mardi, octobre 24, 2006

Ordre ancien, désordre nouveau

Le reportage de ce soir sur Chirac, centré sur la période années 60 et 70 m'a peut être davantage intéressé par la description qu'il faisait d'une époque révolue que par la peinture de la personnalité complexe de notre président.
Qu'est ce qui m'a frappé dans cette fresque en filigrane de la droite gaulliste et post-gaulliste sous les mandatures de Pompidou et Giscard ? Avant tout une impression d'ordre politique : pendant ces années là, tout semblait simple, ordonné, limpide et lisible pour la population.

Le paysage politique était découpé en quatre blocs bien définis :
- une gauche marxiste, plus ou moins pro-soviétique, ralliée tout de même à l'idée de démocratie pluraliste au détriment de la révolution
- une gauche socialiste non marxiste, d'inspiration jacobine, étatique, keynésienne, protectionniste, fédérée autour de la personne de Mitterrand.
- une droite non-gaulliste, moderne et libérale, urbaine, européiste et tentée par l'atlantisme
- une droite gaulliste et post-bonapartiste, conservatrice et patriotique, alliant un terreau agraire à une méthode jacobine.

Aujourd'hui ces repères ont volé en éclats, du fait de la dissolution du monde communiste, de l'accélération de la mondialisation, de l'irruption d'idéologies nouvelles et ravageuses : le néo-libéralisme mondialiste et son pendant opposé, l'altermondialisme. La lisibilité de la politique, de la situation du monde, s'en est trouvée affaiblie pour le citoyen lambda, d'où les désordres politiques qu'on connait au cours des deux dernières décennies. Doit on s'étonner qu'on ne sâche plus vraiment si Ségolène Royal est vraiment de gauche (merci Bourdieu), si Sarkozy est post-gaulliste ou néo-libéral, si le communisme doit exister avec le socialisme démocratique ou la gauche radicale... ce ne sont là que des exemples.

Oui, nous sommes bien dans une phase de transition, et les nouveaux équilibres et rapports de force se dessinent dans la douleur, la contradiction, le tâtonnement, le chaos, un peu comme au XIXème siècle, où la France a eu bien du mal à se trouver une suite cohérente au bouleversement de 1789...