mercredi, novembre 15, 2006

Discours (il)logique

Il y a deux temps majeurs dans le discours politique (au sens noble du terme) : tout d'abord le constat, souvent critique, en quelque sorte le diagnostic. Ensuite la proposition, l'idée, l'orientation. Le minimum à attendre d'un homme politique, c'est que la proposition découle du diagnostic établi. C'est du moins la temporalité logique. Cela suppose plusieurs cohérences, des référentiels communs dans les deux temps du discours, ne serait-ce qu'un réferentiel géographique déterminé.

Or, en matière de politique économique, nous sommes dans une période où les hommes politiques mettent littéralement la charrue avant les boeufs. De constats sur l'économie française, ils tirent des propositions pour l'économie européenne.
Explications : prenons Fabius et Sarkozy. Leurs constats économiques sont des constats nationaux, croissance nationale, chômage national, dette nationale, inflation nationale... Que proposent-ils ? Tout simplement, d'agir au niveau européen : de changer les règles de la BCE, de mener des politiques d'harmonisation économique et fiscale, de lancer un véritable pilotage économique de la zone Euro, des politiques communes, etc, etc.

Dans la mesure où la France est incluse dans la zone Euro, la règle d'inclusion logique veut que la situation économique de l'UE ait des répercussions sur l'économie française, c'est une évidence. De même qu'il est une évidence que l'Europe est loin d'être achevée et parfaite sur ce point là et que des réformes seront indispensables. Mais les discours de ces politiques sont incohérents, démagogiques et trompeurs : incohérents car ils raisonnent à l'échelon européen sur les solutions sans jamais envisager le diagnostic à l'échelon européen, pas un mot sur la santé économique de la zone €, on s'en fout ; démagogiques car de ce fait on entretient la vision que l'Europe est là pour servir les intérêts de la France, et on exclut toute vision globale de cette construction ; trompeuse car on agite au français des solutions qui relevent à 4% de notre compétence, un triste aveu de l'absence de tout programme économique réel.