mardi, avril 17, 2007

Il va trop loin - Le buzzer - Le sollipsiste

A 116 heures du résultat de la présidentielle, Nicolas Sarkozy est bien placé pour être élu président de la République. Il multiplie depuis quelques jours les prises de positions iconoclastes, pour ne pas dire contraires à l'esprit républicain français, qui inquiètent les citoyens instruits et attachés aux valeurs républicaines, mais ne semblent dérouter en aucune manière son fidèle électorat. Ni la vieille fable éculée de l'extrême droite païenne du "criminel né", ni les déclarations germanophobes sur la "solution finale" que la France n'a pas inventé, donc n'a pas à avoir honte de son passé (contrairement aux allemands qui pour l'éternité brûleront dans l'enfer de la honte historique) n'y changent quoi que ce soit.

Aujourd'hui Nicolas Sarkozy a trouvé un nouveau buzz pour continuer à faire parler de lui et à déchaîner les réactions (grotesques) des socialistes et de Le Pen : il choisit de se placer maintenant sur le terrain de la religion. Il crie à qui veut l'entendre -mais a t-on vraiment le choix ?- qu'il admire au-dessus de tout Jean-Paul II, et qu'être un bon républicain n'exclut pas d'exalter les valeurs chrétiennes en public.
Nous laisserons aux laïcards le soin de nous expliquer en quoi Jean-Paul II n'est pas forcément la personne la mieux placée pour inspirer un président de la république française, nous n'attaquerons pas ad hominen un mort, bientôt Saint de surcroît. Nous laisserons les historiens et les philosophes discuter de la pertinence de cette exaltation des "racines chrétiennes" européennes et françaises. Ce serait bien trop long.

Soulignons donc simplement à quel point Nicolas Sarkozy s'embarasse peu des traditions et valeurs républicaines, en premier chef celle de la laïcité -étant loin de son coup d'essai en la matière. Cet homme-là ne respecte rien, récupère tout, tous les hommes, de Jaurès au Pape, tous les sujets politiques ou non, il donne un grand coup de marteau pour que ça ressemble à ce qui l'arrange, il détourne, il falsifie, il sarkozyse. On est dans le parti pris philosophique : l'objectivité absolue étant chimérique, alors autant tout subjectiver, il ne fait aucun effort pour parler du monde tel qu'il est en soi, mais tel que lui le veut.

On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas : c'est selon ce monde selon Sarkozy que nous serons gouvernés pendant cinq ans -ou plus.