mercredi, novembre 01, 2006

Le chant du cygne

Vivons nous les dernières heures du Parti communiste ? Sommes nous à la veille du dernier acte de cette longue histoire de scissions, commencée à Tours en 1920, qui ont progressivement affaibli jusqu'à réduire au négligeable une force politique de premier ordre, ancien premier parti de France ? Le parti se retrouve une nouvelle fois pris le cul entre deux chaises, entre la survie et l'idéologie : les tenants de l'idéologie, en toute cohérence intellectuelle, perpétuant la tradition du congrès de Tours, refusent une alliance avec les sociaux-libéraux au nom de la lutte contre l'"ultralibéralisme", privilégiant l'union avec les autres forces obscurantistes de la gauche. Les tenants de la stratégie, les réalistes, savent bien que sans une alliance avec les socialistes, le PC perdra quasiment tous ses sièges à l'assemblée, et plus tard, la plupart des municipalités qu'il détient, ce qui mettrait en danger de mort immédiate "le Parti".

Le Parti communiste, vestige de l'ordre ancien du monde et de la gauche, fait les frais des bouleversements planétaires qui ont lieu depuis les années 1980. Au temps où la gauche était divisée non pas principalement sur les questions économiques mais sur la question de la fidélité à l'URSS (de 1920 au début des années 80), le parti communiste avait un sens : il était l'aile dure et pro-soviétique d'une gauche largement marxiste. Mais, depuis qu'en 1983 l'aile socialiste s'est ralliée nolens volens au capitalisme, depuis que le soviétisme n'existe plus que dans la folie de rares autocraties agonisantes, l'existence même d'un parti communiste perd son sens : le PC n'est plus un des deux poles d'une gauche divisée mais rassemblable autour de projets communs. Aujourd'hui, la dualité de la gauche est autre : le Parti Socialiste reste le pôle dominant mais ne représente plus un communisme light, il est un libéralisme light. S'opposent frontalement à lui tous ceux qui refusent cette évolution de la gauche et veulent apporter des réponses radicales aux problèmes contemporains. Le PC a le choix entre être le satelitte d'une gauche et une composante parmi d'autres de l'autre gauche.

Voici là certainement l'ultime objet de déchirement du parti, qui en a connu tant : à propos de la destalinisation, de Budapest 56, de Prague 68, de Tito, de Mao... Cette fois ci, ce n'est pas de choix idéologique qu'il s'agit, mais de choix de survie. Une dernière mauvaise nouvelle pour nos amis cocos ? c'est à Marie-George Buffet qu'il incombe de surmonter cet obstacle...