines élections, si la dose proportionnelle est instaurée pour les législatives, il pourra y avoir une opposition du FN si le gouvernement est de droite ou de LCR s'il est de gauche. Il y aurait toujours au moins deux oppositions. Bref, beaucoup de questions pour un titre « statut de l'opposition » qui ne semble être qu'une chimère.

mardi, mai 08, 2007

L'opportunité étrangère

La campagne finie, les journalistes établissent des calendriers et répertorient les promesses. Ils omettent souvent une vision du bientôt proclamé Président. Elle date d'il y a trois mois. Elle est toute simple mais très floue, c'est l'union autour de la Méditerranée.

Est-ce là l'intuition politique géniale qui façonnera le monde des cinquante prochaines années ? En tout cas, c'est cette ambition que Sarkozy lui a donné, puisqu'il la compare trait pour trait avec l'Union européenne, avec laquelle la nouvelle institution devrait trouver des synergies. Quel est son but ? Il semble que l'idée ait germé à la suite du dernier sommet Euro-Méditerranée qui fut un fiasco car les Européens ne voulaient discuter que d'immigration. Intéressant pour les partenaires... Ainsi, cette nouvelle union devrait aller au-delà. Elle devrait aussi de ramener dans le jeu la Turquie, il est vrai historiquement très présente en Méditerranée (bien plus à l'évidence qu'en Europe), que le même Sarkozy compte clairement refuser dans l'UE.

Certains diront « pourquoi une nouvelle union ? ». Il est certain qu'il en existe déjà une et que cet avatar semble lui permettre de s'agrandir encore, mais sans le dire. C'est justement là l'intérêt ! Et surtout, cela permet de former les cercles, parfois concentriques, parfois qui se recoupent, qui formeront le monde multipolaire de demain. D'autres avanceront qu'avec la Grèce ou l'Algérie, il y aura des problèmes pour la Turquie. Mais l'Espagne, l'Italie et bien évidemment la France ont aussi colonisé les pays de l'autre rive. La place de la Turquie est donc toute trouvée !

Nicolas Sarkozy a cette volonté. C'est une ambition à la hauteur de la fonction du Président de la République, et puis c'est surtout du ressort de ses compétences. Il est le seul à développer cette idée et puisque son ami Bouteflika l'aime beaucoup (...), étant donné qu'il a la « passion de l'action », il devrait faire quelque chose. C'est une piste à explorer, une possibilité nouvelle pour la diplomatie française, comme il n'y en a pas eu depuis des décennies.

lundi, mai 07, 2007

Et pendant ce temps-là... au Parti socialiste... ...

Nous avons légitimement parlé hier du vainqueur de l'élection, mais déjà nous n'oubliions pas l'intensité du début du combat qui s'ouvrait au Parti socialiste. En effet, hier soir, Royal a démarré très fort, avant même le coup de sifflet, puisqu'avant l'annonce des résultats elle réussissait le tour de force de ramener toutes les caméras sur sa personne. Les résultats des sondeurs tout juste annoncés par les grands médias qu'elle y réagissait avec une vélocité record. Elle a tout fait pour braquer les projecteurs sur elle et pour que, se positionnant la première, en chef de l'opposition, les autres soient obligés de le faire par rapport à elle. Cette stratégie, par celle qui « fait de la politique autrement », est tout simplement celle des grands ambitieux qui ratent au début comme Mitterrand ou Chirac, que de grands modèles de rénovation...

Mais la riposte fut puissante (à défaut de maîtriser le chrono, on ajuste l'intensité). DSK a envoyé la purée et Fabius a dégommé la sauce. Sur d'autres plateaux l'impuissant du PS, Hollande, ainsi que le grand guignol de la gauche, Lang, se répandaient en débiles paroles qui ne pourront plus les sauver. Depuis cinq ans, Hollande a tout fait pour qu'il ne se passe rien. Rien, rien, rien. Le vrai « Monsieur-pas-de-vague ». Il a tout fait pour endormir son parti en 2002. Du coup, tout a été anesthésié et dès le congrès suivant il se bombait d'un « Parti socialiste rassemblé » à grand renfort de méthode Coué. Il est allé jusqu'à pavaner après les faux succès de 2004, victoires amères que lui décernait, faute de mieux, le peuple français. Et puis est venu le temps du référendum où il a fait semblant de bouger puis n'a pas tiré les conclusions nécessaires qui lui ont de ce fait permis de ne pas sévir en conséquence. Puis encore un congrès qu'il a stérilisé. Et c'est allé comme ça jusqu'à la désignation socialiste. Il a agi en psychotrope antalgique, a tout fait pour que rien ne se passe dans une campagne interne d'une fadeur indicible.

Et c'est comme ça qu'il compte continuer : aucune action, aucun risque, aucune avancée. Le Parti socialiste s'est ankylosé car il avait comme barreur un balourd manifeste propre à l'enlisement. Il ramollit tout, les bases solides comme les dynamiques fluides. Le parti socialiste français est enfoncé dans des sables mouvants. Trop le voient maintenant. Mais surtout, trop l'avaient déjà vu et ceux-là vont clairement vouloir ce coup-ci aller au choc, malgré le caoutchouc mou Hollande qui fera tout pour l'amoindrir.

dimanche, mai 06, 2007

Suite des événements

Les Français ont donc clairement choisi leur chef. C'est un franc virage à droite, comme en 1958. Rappelons que Bayrou présentait la crise actuelle comme la plus grave depuis 1958. Il semble que les mêmes problèmes appellent les mêmes solutions. Et nous ouvrons ainsi un nouveau cycle avec un Président de droite affirmé et tous les éléments pour recommencer les petits jeux d'antan.

Cette victoire est portée par un souffle démocratique et politique réel. Elle doit donner des gages pour obtenir des couleurs à l'Assemblée aux élections à venir. Sarkozy aime passionnément l'action, il est attendu pour cela, il ne mène que la course en tête, toujours en poste avancé, il ne va donc pas changer et son premier mois de présidence devrait être vigoureusement rythmé. Si tout va bien pour lui dans le cadre du deuxième acte électoral de l'année, ce tempo devrait durer cinq ans.

Face à lui : Royal, qui a rapidement levé le drapeau de l'opposition et qui semble vouloir rentrer dans la logique coutumière de l'affrontement sur la durée. Mais on y reviendra en détail demain. À côté de lui : Bayrou, qui a retrouvé la molesse qui le caractérisait en 2002, et qui aura fort à faire pour redresser la barre qui lui a filé entre les doigts ces derniers jours. S'il veut être représentatif en 2012 il peut se lever tôt dès demain !

Enfin, la suite immédiate ce sont des vacances que le tout nouvel élu va s'octroyer. De la réflexion, du calme et de l'apaisement pour tout le monde donc, dans la lignée de son crédo très sobre du débat et de sa non-explosion de joie...

samedi, mai 05, 2007

Demain, la fin

Le peuple français va demain choisir sa tête, et il choisira, comme toujours, la bonne. Noyé dans la masse, le citoyen peut avoir l'impression de ne compter pour rien. Néanmoins, il fait partie du peuple, il est un maillon de cet inconscient collectif qui va s'exprimer. Voilà donc pourquoi le vote de chacun compte.

Ainsi, il faudra se rendre et mettre dans l'urne le nom de Royal ou celui de Sarkozy. Même si la conviction du citoyen n'y est pas, il faut le faire par conviction civique, pour ne pas être spectateur d'une action sur laquelle on a la possibilité d'agir. Demain, il faudra savoir où est la France et vers où doit-elle aller. C'est de cette façon que l'on peut guider son vote.

D'ici là, savourons les dernières heures qui nous séparent de la clôture du premier acte électoral de l'année, qui est de toute évidence le plus important. Depuis des mois tension et émotion donnent du sens à l'actualité. Lundi, tout sera déjà fini. Profitons alors encore un peu...

vendredi, mai 04, 2007

Un goût surprenant

Depuis une semaine, c'est parti. Sarkozy tire plein feu sur mai 68. Ça sort d'on ne sait où. Et cette attaque revient régulièrement dans cette campagne d'entre-deux tours. Mais pourquoi donc ? C'est dingue !

On sait que Sarkozy préfère toujours l'attaque, avec sa passion de l'action, et qu'il n'est donc pas décidé à rouler sur son acquis pour ces quelques jours. Mais là, c'est stupide. Pourquoi ressortir des tréfonds mai 68 ? Il faut vraiment se sentir costaud au point de relancer sur un sujet si brûlant.

On dit qu'il s'est construit enfant sur des humiliations. Visiblement mai 68, alors qu'il avait 13 ans, l'a profondément meutri. Au point qu'aujourd'hui, il ressort cette thématique pour enfoncer définitvement le clou de la fin de la domination intellectuelle de la gauche. Il a l'habitude de répéter les mots et les positions qu'on lui conteste mais pourtant là... Pourquoi donner à sa candidature un parfum de revanche ? C'est le contraire d'une attitude apaisée ça « la revanche ».

Vraiment, il ose tout.

jeudi, mai 03, 2007

À quelques jours

Les comptes des deux derniers mois seront faits un jour...

Point par point

Vous trouverez tous l'informateur qui tirera la couverture de son côté (comme pour les déclarations du 22 au soir...). Ils ont tous des intérêts à préserver. Libération, par exemple, avance que Royal a gagné le débat... Au 2007oscope, on va être au contraire clair, précis, impartial mais surtout exigeant.

Audience : seulement 20 millions. On pouvait attendre mieux compte tenu des audiences passées et de la participation au vote. L'audience a été comme le niveau du débat.

Niveau : loin des précédents débats. Malgré une durée record, la qualité n'a pas été au rendez-vous. Dans le temps, les candidats se prenaient une, deux claques aux élections. Quand ils se présentaient pour la troisième fois, ils arrivaient carrés, propres, sans plis.

Erreurs : le nucléaire (on se limitera à ça...). Pas un n'est capable de donner la proportion de production nucléaire dans la consommation électrique française. Pourtant, c'est presque la même depuis deux décennies. Le Sarkozy et ses 50 % à de quoi se remettre à la page : au travail Sarko ! Va bosser tes dossiers ! Royal vient donner des leçons alors qu'elle n'y connaît rien non plus. D'aventure un collaborateur a dû un jour lui préparer un argument bateau pour répondre sur le nucléaire. Elle n'a pas su l'utiliser. Un peu branque la pauvre Ségo...

Précision : Sarkozy a débité son programme, classique, comme il le fait pour toutes ses prestations. Royal a débité ses mesures phares : moratoire, débat, négociation, remise à plat. Fichtre. Y en a qui ont une sacrée ambition.

Stratégie : Sarkozy avait préparé deux thèmes pour coincer Royal. Les 35 heures, le nucléaire. Elle s'est défaussé sur l'un, l'a remballé sur l'autre. C'est donc pour lui un résultat mi-chèvre mi-chabichou. Royal a sapé le cloisonnement du débat par thèmes pour taper vite, fort. Pour ça, elle a réussi.

Comportement : On nous rabat les oreilles partout avec l'adjectif pugnace depuis que Sarkozy a lui même lâché le mot la semaine dernière. Une splendide balle dans le pied. Elle a été plutôt excitée (pour ne pas utiliser d'adjectif misogyne) et très énervante dans sa volonté de brouiller le débat en survolant un peu tout de façon désordonnée. Sa colère « saine » a été surjouée. Elle était fondée et défendable mais elle n'en finissait pas. Sarkozy a courbé le dos pour laisser passer l'orage du débat. Faisant peu face à Royal, la fixant rarement, demandant courtoisement la parole (confisquée par un moulin qui ne se tarit et dont Bayrou avait fait les frais), il semblait un gentil petit garçon, peu Président.

Conclusion : On a un candidat qui s'engage sur du concret, à la façon d'un Premier ministre comme lequel il prévoit d'ailleurs d'aller s'exprimer devant le Parlement. Celui-là, c'est Sarkozy. S'engager puis faire, c'est peut-être nouveau en politique. On a une candidate qui reste dans les grands principes et les incantations. Celle-là, c'est Royal. Rester vague, floue, ne pas se dévoiler, du grand Mitterrand tout ça. Mais certainement pas du moderne.

De l'audace ou de l'action, il faut choisir.

mercredi, mai 02, 2007

Chien et chat

Ces deux-là sont intenables ! Qui n’a pas vu leur clash de 93 ? Ce soir c’était pareil, sur une plus longue durée, mais c’était pareil, même l’énervement de Royal était le même en plus long, c’est dire !

Ce débat n’a pas été comme les autres. On a vu un débat fouillis, qui partait dans tous les sens. La segmentation du débat en thèmes n’a pas pu avoir lieu, notamment à cause de Royal - mais Sarkozy n’ayant rien fait en particulier pour la contrecarrer - qui est passée en force à la première question pour imposer, contre les conclusions des négociations des états-majors, les thèmes économiques et sociaux en premier, au grand dam de Poivre d’Arvor qui a tout de même réussi à refourguer ses institutions à la fin du débat (à ce propos, on notera un heureux silence appréciable de Chabot durant l’intégralité de l’émission).

Ce débat, bien loin des précédents, a été du niveau des candidats qui nous échoient pour ce second tour. Hormis le grand moment d’énervement panique de Royal - qui ne la desservira néanmoins pas - aucune phrase en particulier ne pourra être gravée dans les annales puisque celles qu’ils avaient chacun préparées n’ont pas été cinglantes (il eut fallu pour cela qu’ils fussent de biens meilleurs acteurs…). Reste donc un sentiment global, qui est favorable à Sarkozy, plus méthodique dans ses explications et plus solide dans ses propositions.

mardi, mai 01, 2007

Ah ! Demain le débat !

C’est véritablement un moment attendu qui fait partie du rituel républicain de notre élection présidentielle. Le face à face, enfin ! Il accompagne la campagne et rythme l’entre-deux tours depuis 1974 et c’est tant mieux. Ce grand moment a donné lieu à de mémorables passes d’armes (1974 et 1988) et à quelques échanges peu retentissants (1981 et 1995) sans pour cela que le fond ne fasse défaut. En général, le niveau est élevé, c’est la forme qui lui donne tout son piquant.

Avec les deux candidats que l’on a là, on en attend effectivement beaucoup. Ils ont été choisis pour s’affronter et heureusement qu’ils n’y coupent pas. Loin de penser qu’il aurait pu être escamoté comme en 2002 (et d’ailleurs, les rétrospectives sur cette élection à situation exceptionnelle n’oublient jamais d’y faire référence, c’est dire que c’est le point culminant du combat), mais plutôt qu’il aurait pu disparaître en étant soldé par Royal comme avec les simulacres de la campagne socialiste.

Chacun des débats a vu émerger un gagnant. Pour sûr ! (Je les ai tous visionnés : p !) La victoire ou la défaite viennent peut-être autant des qualités artistiques des candidats que de leurs contextes psychologiques conséquents à leur propre situation inconsciente dans l’élection. « Ils » disent que le débat n’a que peu d’effet sur les votes… Dur de savoir si en effet le débat influence le vote ou si c’est lui qui le reflète. En tous cas, au soir de ce combat (pas de fine bouche, débattre ou combattre ne se ressemblent pas par hasard), on pourra désigner le vainqueur de dimanche soir.