samedi, mai 19, 2007

Les ouvreurs

Après la présentation générale qui s'imposait, on peut s'intéresser plus particulièrement aux ministres d'ouverture (selon l'expression d'un Mitterrand bien réélu en 1988 mais dont l'idéologie socialiste ne passait plus bien et qu'il a donc fallu suppléer). Ils sont deux : Kouchner et Morin. Deux, car on se limite à l'ouverture formelle, on sait bien qu'il y a des ministres UMP qui en bénéficient aussi !

Bernard Kouchner donc, ministre des Affaires étrangères. C'était, à 67 ans, sa dernière chance de devenir ministre, car le changement de génération fait que la prochaine fois il sera au placard. Une occasion formidable qui plus est, car le Quai d'Orsay fait beaucoup rêver. C'est un homme d'envergure internationale, qui connait les rouages des grandes organisations, qui y est connu. Il apportera une bonne visibilité à la politique de la France, autrement meilleure que Douste. Il a donc accepté parce que c'est son terrain de jeu favori et car il avait, dès la fin 2006, accepté le principe d'une participation dans un gouvernement d'union nationale. Vraiment visionnaire ce Kouchner ! Sarkozy lui a proposé car c'est dans sa tactique (le mot stratégie serait trop honorifique) de l'ouverture et encore mieux, ça donne un beau glacis d'« ingérence » à un « suivisme de l'interventionnisme états-unien ». Eh oui, Sarkozy comme Kouchner n'ont pas désapprouvé la cavalcade américaine en Irak. Toujours est-il que le PS l'a remercié. C'est d'ailleurs la première fois que le PS le remerciait, même si c'était au figuré. Elle n'a jamais digéré cet insoluble, très populaire mais incapable de se faire élire député, qui a appelé à voter pour la liste Tapie en 1994 alors qu'il était sur la liste Rocard... Bref, cet homme n'est pas un soldat. Ça donnera un bon motif à Sarkozy pour le limoger le moment venu.

Hervé Morin enfin, ministre de la Défense. La quarantaine séduisante lui permet de rentrer dans un gouvernement, lui l'ancien lieutenant de François Bayrou qui a mené une campagne sans équivoque. Chacun appréciera la conviction de cet homme (Kouchner n'ayant pas chaudement défendu Royal) qui aura su saisir opportunément le poste qui propulse sa carrière. Reste que ce ministère régalien est dans les attributions présidentielles, on verra à l'usage la place qui lui est finalement concédée.