mercredi, novembre 29, 2006

Le faire-valoir

C'est finalement ce soir que la machine-à-perdre a été lancée. La déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy prévue pour demain éventée, la droite est donc partie pour se fracasser contre Ségolène Royal. Il paraît être tôt pour l'affirmer, la campagne n'ayant pas commencé, mais hormis événement exceptionnel c'est ce qui devrait arriver. Nicolas sera la promontoir de Ségolène.

Il défend la rupture donc on le questionne sur la rupture - le négatif - toujours la rupture. Pourtant, elle aussi crée une rupture, par ses propositions, donc on l'interroge sur ses propositions - le positif. Elle fait de la rupture sans le dire et ça passe beaucoup mieux que le discours : « un nouvel État, une nouvelle Nation, une nouvelle république » qui sous-entend qu'il faut tout jeter. Même s'il défend en même temps l'exception française - comme il a aussi pu l'affirmer.
Donc sur le fond, il a tort. Il veut développer les ingrédients d'une société de conquérants, celle en fait de ceux qui ont fait la grande traversée de la mer océane, sans se rendre compte que ce décalage entre cette « autre vision de la France » qu'il porte et ce que ressentent les Français le propulse à terre. Il lui prépare donc le terrain.
Et comme un malheur n'arrive jamais seul, il a sa forme contre lui. Bien au-delà du physique et des atouts-charme, c'est la question de faire passer la pilule. Alors qu'il est extrêmement énergique, prêt à tout envoyer valser, elle oppose un calme et une sérénité qui, sans cet excité, ne seraient pas tant valorisés. C'est tout un côté maternel qui sera assurément préféré au moment de la transposition plus franche dans le monde tel qu'il est.

Elle a toutes les qualités nécessaires mais non suffisantes. Pourtant, par les défauts de Sarkozy, ses manquements, ses excès aussi, ces qualités-là ressortiront tellement qu'elle deviendra imbattable. Il veut un grand débat, il veut du haut-niveau, il l'aura. Elle va le surclasser terriblement.