dimanche, janvier 14, 2007

A l'épreuve de l'histoire

A leur manière, De Gaulle, Giscard et Mitterrand ont été trois grands présidents. Avec leurs zones d'ombres, surtout pour Mitterrand, mais ceci est aux yeux de beaucoup contrebalancé par un prestige indiscutable de leur action. Le vrai prestige de l'homme d'Etat, c'est à l'épreuve des ans qu'il s'évalue. Il est donc trop tôt pour savoir ce qu'on se remémorera de Chirac dans 10 ans. Ce qu'on dira de lui au moment de sa mort. Le prestige ne va pas de soi : il est des dirigeants, qui, dans l'histoire, sont quasi unanimement décriés comme de mauvais chefs d'Etat, certains tombent tout simplement dans l'oubli. OSS 117, confiant la photo de ce président sans envergure que fut René Coty à son ami egyptien en lui disant que ce grand homme "marquerait l'histoire", fait un petit clin d'oeil à cette dure réalité du jugement historique.

Autre référence cinématographique : dans le Promeneur du Champ de Mars, François Mitterrand, alias Michel Bouquet, confie au jeune héros qu'il aura été le dernier grand président. A cause de l'Europe et de la mondialisation, cette tradition de chefs d'Etat marqués du sceau de la grandeur, d'Henri IV à De Gaulle en passant par Bonaparte (et dont nos institutions sont marquées), allait se perdre.

Onze ans après sa mort, il ne s'est pas trompé. Dur de penser que Chirac laissera une empreinte empreinte de grandeur, du moins autant que ses prédecesseurs de la 5ème. Avant même d'être élus, il est difficile de sentir le souffle que dégagent Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Leur populisme partagé, leur souci du quotidien des gens, l'évidente impression que leur ambition excède leur envergure, tout ceci laisse sceptique sur leur adéquation avec le costume de chef de la France, déjà trop grand, bien trop grand pour Chirac.
Mais remarquez, Mitterrand avait aussi prédit qu'un jour, Bayrou serait président de la République...