lundi, février 12, 2007

Une journée tournant

Ce 11 février aura donc été une date importante dans la campagne dont on tire plusieurs enseignements :
- après un vrai-faux suspense, Jacques Chirac semble enfin décidé à se retirer. Il se cherche une porte de sortie honorable et veut se forger une légende de son vivant, comme le firent ses glorieux précedesseurs, ceux qui sont partis de leur propre gré. On devrait donc assister à un passage de témoin paisible. Espérons pour lui que les toutes dernières semaines le feront accéder au même "état de grâce" qui avait entouré le départ de Mitterrand, la nostalgie occultant finalement les moments sombres.
- Nicolas Sarkozy essaie aujourd'hui de se poser en rassembleur. Il a de plus en plus compris pourquoi Chirac a été écrasé par Mitterrand en 88. Mais le renard pourra-t-il être crédible paré des plumes de la poule, selon les (bons) mots de Bayrou ? Il persiste dans sa posture d'unité nationale, qui a surtout pour cible les brebis égarées de la gauche : d'où les invocations du glorieux Jaurés. Comme dirait Sardou : "Personne n'y croit", surtout pas lui.
- Enfin, le grand évènement de la journée, ce n'est pas le one-man-show de Le Pen à Nantes, c'était bien sûr le grand discours de Ségolène Mitterrand-Royal. Même mise en scène, mêmes phrases, mêmes 110 propositions, à une ou deux près, même avalanche de promesses sociales. Revenus en 1981 ? Pas tout à fait, et dieu merci. Ce que je retiens surtout, c'est une prise de conscience des socialistes de l'urgence de la situation financière du pays, ainsi qu'un discours sur l'Etat qui sort enfin du pur jacobinisme : dénonciation de l'excès de centralisation, ambition de régionalisation forte, recherche de l'efficacité des administrations... De là à ce que cette gorgée d'eau fraîche fasse avaler la soupe rance, l'avenir nous le dira...