lundi, décembre 04, 2006

La démocratie en toile de fond

Sans qu'on s'en aperçoive, presque insidieusement, Ségolène Royal et François Bayrou, aidés par divers faits d'actualité ont placé la question démocratique au coeur du débat présidentiel. Et pour le coup, il s'agit bien d'un débat d'idées, quasiment un débat pour universitaires chevronés. Un débat d'idées qui présente l'intérêt d'élever nettement le débat par rapport aux considérations de sécurité et de pouvoir d'achat, sans cesse martelées, mais qui présente le grave défaut d'être loin des "préoccupations des gens".

Dans ce débat, on cherche à donner des réponses à toutes les lacunes que présente le système démocratique. La plus flagrante question posée est-celle du rapport entre démocratie et opinion, que Ségolène met en exergue. Mais d'autres questions émergent =

- La démocratie représentative est basée sur le jeu des partis politiques, qui prévaut sur la recherche de la compétence avant tout. Le jeu de la majorité fait que les partis vont chercher des alliances, au prix de concessions, pour conquérir le pouvoir. François Bayrou dénonce ce système, qu'il juge inéfficient. Mais une démocratie sans partis, sans blocs, en est-elle encore une ?

- Le jeu de la concurrence entre candidats lors des éléctions, qui est l'huile du moteur démocratique, faît que les élus se livrent à une surenchère de promesses, plus ou moins susceptibles d'être tenues, et souvent la réalité empêche de les tenir. Faut-il pour autant faire contrôler par les citoyens l'action des élus ? La démocratie représentative consiste-t-elle en demander la parole au peuple à intervalles réguliers et lui demander de la fermer le reste du temps ? C'est au coeur du contrat social que se trouve la réponse.

- Enfin, le système démocratique permet à des idéologies objectivement nauséabondes de prendre le pouvoir : NSDAP hier, Hamas et Amhadinejad aujourd'hui. Ségolène, en allant dialoguer avec le Hezbollah, a raffirmé sa foi en la primauté absolue de la démocratie comme source de légitimité et de fréquentabilité. Aujourd'hui, on se demande s'il serait moral d'empêcher Le Pen d'accéder au 1er tour à cause des signatures. La démocratie est-elle une référence absolue, ou bien est-elle soumise à d'autres valeurs ? Lesquelles ?

Chacun sait que la démocratie n'est pas un système parfait, mais il est, à ce jour, le moins pire observé. Il appelle de ce fait à une réflexion permanente. Espérons que celle de 2007 sera pertinente.

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Bonjour,

je crois effectivement que la "question démocratique" est posée dans ce débat par F. Bayrou, S. Royal et même quelques autres (N. Hulot, C. Lepage ... et même parfois J.-M. Le Pen !).

Mais je ne crois pas que la question posée soit celle de la règle de la majorité : personne ne remet en cause le fait que les élus du peuple, doivent être élus par le suffrage populaire universel selon une règle majoritaire (aucun partisan du suffrage censitaire, ni du vote réservé aux hommes etc. !).

Mais le mode d'élection des élus (majoritaire) n'est qu'un petit morceau de la question démocratique. La démocratie c'est le droit égal de chaque personne, composante du "demos". Cela doit être assuré par la Constitution et s'imposer y compris aux partis ou aux élus. Une démocratie confisquée par un parti majoritaire (comme l'a été la démocratie allemande par le NSDAP après sa fusion avec le Parti national allemand) n'est évidemment plus une démocratie ...

Une autre est l'organisation du peuple en partis, qui contribuent comme le dit la Constitution, à l'expression du suffrage (c'est-à-dire de l'opinion). Selon F. Bayrou, c'est à ce titre que les partis comme essentiels ; ce pourquoi il s'oppose à la constitution de partis "attrape-tout" comme l'UMP où selon lui "on ne pense plus rien" ; ou s'oppose également à une règlementation (CSA) qui ne considérait les partis que sous l'angle de leur rattachement à "la majorité" ou "l'opposition".

La "question de la démocratie" c'est celle de ses mécanismes : quel éqilibre entre pouvoirs - légitimes - et contr -pouvoirs, pour que ça marche et que les droits soient respectés ?

04 décembre, 2006 07:25  
Blogger F. said...

tes remarques sont très intéressantes et pertinentes. cependant, juste pour préciser que je ne pense pas qu'on remette en cause le concept même de majorité, qui est le fondement des démocraties modernes, mais bien les problèmes posés par le comportement des politiques face à cette règle : alliances de fortune, comportements par blocs à l'approche des éléctions, tendance à créer des clivages artificiels... la règle de la majorité est la raison d'être de la politique politicienne, celle du calcul. Mais c'est à ce jour le meilleur système trouvé.

04 décembre, 2006 22:54  

Enregistrer un commentaire

<< Home