mardi, février 13, 2007

L'éternel vide des slogans

Depuis les années 70, on le sait, et à plus forte raison depuis la campagne de 1981, première campagne jugée "à l'Américaine", le politique a gagné le champ des activités humaines parasitées, ou améliorées, par le règne du marketing. C'est alors qu'on a vu proliférer ces slogans de campagne, qui depuis toujours prêtent à sourire, et qui jouent néanmoins un rôle, nous expliqueront sociologues ou psychologues. Ils semblent toujours vides de sens. C'est qu'ils ne sont pas là pour contribuer au débat de fonds, il ne s'agit que de jouer sur l'inconscient des potentiels élécteurs. Le problème est qu'ils sont tous largement fédérateurs et ne permettent en aucun cas la distinction entre les différents programmes et les idéologies en place. Sauf pour les extrêmes.

Ainsi, on ne peut voir dans les slogans du PS et de l'UMP que des mots d'ordre vides de sens depuis 1981 : "La force tranquille", "Le président qu'il nous faut", "La France unie", "Nous irons plus loin ensemble", "Du sérieux, du solide, du vrai", "La France pour tous", "Le président du vrai changement", "La France en grand, la France ensemble", "Présider autrement une France plus juste".

Qui peut, sans les connaître à l'avance, dire dans cette liste à quel camp politique renvoie chaque slogan ? Il n'y a guère que les slogans extrêmistes qui soient réellement porteurs de sens : "Nos vies valent plus que leurs profits", "Le camp des travailleurs", "Remettre de l'ordre en France".

Aujourd'hui, entre "Ensemble, tout devient possible", "La France de toutes nos forces", "Plus juste, la France sera plus forte", difficile de voir une différence entre les projets. Rien sur le travail, le mérite dans le slogan de Sarkozy, par exemple. Les slogans ne sont donc toujours pas discriminants. Mais on continue à les scander, à les inventer. Cela doit certainement rapporter beaucoup à quelques Diafoirus de la mercatique, type Séguela, qui ne font que contribuer à l'effacement du contenu au profit de la forme dans le champ politique.