Vous trouverez tous l'informateur qui tirera la couverture de son côté (comme pour les déclarations du 22 au soir...). Ils ont tous des intérêts à préserver. Libération
, par exemple, avance que Royal a gagné le débat... Au 2007oscope, on va être au contraire clair, précis, impartial mais surtout exigeant.Audience : seulement 20 millions. On pouvait attendre mieux compte tenu des audiences passées et de la participation au vote. L'audience a été comme le niveau du débat.
Niveau : loin des précédents débats. Malgré une durée record, la qualité n'a pas été au rendez-vous. Dans le temps, les candidats se prenaient une, deux claques aux élections. Quand ils se présentaient pour la troisième fois, ils arrivaient carrés, propres, sans plis.
Erreurs : le nucléaire (on se limitera à ça...). Pas un n'est capable de donner la proportion de production nucléaire dans la consommation électrique française. Pourtant, c'est presque la même depuis deux décennies. Le Sarkozy et ses 50 % à de quoi se remettre à la page : au travail Sarko ! Va bosser tes dossiers ! Royal vient donner des leçons alors qu'elle n'y connaît rien non plus. D'aventure un collaborateur a dû un jour lui préparer un argument bateau pour répondre sur le nucléaire. Elle n'a pas su l'utiliser. Un peu branque la pauvre Ségo...
Précision : Sarkozy a débité son programme, classique, comme il le fait pour toutes ses prestations. Royal a débité ses mesures phares : moratoire, débat, négociation, remise à plat. Fichtre. Y en a qui ont une sacrée ambition.
Stratégie : Sarkozy avait préparé deux thèmes pour coincer Royal. Les 35 heures, le nucléaire. Elle s'est défaussé sur l'un, l'a remballé sur l'autre. C'est donc pour lui un résultat mi-chèvre mi-chabichou. Royal a sapé le cloisonnement du débat par thèmes pour taper vite, fort. Pour ça, elle a réussi.
Comportement : On nous rabat les oreilles partout avec l'adjectif
pugnace depuis que Sarkozy a lui même lâché le mot la semaine dernière. Une splendide balle dans le pied. Elle a été plutôt excitée (pour ne pas utiliser d'adjectif misogyne) et très énervante dans sa volonté de brouiller le débat en survolant un peu tout de façon désordonnée. Sa colère « saine » a été surjouée. Elle était fondée et défendable mais elle n'en finissait pas. Sarkozy a courbé le dos pour laisser passer l'orage du débat. Faisant peu face à Royal, la fixant rarement, demandant courtoisement la parole (confisquée par un moulin qui ne se tarit et dont Bayrou avait fait les
frais), il semblait un gentil petit garçon, peu Président.
Conclusion : On a un candidat qui s'engage sur du concret, à la façon d'un Premier ministre comme lequel il prévoit d'ailleurs d'aller s'exprimer devant le Parlement. Celui-là, c'est Sarkozy. S'engager puis faire, c'est peut-être nouveau en politique. On a une candidate qui reste dans les grands principes et les incantations. Celle-là, c'est Royal. Rester vague, floue, ne pas se dévoiler, du grand Mitterrand tout ça. Mais certainement pas du moderne.
De l'audace ou de l'action, il faut choisir.