jeudi, février 22, 2007

Le relativisme dénigrant

Depuis que le message du Front national se veut apaisé, au discours policé et au programme allégé, ce parti et son patron se sont banalisés. Mais voilà, les sondages ne donnent pas à Jean-Marie le résultat qu'il a obtenu en 2002 et il est probable que celui-ci s'en énerve. Parce que si le vote Le Pen a été décomplexé et si l'installation durable du FN dans le paysage politique français est effectuée, alors, il devrait être crédité de biens plus de voix. Ça n'est pas le cas.

Alors, hop ! Une pique, une sortie, un excès bien choisi, il a qualifié d'« incident » les attentats du 11 septembre, alors qu'ils constituent en eux-mêmes le déclenchement historique du XXIe siècle avec la contestation de la position hégémonique des États-Unis dans les affaires du monde qui aboutira à un monde « multi » quelque chose. (J'ai presque honte de rapporter ses propos et de devoir les contrargumenter...)

Au nom de quoi a-t-il fait cela ? Au nom de Le Pen, qui est un nom sulfureux et qui vient marquer un personnage qui se complaît à l'être tout autant. En invoquant sa relativisation permanente des choses par rapport à une échelle personnelle tout à fait particulière, il prend un excellent fait historique quand on connait la propension française à l'anti-américanisme et les penchants que peuvent avoir les musulmans - objectivement de plus en plus nombreux à voter -, à l'adresse de qui il a conté à la lie plusieurs anecdotes flatteuses à son propre sujet (dont pour le coup je ne me ferai pas l'écho). Il en rajoute une couche au passage pour décrier la situation irakienne.

C'est donc excellemment joué. Il montre qu'il reste le même sur un thème qui est favorable à un autre pan de l'électorat. Il enseignait, il y a des années, à sa fille que ses électeurs ne voulait pas d'un FN ou d'un Le Pen soft, gentil ou light - peu importe - il le met en œuvre maintenant, pour se rappeler pendant la campagne, mais à distance tout de même des échéances.